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David Goeury : «Le devoir des partis politiques est de traduire les programmes électoraux en actions et de tenir leurs engagements»

À l’approche des scrutins du 9 septembre, la question du taux de participation se pose de plus en plus. Un sujet étroitement lié à la confiance qu’on les citoyens en les institutions politiques. Selon plusieurs indicateurs, «la crise de confiance dans les institutions est avérée». Quelle serait donc la solution pour regagner la confiance de la population à la veille des élections communales, régionales et législatives ? Quelques éléments de réponse sont apportés par l’analyste politique et géographe au laboratoire Médiations de Sorbonne Université, David Goeury.

David Goeury : «Le devoir des partis politiques est de traduire les programmes électoraux en actions et de tenir leurs engagements»
David Goeury.

Abstention, défiance généralisée de la population vis-à-vis des élus, désintérêt pour la chose publique, révolte des citoyens contre le rendement du gouvernement… autant de phénomènes qui montrent que les citoyens font de moins en moins confiance aux politiciens et aux institutions politiques. «Il existe malheureusement une véritable tendance, alimentée par les réseaux sociaux, à mépriser le travail accompli par l’appareil législatif et exécutif», avait déclaré récemment le président de la Chambre des conseillers, Hakim Benchamach lors d’une journée d’étude organisée sur la thématique de l’amélioration de l’action parlementaire. 

Un constat qui rejoint les résultats du dernier rapport statistique de l’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA) publié en décembre 2020. D’après ce document, les Marocains restent très méfiants vis-à-vis de leurs institutions politiques et leur font de moins en moins confiance. L’analyse de l’indice de confiance pour la catégorie des personnes âgés entre 18 et 29 ans montre – toujours selon le même rapport – que 41% des jeunes recensés n’ont confiance ni dans le gouvernement ni dans les institutions publiques et politiques, car ils ne voient pas d’efforts tangibles de lutte contre la corruption. Sachant que pour les 18 ans et plus, l’indice de confiance s’est fortement dégradé à 28% vis-à-vis du Parlement et force est de constater que seulement 6% des citoyens marocains placent leur confiance dans les organes de l’exécutif et du législatif. Le rapport du MIPA souligne que cet indice négatif s’explique par le fait que les institutions élues n’arrivent pas à représenter convenablement les intérêts des citoyens. Dans ce contexte de méfiance, comment justement les partis politiques peuvent-ils regagner la confiance des citoyens ? 
Pour David Goeury, géographe au laboratoire Médiations de Sorbonne Université, l’instauration de toutes les conditions nécessaires pour un gouvernement ouvert et une participation inclusive des citoyens dans le processus de prise de décision est la clé pour juguler cette crise. En outre, un grand défi s’impose pour les partis politiques, celui de réussir à honorer les engagements pris lors des campagnes électorales et de traduire leurs programmes électoraux en actions tout en tenant compte des attentes des citoyens, particulièrement les jeunes et les femmes. Deux catégories fragiles qui trouvent de plus en plus de mal à intégrer le monde du travail.

«D’une part, les jeunes ont l’impression d’être laissés pour compte et de ne pas figurer dans les programmes des élus, particulièrement sur le plan local, du fait qu’ils ne sont pas considérés comme des citoyens à part entière s’ils ne sont pas autonomes financièrement et, d’autre part, ils déplorent la faible intervention des élus pour la création  d’opportunités d’emplois réglementaires décents pour eux. Un constat qui demeure également valable pour les femmes dont le taux d’activité baisse depuis plusieurs années», ajoute le même chercheur.  
Cet universitaire estime par ailleurs que l’analyse du taux de couverture des circonscriptions sur le plan local par les partis politiques en préparation aux élections communales et régionales prévues le 8 septembre laisse dégager une disparité dans la confiance placée dans certains partis par rapport à d’autres. «Certains partis sont parvenus à couvrir tout le territoire national en termes de candidats, ce qui montre que certaines formations politiques réussissent encore à attirer des citoyens qui n’hésitent pas à se porter candidats au nom de ces formations politiques, tandis que d’autres peinent à attirer un nombre important de sympathisants», explique cet analyste politique. Certains partis politiques seraient mêmes en train de payer le prix fort pour leur mauvaise gestion des collectivités territoriales. C’est le cas par exemple du Parti de la justice et du développement (PJD) qui n’a réussi à présenter que 8.681 candidats pour les futures élections communales, au lieu des 16.310 candidats ayant porté la couleur du parti en 2015. 

 

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