Kamal El Alami, Directeur Général Adjoint Groupe Le Matin
Le 12 novembre 2020 représente à la fois le pic et le point d’inflexion de la deuxième vague Covid-19 au Maroc. Avec un record, jamais enregistré, de 6.195 nouveaux cas confirmés, le match contre la pandémie la plus meurtrière des temps modernes semblait perdu. Alors que l’évolution devenait presque exponentielle, les pronostics les plus favorables prédisaient l’atteinte rapide de 10.000 cas par jour. Après ce pic, une nouvelle courbe rassurante a pris place pour aboutir ces derniers jours à des chiffres incroyables et largement en deçà de mille nouveaux cas par jour.
Face à cette performance, une grande question s’impose : Comment le Maroc a pu réaliser cette prouesse ?
Est-ce l’effet de la batterie de mesures préventives décidées, dont les restrictions sanitaires et le couvre-feu ? Il faut reconnaître que les autorités sont très agiles, avec la rigueur et la flexibilité nécessaires selon l’évolution des chiffres au niveau de chaque localité. Est-ce l’efficacité des remèdes de grand-mère ? les potions «magiques» ont envahi les réseaux sociaux. Sans aucune intention de dénigrer les vertus des plantes médicinales, il faut rappeler que selon l’OMS, environ 80% des personnes infectées se rétablissent sans traitement particulier.Est-ce un problème d’appétence à se soumettre au test PCR ? Ce dernier étant fiable à 80%, il reste assez cher dans le privé, non toujours remboursable par la couverture médicale et réalisé dans un endroit qui regorge de cas probables. En plus, si le résultat est positif, le patient peut perdre momentanément ses sources de revenus.
Est-ce le résultat de la maîtrise médicale de la Covid-19 ? Le protocole de traitement de la Covid-19 a bien évolué et a été aussi pratiqué par la médecine privée, cliniques et cabinets, afin de désengorger les hôpitaux publics tout en assurant une incroyable proximité des patients ainsi qu’une grande capillarité territoriale.
Est-ce l’accessibilité et la disponibilité des médicaments dans les officines ? Les principaux médicaments ont toujours été disponibles, même hors prescription directe. À préciser que des ordonnances types partagées sur les réseaux sociaux ont été parfois utilisées en attendant d’avoir accès aux médecins pour une prise en charge rassurante et professionnelle.
La liste des possibilités peut être encore longue, mais le résultat reste indéniable. Il y a réellement eu une nette amélioration de la situation sanitaire grâce probablement à la combinaison de ces différents facteurs. Comme dans un match de foot, le score est le résultat de l’effort collectif. Cependant, pour notre match, le coup de sifflet final n’a pas encore retenti. Il nous reste à réussir la campagne de vaccination et éviter au mieux la nouvelle souche du virus qui semble s’attaquer aussi aux plus jeunes. Sur un autre volet, la stratégie de match du Maroc contre la Covid-19 a été exemplaire. Cette expertise du Maroc peut probablement être bénéfique aux pays les plus touchés par la pandémie.