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Covid-19 : Un monde otage de ses frayeurs

La pandémie de Covid-19 a installé un état de frayeur collective et un sentiment d’impuissance et d’insécurité au niveau mondial. Et plus l’urgence sanitaire perdure, plus la crise économique s’aggrave. De même, le dérèglement des échanges mondiaux et les perturbations des chaines d’approvisionnement ont induit une pénurie de matières premières. Il est temps de libérer le monde, devenu otage de ses frayeurs. Car les conséquences socioéconomiques peuvent devenir pires que la pandémie.

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Malgré un chiffre effroyable de presque 65 millions de morts, la Deuxième Guerre mondiale est un traumatisme quasi inexistant chez les moins de 76 ans. Le monde d’après était devenu nettement plus sûr et prospère, nonobstant quelques guerres localisées ou des attentats terroristes épars. Les progrès technologiques que réalise l’homme à rythme soutenu procurent chez les pays riches un sentiment d’omnipotence et permet une vie faste et insouciante. Avec 4,5 millions de morts, la pandémie Covid-19 a installé un état de frayeur collective et un sentiment d’impuissance et d’insécurité au niveau mondial, sans distinction entre les pays ou les classes sociales. La riposte des États face à cette épreuve sans précédent ne pouvait se baser que sur une navigation à vue qui coûte cher en vies, en récession ou les deux. Au final, les divergences des politiques de gestion de la crise sanitaire convergeaient, et convergent toutes à ce jour, vers un bal interminable de confinements et de déconfinements. 

Plus l’urgence sanitaire perdure, plus la crise économique et la dette publique s’aggravent. Bien que nécessaires et salutaires, les formules généreuses d’aides dans les pays industriels riches créent une situation anormale. D’une part, la main-d’œuvre nécessaire à l’industrie subvient à ses besoins sans reprendre le travail et, d’autre part, les industriels ne souffrent pas vraiment de la baisse d’activité. Le pouvoir d’achat étant préservé sous perfusion et le moteur industriel calé, un grand déséquilibre s’est installé entre l’offre et la demande au niveau mondial. Les matières premières et les biens nécessaires à la relance de l’économie sont devenus rares et de plus en plus chers. L’incertitude sur une reprise de la production est devenue la règle. 

Le dérèglement des échanges mondiaux et les perturbations des chaines d’approvisionnement par les voies maritimes ont induit un phénomène d’indisponibilité des containers, dont la location dans plusieurs cas est devenue plus chère que le contenu ! Le comble est que certains pronostics prévoient le maintien de cette tendance jusqu’en 2023. Ce pessimisme provient du fait qu’à ce jour, nul ne peut prétendre que le virus sera totalement vaincu. 
En réalité, une prise de conscience mondiale est nécessaire afin de reprendre une vie normale et stopper ce cercle vicieux d’inflation dans une économie stagnante ou en récession. Ce phénomène, appelé par les économistes stagflation, peut devenir pire que la pandémie, vu son impact socio-économique.

Les hausses de prix de certaines matières premières, dont le papier d’imprimerie, dépassent aujourd’hui les 40% sans aucune disponibilité sur au moins un horizon de 4 mois. Certaines usines sont en chômage technique par manque de matières et de consommables.  Dans ce contexte incertain, les principes d’un monde ouvert et solidaire s’effondrent au profit de politiques introverties, voire protectionnistes. Les restrictions et règles de transit se multiplient et évoluent au gré des volontés des pays, sans aucune base concertée. Le monde n’a jamais été aussi mal ou divisé que face à cette pandémie. Il est vrai qu’à l’instar de la lutte contre le terrorisme, la seule négociation possible avec la Covid-19 est de l’éradiquer, mais il est temps de libérer le monde, devenu otage de ses frayeurs. Il est temps de revenir à la raison. 

par Kamal El Alami

 

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