Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Culture

Quand la culture se met au service de la sauvegarde du patrimoine et de l’éveil des consciences

Il est des musées qui recèlent des joyaux artistiques qui vous font rêver, et il y en a d’autres qui vous confronte aux réalités de ce monde avec subtilité, en interrogeant notre histoire et notre patrimoine. Le Musée Mohammed VI pour la civilisation de l’eau au Maroc à Marrakech a excellemment réussi cette combinaison entre la découverte de notre histoire avec l’eau et l’interpellation de la conscience du visiteur quant à la préservation de cette ressource vitale.

C’est une découverte pas comme les autres que nous vous invitons à entrevoir entre les lignes de ce reportage et à travers la visite réelle de ce lieu chargé en histoire et en leçons. Le Musée Mohammed VI pour la civilisation de l’eau au Maroc vous accueille aux portes de la ville ocre aux portes de l’Atlas. Dédié à l’eau et aux techniques hydrauliques dans le Maroc traditionnel et moderne, ce musée se veut également un hommage au génie marocain et au rôle du ministère des Habous dans la gestion de cette ressource vitale ainsi qu’à la révolution hydraulique enclenchée par Feu S.M. Hassan II, notamment en ce qui concerne la construction des barrages et la politique de stockage des eaux. Unique en son genre, ce musée a également pour objectif essentiel de saluer et de mettre en évidence la politique clairvoyante de S.M. le Roi Mohammed VI dans le domaine de la gestion de l’eau et notamment la Stratégie nationale de l’eau et la vision 2030-2050 en la matière.
Dès l’entrée, le visiteur est transporté dans un monde à part où tous ses sens seront interpellés pour faire le voyage à la découverte d’un patrimoine unique en son genre en matière de gestion de l’eau. Un patrimoine qui a permis au Maroc d’être précurseur en la matière et de relever les défis face à la rareté de cette ressource vitale. 


Un haut lieu d’innovation culturel 

Le parcours du visiteur du musée Aman a été pensé pour amener chaque personne à réfléchir aux dangers que représentent la mal-gestion de l’eau dans le monde et au Maroc et susciter le respect qui se doit à cette ressource qui signifie la vie, la paix et l’humanité. 
Le Musée traite d’une dizaine de thématiques se rapportant à l’eau, à travers une exposition dans la Tour permanente de l’édifice, outre des expositions sous forme de maquettes illustrant une partie de ce legs ancestral du Royaume, dont notamment «la Noria de Fès», le «Moulin d’eau» et les «Khettaras». Il présente également des articles, objets et manuscrits exposés dans le cadre d’une muséographie innovante combinant divers supports technologiques de pointe et un show son et lumière innovant mais surtout créateur d’émotion. Une documentation riche en informations et en données qui permet de rendre compte de l’importance historique de la gestion de l’eau au Maroc. De plus, le musée expose de multiples œuvres qui mettent en lumière les différents aspects et traits de la révolution et de l’épopée hydraulique au Maroc.


Aman, un rôle de sensibilisation 

Outre le volet d’exposition et de mise en lumière des diverses thématiques liées à l’eau, le musée propose une série de jeux interactives pour les enfants pour les sensibiliser à l’importance de préserver cette ressource. Aussi, de nombreuses activités et conférences sont organisées pour sensibiliser les jeunes, à travers notamment des programmes d’éducation dédiés, des visites des écoles et lycées, des rencontres et d’autres initiatives sur l’économie et la rationalisation de l’utilisation de l’eau. À rappeler également l’organisation de la journée de simulation sur le climat organisée par le Musée. Une activité qui consiste à associer des élèves et étudiants de différents établissements scolaires et universitaires, aux débats autour des thématiques d’actualité touchant des problématiques mondiales comme la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Ces activités ont d’ailleurs permis au musée d’attirer beaucoup plus de jeunes puisqu’ils ont présenté près de 60% de la totalité des visiteurs. 


Covid-19 : comment s’adapter à la pandémie ?

Face à la conjoncture exceptionnelle imposée par la pandémie de la Covid-19, le musée a dû fermer ses portes en mars 2020 dans le sillage de l’instauration du confinement sanitaire par les autorités compétentes. L’occasion tout de même de travailler en interne sur l’aménagement des salles d’exposition tout en assurant une présence continue sur la toile et les réseaux sociaux. Le musée a rouvert ses portes le 20 juillet 2020, veillant à accueillir ses visiteurs dans le respect total des mesures décrétées pour endiguer la propagation de la pandémie. Toute la structure muséographique est ainsi aménagée pour garantir la sécurité des employés et des visiteurs.


Les Habous au cœur de la gestion de l’eau

Le Musée Mohammed VI pour la civilisation de l’eau au Maroc traduit l’engagement inébranlable du ministère des Habous et des affaires islamiques pour la préservation de l’esprit du patrimoine marocain. Cette structure muséographique vise à faire découvrir le génie marocain dans la gestion de l’eau et faire connaître le rôle historique des Habous «Fondations Pieuses» dans la régie de l’eau. Il a été ainsi réalisé pour relever les dimensions spirituelles de l’eau et rendre hommage à l’œuvre de Feu S.M. Hassan II, saluer la politique hydraulique de S.M. le Roi Mohammed VI, signaler les usages hygiéniques et rituels de l’eau et rappeler les usages économiques et techniques traditionnels de l’eau. Cette structure muséographique s’assigne également pour objectifs de faire connaître le patrimoine juridique et de négociation dans le domaine de l’eau et d’apprécier la sagesse traditionnelle dans l’économie de l’eau et mentionner les croyances et les inspirations traditionnelles liées à cette denrée rare.


Entretien avec Nisrine Bentefrit, responsable communication & marketing au Musée Mohammed VI pour la civilisation de l’eau au Maroc

 

«La visite du musée Aman offre une expérience d’immersion dans la thématique de l’eau»

Le Matin : Racontez-nous l’esprit et l’âme du Musée Mohammed VI pour la civilisation de l’eau au Maroc...
Nisrine Bentefrit 
: Le Musée est une institution culturelle qui s’est donné pour mission de diffuser et de mettre en valeur le patrimoine hydraulique marocain comme un référent de la bonne gestion de l’eau, qui est un enjeu majeur du développement durable au niveau mondial. Nous ambitionnons également la valorisation des patrimoines du Royaume et la préservation de la mémoire. Le musée a ouvert ses portes au public le 2 mai 2017. Ce musée a pour vocation d’être un lieu attrayant et novateur pour le grand public, fondé par le ministère des Habous & des affaires islamiques, projet inédit à Marrakech, il a été créé en hommage au génie marocain dans la gestion de l’eau, au rôle historique des Habous dans la régie de cette ressource et en hommage à l’œuvre contemporaine de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II et Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans la politique et les réalisations hydrauliques du Royaume.

Comment avez-vous pensé les espaces du Musée ?
Le bâtiment comprend un auditorium, une cafétéria, et une salle de l’exposition permanente. Celle-ci est aménagée sur trois niveaux, elle offre quatre axes distincts qui s’offrent aux visiteurs : la question de l’eau et de la science, de l’eau et l’Homme à travers l’histoire, des réalisations hydrauliques contemporaines du Royaume et de l’avenir, des défis et des nouvelles technologies relatives au domaine. La visite offre une expérience d’immersion dans la thématique de l’eau, faisant l’objet d’un traitement scénographique, magnifié par un show son et lumière spectaculaire

L’eau, une ressource rare au Maroc et au monde. Comment le Maroc gère-t-il cette rareté à travers l’histoire ?
En fait, cette problématique hydraulique complexe existe au Maroc, et nos ancêtres ont adapté depuis des siècles des techniques pour la bonne gestion et la durabilité de cette ressource vitale :
Les khettaras sont de véritables aqueducs souterrains, cette technique de drainage des eaux souterraines a joué à travers l’histoire un rôle primordial, les khettaras représentent un véritable patrimoine immatériel et ingénieux.
Nous avons également les puits traditionnels qui ont coexisté plusieurs décennies, ils permettent de mobiliser l’eau des nappes phréatiques. Aujourd’hui, de nombreux puits traditionnels ont été modernisés avec la mise en place de motopompes.
En ce qui concerne les seguias, le fonctionnement de ce système de transport est simple, il consiste à collecter les eaux des pluies, et des eaux souterraines. D’autre part, la technique de la Matfiyya qui est un réservoir souterrain, permettant l’agrégation et le stockage de l’eau dans les maisons, pour satisfaire tous les besoins domestiques en eau potable.
La Naourra qui est une technique hydraulique ancestrale, dont l’objectif principal est de transporter l’eau des rivières de bas en haut vers la terre agricole avoisinante.
Le Maroc a mis l’eau au centre de son équation de développement notamment à travers la politique des barrages qui a permis de doter le pays d’importantes infrastructures hydrauliques, de répondre aux besoins des centres urbains en eau potable, et en énergie, ainsi que des usines de dessalement et d’épuration des eaux usées. Et grâce aux politiques de la stratégie nationale de l’eau et à la pénétration de la technologie dans le monde rural, de nombreux projets de la petite hydraulique seront possibles, ils seront garants d’un développement écologique et socio-économique durable.

Quel bilan faites-vous des précédentes saisons et comment gérez-vous la reprise en ces temps de pandémie ?
En 2019, nous avons reçu 37.000 visiteurs marocains et étrangers de plus de 22 nationalités, également 1.100 élevés et étudiant ont visité le musée chaque mois. On a accueilli également dans notre salle polyvalente plus de 50 événements : conférences, forum, concerts et autres festivités ouvertes au grand public. 2020 était une année perdue à cause de la pandémie au niveau mondial. Comme toutes les entreprises et industries, la reprise est un peu lente cette année. Cette reprise a été programmée conformément aux mesures sanitaires de précaution en vigueur.

Reportage réalisé par Souad Badri & Aissa Saouri

Lisez nos e-Papers