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Décarbonation de l’industrie : «Marche ou crève !»

Décarboner l’industrie pour mieux se positionner et éviter d’être hors jeu. C’est bien là le challenge du Maroc pour les années à venir. Compétitivité, énergies renouvelables, substitution, ce sont là quelques-uns des atouts du Royaume pour y parvenir. Le plaidoyer de Moulay Hafid Elalamy.

Décarbonation de l’industrie : «Marche ou crève !»
« Dans ce concert mondial on doit jouer notre partition. Sans trop de fausses notes. Pour jouer notre partition, il faut comprendre quels sont les enjeux et se positionner en fonction de cela. Aujourd’hui il y a un changement de sourcing et de position et dans cette répartition là le Maroc doit être présent ». Ph. Saouri

L’industrie marocaine dispose de tous les atouts pour bien se positionner sur l’échiquier mondial. Mais la décarboner devient une nécessité. «Il faut absolument décarboner l’industrie marocaine pour plusieurs raisons», a lancé Moulay Hafid Elalamy. Le ministre de l’Industrie s’exprimait, mardi, lors du Forum international des énergies de l’industrie sur la décarbonation. Pour lui, deux facteurs importants sont à prendre en considération. Le premier est que l’Europe devrait mettre en place, dans les mois à venir, une taxe carbone. «65% de nos exportations sont à destination du Vieux Continent. Donc, cette taxe carbone peut nous impacter. Lorsqu’elle sera mise en application, si la production n’est pas décarbonée, elle sera en risque maximal», prévient-il.
Le second point porte sur la compétitivité. «Si votre énergie n’est pas compétitive, vous ne passez plus. À 30% vous vous rattrapez ailleurs, mais à 70% vous ne vous rattraperez jamais !» «Le Maroc a la chance de produire de l’énergie renouvelable. Nos concurrents n’ont pas tous cette chance. La produire n’est pas facile. Il faut que les conditions climatiques le permettent déjà pour que ce soit compétitif. Après, il faut du temps et de l’expertise», souligne le ministre. La pandémie nous a démontré notre capacité de nous renouveler, de créer et de faire de la substitution, se réjouit Elalamy. Cette substitution a permis non seulement de couvrir les besoins en interne, mais d’exporter. «Nous avions un objectif ambitieux, un peu fou, mais c’est la marque de fabrique du ministère. Cet objectif était de substituer 34 milliards de DH de ce que nous importons et d’en exporter 17 milliards. Nous avons non seulement atteint notre objectif, mais en plus nous l’avons dépassé pour atteindre 50 milliards», rappelle-t-il sur un ton de satisfaction. Pour lui, la pandémie a ouvert quelques fenêtres que le pays doit exploiter.

Le Maroc est un pays très compétitif, aussi bien sur le plan industriel que géographique. Classé troisième mondial dans la compétitivité automobile, derrière l’Inde et la Chine, le Royaume peut tirer son épingle du jeu dans le secteur en proposant une offre plus qualitative et décarbonée. «Nous avons démontré, pendant la pandémie, avec les constructeurs au Maroc, que nous sommes capables d’être au même niveau que l’Inde au niveau mondial, sortie d’usine. En effet, nous sommes capables de fabriquer un véhicule décarboné, au même prix qu’un véhicule carboné sorti de l’Inde. Donc, c’est un véhicule au même prix et de qualité à seulement 14 km de l’Europe. Et s’il est décarboné, il rentrera en Europe sans être taxé !», lance avec conviction le ministre.

Et dans la mobilité verte, le Maroc n’est pas en reste. «Le véhicule Ami de PSA est fabriqué au Maroc à 100%. Il a été conçu au Maroc, par des ingénieurs marocains et le site de Kénitra est le seul au monde où PSA produit l’Ami», rappelle le ministre. Ainsi pour assurer une place de choix à l’industrie marocaine à l’échelle mondiale, le ministère et ses partenaires travaillent au lancement de plusieurs projets, dont le coup d’envoi dans les semaines à venir de 150 projets dans le cadre de l’économie verte dans le monde industriel. Mais aussi l’accompagnement, via le programme Tatwir, de projets industriels décarbonés. «Nous avons également travaillé sur l’accès à une énergie verte à des coûts moindres pour les zones industrielles. Une offre orientée vers ces zones qui ira entre -25 et -30% avec l’énergie verte. C’est ce qui va sauver l’économie industrielle marocaine dans les prochaines années». 

  Verbatim 

  • «La taxe carbone, la pandémie et la compétitivité peuvent être des freins terribles ou des opportunités extraordinaires.»
  • «Aujourd’hui, si vous voulez être compétitif au niveau mondial, si vous n’êtes pas décarboné, vous êtes hors jeu.»
  • «Lorsqu’on sait faire des respirateurs de niveau international, vous voulez que j’accepte que le Marocain ne soit pas capable de faire un produit décarboné compétitif ? Il va falloir se réveiller de bonne heure pour me convaincre.»
  • «Dans ce concert mondial, on doit jouer notre partition. Sans trop de fausses notes. Pour jouer notre partition, il faut comprendre quels sont les enjeux et se positionner en fonction de cela. Aujourd’hui, il y a un changement de sourcing et de position et dans cette répartition-là le Maroc doit être présent.»

 

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