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Des couleurs et du talent pour égayer le quotidien

Un effet de mode ou une discipline qui a su s’imposer, le street art est en plein essor au Maroc. Dans sa forme endémique et spontanée ou via des événements à caractère international, cette forme artistique embellit les quartiers et encourage le dialogue entre les jeunes. Rencontre avec Driss Benwahoud, alias Daz, un street pop artiste marocain qui séduit le public avec ses toiles grandioses. Rencontre également avec de jeunes passionnés qui se sont déplacés de différentes régions du Maroc pour dévoiler leur talent en graffiti à Casablanca, plus précisément au Centre les Étoiles de Sidi Moumen.

Le Centre culturel les Étoiles de Sidi Moumen à Casablanca était récemment le lieu de confrontation de la 3e «Graffiti Battle» entre huit jeunes graffeurs venus de différentes villes du Royaume.  Les participants étaient sur-motivés et déterminés à imposer leur style. 
À l’aide de leurs bombes de peintures, ils rivalisaient de créativité afin de séduire le jury mais aussi les passionnés de graffiti présents sur place. Dans une ambiance décontractée, chacun des candidats s’appliquait à réaliser sa maquette libre sous les regards des petits curieux du quartier accrochés aux grilles de l’établissement multidisciplinaire.  Les gagnants de la première manche se sont aussitôt mis à dessiner des mots tirés au sort. Leurs œuvres sont plus élaborées que lors des phases précédentes. Normal, on n’hésite pas à leur rappeler que le jury sera très regardant sur les techniques utilisées, le remplissage, contour flou, flow…
Certains candidats n’hésitent pas à demander l’avis de leurs amis à chaque étape, d’autres sont déconnectés de l’entourage jusqu’à la fin du processus de création. Mais ils optent tous pour un style moderne avec de nombreux effets bien maîtrisés. Sur un mur noir, les deux finalistes, Hicham Ismaili Alaoui (Sik Artwork) de Fès et Pasky de Casablanca se sont affrontés sur le thème de «Black history month». Cette thématique a été choisie dans le cadre de la célébration du mois de l’histoire des Noirs aux États-Unis. Les deux pièces étaient vraiment 
stylées  ! Un régal pour les yeux, le public était conquis et le jury a eu du mal à déterminer quelle était la meilleure. Et c’est le style de Sika qui était très efficace.  Ce dernier a remporté la finale de la troisième édition du «Graffiti Battle» organisé au Centre culturel Les Étoiles. Il est reparti avec un chèque de 3.000 dirhams. 


Partenaires de l’événement

La Fondation Ali Zaoua a organisé la troisième édition du «Graffiti Battle», au mois de février au Centre culturel Les Étoiles de Sidi Moumen, dans le cadre du programme de «Positive School». Cette compétition a été organisée en partenariat avec l’ambassade des États-Unis, Dar America et l’association Alawan Bladi.
«Le graffiti est un art urbain qui séduit de plus en plus de jeunes artistes marocains à travers le pays et qui embellit les murs de nos grandes villes. Cette compétition vise à révéler de nouveaux talents, en leur donnant l’occasion de s’exprimer et de dévoiler leur créativité face à des artistes expérimentés qui constituent les membres du jury», indique la Fondation.


  Témoignage de Sika

«Graffiti Battle»organisée au Centre les Étoiles de Sidi Moumen était tout gain pour l’ensemble des participants

C’est la deuxième fois que je participe à une battle graffiti et la première fois que je prends part à une compétition de la Positive School. Cette initiative est un vrai soutien pour les jeunes artistes. Au-delà du prix remporté, j’ai beaucoup gagné au niveau de l’expérience et de l’échange avec les autres candidats. Ce genre de compétition nous aide surtout à nous frayer un chemin dans le milieu du street art et à faire du reseautage. Après la compétition, j’ai eu justement une proposition de collaboration pour un travail. La Battle Graffiti organisée au Centre les étoiles de Sidi Moumen était tout gain pour l’ensemble des participants.


«Sbagha Bagha»

Les fresques murales font partie du cachet casablancais

Longtemps critiqué et dénoncé comme pollution urbaine, le street art fait désormais partie du paysage artistique marocain. À Asilah, Safi, Benguérrir, Essaouira, Marrakech, Azemour, Rabat et Casablanca, entre autres, cet art urbain redonne vie et âme aux blocs de béton dans toutes les villes marocaines.
Il a réussi à se frayer un chemin jusque dans les galeries d’art. Le street art se fond dans tous les environnements où il s’exprime. À Casablanca par exemple, on peut suivre le circuit des immenses fresques murales pour découvrir une autre facette de la ville. Signées par des noms du street art international ou des grands artistes de chez nous, les belles fresques murales représentant différents styles artistiques égaient la métropole. Dans l’Ancienne Médina, au quartier Mâarif, Riviera... les hautes façades re-décorées offrent au regard des passants de superbes peintures colorées. Grâce à des événements comme «Sbagha Bagha», Casablanca célèbre l’art urbain sous toutes ses formes. Véritable rendez-vous du street art, ce festival permet chaque année, et cela, depuis 2013, de concentrer sur plusieurs jours au sein de Casablanca, le cœur des activités street art avec la réalisation de fresques géantes aux quatre coins de la ville, d’une battle graffiti qui oppose les meilleurs artistes du pays de cette discipline, des DJ sets, de MAP musique live, des ateliers pour enfants, de la sérigraphie, de la danse, des résidences artistiques, des expositions, etc.
En 2019, «Sbagha Bagha» a introduit un nouveau concept multidisciplinaire : une exposition qui relie le street art et l’art contemporain. Cette première expérience avait pour sujet l’exploration de l’architecture art déco qui constitue l’ADN de la ville de Casablanca et qui gagne à être célébrée de manières différentes. Pour cette exposition, l’artiste espagnol Antonyo Marest a travaillé sur le patrimoine architectural art déco de la ville blanche, tout comme il l’a fait auparavant en réalisant des expositions similaires dans des hauts lieux de l’art déco tels que Miami et San Francisco. 


 Jidar

À Rabat, le festival Jidar - Toiles de rue invite, chaque année, artistes, public, enfants, acteurs culturels et structures locales à y participer. Cet événement ouvre le champ à l’imagination, à l’art naïf et à l’abstrait. Il se veut une double célébration du street art et de l’espace public. Organisé par l’association EAC-L’Boulvart, Jidar donne l’occasion à des artistes marocains et étrangers de transformer des murs de la capitale.


Entretien avec l’artiste-peintre Driss Benwahoud, alias Daz

«Entre les acheteurs qui veulent donner un nouveau souffle à leur domicile ou encore à créer un contraste de styles dans leur intérieur, on peut dire que le street art a le vent en poupe !»

L’artiste-peintre Driss Benwahoud, alias Daz, expose ses beaux tableaux hauts en couleurs au sein du Kech Boutique Hotel à Marrakech. L’artiste propose des toiles atteignant des hauteurs allant jusqu’à 2 mètres 40 !

Le Matin : Quel est votre parcours ? Comment êtes-vous devenu un street pop artist ?
Driss Benwahoud
: La passion de l’art a toujours été ancrée en moi. Dès l’âge de 8 ans, j’étais complètement attiré par la peinture. C’est à ma mère que je dois cette passion, qui est elle-même artiste. À chaque fois que je rentrais de l’école, je la voyais travailler sur ses toiles, et cela me donnait envie de peindre. Je me rappelle qu’un jour ma mère m’avait dit : «Je te laisserai toucher à l’un de mes pinceaux quand tu me ramèneras un bon bulletin». Tout est parti de là… Après l’obtention d’un bac littéraire à Casablanca, je me suis dirigé vers des études de communication à Montpellier dans le sud de la France. Finalement, le destin a fini par me rattraper et j’ai rejoint le groupe familial, dans le domaine des assurances. Je me suis vite retrouvé dans le street art. Mais à vrai dire, je n’ai pas vraiment choisi le street art, il s’est imposé à moi. J’aime le pop art qui m’inspire par ses couleurs vives et la joie qu’il dégage, ce qui colle parfaitement à ma personnalité. C’est ce que j’essaie de transmettre à travers mon travail, de la joie pour les personnes que je trouve d’une manière générale un peu trop sérieuses (rires).

Quelles sont vos inspirations ?
Mes inspirations initiales sont Jean Michel Basquiat, Keith Haring, Frida Kahlo et Jackson Pollok.

Que vous apporte la peinture ?
La peinture est pour moi un moment d’évasion, de connexion avec mon moi intérieur. Lorsque je peins, je ne pense plus à rien... je suis focalisé sur le moment présent, je l’apprécie, et ça fait du bien !

Quelle vision ou message proposez-vous dans vos toiles ?
Sur mes toiles, on peut très souvent voir l’association d’une personne ou d’un personnage avec un ou plusieurs messages. Par exemple, l’association de Barth Simpson en costume avec la phrase «Money Change EverythinK». J’aime transmettre mes pensées et idées via mes toiles.

Quelle est la particularité de votre exposition actuelle ?
Principalement le fait que ce soit sur les murs d’un hôtel et non d’une galerie classique. J’apprécie le fait de pouvoir sensibiliser des individus à l’art qui ne sont pas forcément la cible initiale. Lorsque l’on expose en galerie, les visiteurs savent qu’ils viennent pour découvrir une exposition alors que là, j’ai eu l’occasion de voir des coups de cœur et de la curiosité de la part de personnes qui étaient simplement venues passer un moment au restaurant de l’hôtel !

Sensibiliser un nouveau public à l’art est pour moi un réel accomplissement

Que pensez-vous du marché du street art au Maroc ?
C’est un marché assez nouveau, mais qui plaît ! Les jeunes trouvent ça «cool» ou «stylé», mais la tendance est également aux plus âgés. Entre les acheteurs qui veulent donner un nouveau souffle à leur domicile ou encore à créer un contraste de styles dans leur intérieur. On peut dire que le street art a le vent en poupe !

Comment procédez-vous pour la création d’une œuvre, étape par étape ?
Après quelques secondes de réflexion et d’images qui défilent dans ma tête, je me rends compte que je ne suis pas du tout structuré (rires). Dans mon processus de création, je choisis la taille de la toile, la palette de couleur, l’icône, le/les message(s), les graffitis... mais dans aucun ordre précis. Ça dépend de chaque œuvre, de mon inspiration, de l’énergie... Il n’y a pas d’étapes chronologiques comme pour la réalisation d’une recette de cuisine par exemple (rires).

Pourquoi le choix du portrait et surtout ceux d’icônes ?
Je trouve que mettre en scène des icônes, fait vivre la toile et cela crée une certaine proximité avec le public. Les gens s’identifient et se retrouvent dans la toile.

Vos projets après l’exposition à Marrakech...
Beaucoup de projets à petite et plus grande envergure. L’un des projets qui me tiennent le plus à cœur est ma future exposition au Moyen-Orient qui se tiendra cette année , en 2021 ! Stay tuned.
Vous aimez le diable de la Tasmanie, 
êtes-vous aussi actif que lui ?
Oui, c’est un personnage pour qui j’ai créé une certaine affection depuis très jeune, d’où mon surnom «Daz». Un personnage que j’affectionne particulièrement jusqu’à aujourd’hui.

Que représente pour vous Marrakech ?
J’adore cette ville ! Je trouve qu’une de ses nombreuses richesses est sa diversité culturelle. Quand j’y expose, j’ai l’impression de conquérir le monde grâce aux nombreuses nationalités différentes que je rencontre, tout en étant dans mon pays natal et de cœur.

Votre rêve le plus fou ?
Mon rêve le plus fou est d’avoir ma propre galerie à Miami, plus particulièrement dans le quartier de Wynwood !

Votre refuge préféré ?
C’est assez classique, je pense, mais c’est indéniablement la musique. J’ai besoin d’écouter de la musique pendant à peu près tous les différents moments de la journée. La musique est ma thérapie !

Votre péché mignon ?
La mayonnaise. Je mange pratiquement tous les plats avec de la mayonnaise. Je sais, c’est mal ! (Rires).

Une citation qui vous représente ?
«Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle.» Paulo Coelho. 

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