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David Goeury : «Le parti qui sera grand vainqueur en 2021 sera celui qui parviendra à négocier des coalitions aux différentes échelles territoriales»

Pour la première fois de l’histoire du Royaume, trois échéances majeures se tiendront le même jour: les élections communales, régionales et législatives. Un choix politique qui en dit long sur la volonté de l’État de mobiliser le maximum d’électeurs dans un contexte particulier marqué par la propagation de l’épidémie, la perte de confiance dans les partis politique et de nouveaux défis liés au développement dans un cadre marqué par une crise économique mondiale. Cela interpelle aussi quant aux enjeux de ces échéances et leur incidence sur la future carte politique. Pour apporter un éclairage sur cette question le professeur David Goeury analyse les particularités de ces échéances et l’impact de l’instauration du quotient électoral sur les futurs résultats législatifs.

David Goeury : «Le parti qui sera grand vainqueur en 2021 sera celui qui parviendra  à négocier des coalitions aux différentes échelles territoriales»

Si l’enjeu majeur pour les élections législatives de 2011 était de parvenir à assurer la paix sociale dans un contexte arabe marqué par l’insécurité avec l’arrivée du printemps arabe, les élections de 2016 devaient relever d’autres défis, notamment la polarisation de l’échiquier politique avec l’émergence de deux forces politiques majeures, à savoir le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti authenticité et modernité (PAM). Mais qu’en est-il alors des élections du 8 septembre 2021 ? Quels enjeux et quels défis posent ces échéances ? 
Pour David Goeury, géographe au laboratoire Médiations de Sorbonne Université, le principal défi reste la mobilisation d’un maximum d’électeurs en organisant trois scrutins, à savoir les élections communales, régionales et législatives au cours de la même journée. Une première au Maroc qui témoigne d’un choix politique fait par l’État visant à créer une dynamique qui favorisera la mobilisation citoyenne et permettra également de réduire les dépenses et les efforts logistiques, tout en contribuant à rationaliser les déplacements afin de limiter les risques face à la pandémie de Covid-19. 
En effet, dans un contexte particulier marqué par la propagation de la pandémie, la perte de confiance dans le politique et les reformes que le Maroc compte entreprendre dans sa trajectoire de développement, tout porterait à croire que le taux d’abstention devrait être encore plus important lors de ces échéances. «L’expérience des élections communales organisées en 2015 et celles législatives tenues en 2016 a démontré que les citoyens, surtout ceux issus du monde rural, s’intéressaient plus aux élections communales qu’aux législatives. Ainsi, lors des élections communales et régionales organisées en 2015, 7,2 millions d’électeurs avaient soutenu un parti politique, contre seulement 5,8 millions d’électeurs en 2016», note l’analyste politique. 

L’autre question qui se pose avec acuité dans ce contexte particulier est de savoir si l’organisation de trois échéances au cours de la même journée aura une incidence sur les résultats des législatives et pourra favoriser un seul vainqueur. Pour M. Goeury, ce n’est pas systématique, car si les citoyens pourront favoriser certains candidats au détriment d’autres lors des élections communales et régionales, en se basant sur leur action politique au cours des mandats précédents, en procédant notamment à des votes sanctions, ce scénario ne pourra pas se produire pour ce qui est élections législatives. «Les partis politiques vivent une situation d’incertitude, surtout avec la mise en place du fameux quotient électoral qui ne semble pas leur faciliter la tâche. Aucun parti politique ne peut arriver en position hégémonique», note l’universitaire. 
En effet, si le PJD et le PAM se targuaient d’être les grands vainqueurs des élections législatives de 2016, après avoir obtenu la première et deuxième place grâce au nombre de sièges obtenus (125 sièges pour le PJD et 102 pour le PAM), les deux partis politiques ne pourront désormais plus prétendre à de tels scores, puisque la répartition des sièges dans chaque circonscription ne se basera plus sur le nombre de bulletins validés, mais sur le nombre d’inscrits sur les listes électorales. Cela signifie que même si le PJD arrive en tête et obtient le maximum de sièges possibles, pour conduire le gouvernement lors du futur mandat législatif il doit former une coalition et négocier avec les autres partis.

«Contrairement à 2011 et 2016, la logique du parti incontournable est bel et bien rompue. La formation politique qui conduira le futur gouvernement sera celle qui parviendra à former une coalition et si le PJD nourrit l’espoir de diriger le prochain gouvernement en arrivant en tête en nombre de députés, il devra faire de grandes concessions pour composer sa majorité. Ces concessions pourraient se faire à d’autres échelles dans les conseils régionaux, provinciaux ou municipaux. Le PJD pourrait perdre le contrôle de nombreuses villes pour composer un gouvernement», conclut l’analyste politique. 

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