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Le don et la transplantation d’organes au plus bas à cause de la pandémie de la Covid-19

La pandémie de la Covid-19 a gravement perturbé les programmes de don et de transplantation dans le monde entier. Au Maroc, la situation est encore plus alarmante puisque ces activités n’ont toujours pas repris depuis le début de la crise sanitaire.

Le don et la transplantation d’organes au plus bas à cause  de la pandémie de la Covid-19

Nous célébrons dans quelques jours la Journée mondiale du don et de la transplantation d’organes (17 octobre). Cette journée, promulguée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2005, a pour objectif de sensibiliser la population mondiale à l’importance du don d’organes, de tissus et de cellules pour améliorer et sauver des millions des vies. Aujourd’hui, il est d’autant plus important d’en parler puisque la pandémie de la Covid-19 a provoqué une forte baisse du nombre de dons et greffes d’organes et de tissus dans le monde. «La pandémie de la Covid-19 a gravement perturbé les programmes de don et de transplantation dans le monde entier. Cette crise sanitaire a eu un impact très négatif sur le nombre de patients en attente d’un organe», déplore Amal Bourquia, professeure de néphrologie et néphrologie pédiatrique et présidente de l’association «Reins». «Au début de la pandémie, il y a eu un arrêt total de toute activité de don ou de greffe d’organes au niveau mondial, pour reprendre ensuite progressivement. Au Maroc, l’impact de la pandémie a été très dur et la situation est encore plus alarmante. Les dons et transplantations d’organes et de tissus étaient déjà très rares et insuffisants avant la crise sanitaire, mais actuellement nous nous retrouvons face à un ralentissement terrible de toutes ces activités. Nous espérons pouvoir reprendre rapidement, notamment grâce aux actions de sensibilisation que nous organisons à l’occasion de la Journée mondiale du don et de la transplantation d’organes», a indiqué Pr Bourquia.

Il est à noter que même avant la pandémie, le Maroc a toujours accusé un grand retard, en matière de greffe d’organes en général et rénale en particulier. «Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent parce qu’ils n’ont pas pu être transplantés au moment opportun... Ils quittent ce bas monde alors que la médecine aurait été en mesure de les sauver. Pour parler de la transplantation rénale, le Maroc compte près de 32.000 patients sous dialyse qui espèrent ardemment d’être transplantés, pour soulager leur souffrance et améliorer la qualité de leur vie. Malheureusement, en 34 ans, seulement 600 transplantations rénales ont été réalisées au Maroc avec près de 1.100 donneurs potentiels. L’analyse de ces chiffres permet de noter qu’ils ne traduisent ni le niveau médical du Maroc ni la générosité des Marocains. Ils nécessitent cependant une analyse profonde pour mettre l’accent sur les insuffisances et décupler les efforts pour augmenter le nombre de transplantations dans notre pays où le grand besoin est sans cesse en augmentation», souligne la présidente de l’association «Reins». Et d’ajouter que «Le Maroc connaît des difficultés de recourir aux donneurs vivants, et une rareté de donneurs en état de mort encéphalique. La méconnaissance de la part des patients des aspects médicaux, de la législation, du point de vue de la religion et la rareté de la discussion et de l’information sur le sujet pourraient expliquer en partie cette situation. De nombreuses études ont été réalisées par l’association “Reins”, mais sans jamais servir à travailler pour faire face à ces insuffisances. L’évolution est donc très lente sans véritable développement malgré l’augmentation du nombre de centres». 


L’association «Reins» lance une campagne de sensibilisation via le net

Une campagne de sensibilisation et d’information à l’importance du don et de la transplantation d’organes sera lancée, à partir de ce vendredi via les réseaux sociaux, à l’initiative de l’association «Reins».
Initiée à l’occasion de la Journée mondiale du don et de la transplantation d’organes, célébrée le 17 octobre de chaque année, cette opération se fixe comme objectif la motivation des citoyens pour le don afin d’aider à l’essor de cette thérapeutique. La campagne vise également à sensibiliser davantage à l’importance de cet acte de générosité et de solidarité qui sauve des vies en recourant au net pour mobiliser et soutenir toutes les composantes de la société marocaine, en particulier les professionnels de la santé et les médias afin de contribuer à ancrer la culture du don chez les citoyens marocains.
Il est à noter que l’association «Reins» s’est fixé comme principal objectif de développer la transplantation rénale, depuis sa création. Des actions de communication sont régulièrement développées pour être proches du citoyen et l’aider à faire son choix en ayant toutes les informations nécessaires. Des efforts énormes ont été déployés sur les différents aspects de sensibilisation : livres, film, chanson, dépliants, affiches, rencontres, séminaires, réseaux sociaux avec un objectif prioritaire cette année, à savoir la sensibilisation des jeunes via des activités digitales.


Questions à la présidente de l’association «Reins» et professeure de néphrologie et néphrologie pédiatrique

Amal Bourquia : «Une réflexion nationale est nécessaire pour tracer une stratégie nationale de développement du don d’organes»

Le Maroc accuse un retard énorme en matière de don d’organes, comment peut-on expliquer cette situation ?
La transplantation d’organes demeure une thérapeutique peu développée au Maroc. Jusqu’à fin 2020, près de 600 malades ont pu être greffés du rein, essentiellement avec des donneurs vivants et une soixantaine avec donneurs en état de mort cérébrale. Alors qu’un nombre important et non identifié de patients en attente d’un organe vitale comme le cœur ou le foie meurent faute d’être transplantés. Au Maroc, le don d’organes reste très insuffisant, et ce pour de nombreuses raisons. Plusieurs problèmes limitent l’accès à la transplantation, dont l’insuffisance de fonds alloués, le manque d’informations et la faible sensibilisation. Une réflexion nationale, avec l’implication de tous les acteurs, s’avère nécessaire pour optimiser les dépenses et tracer une stratégie pour le futur où l’on verrait la transplantation rénale comme une alternative indispensable.

De nombreux citoyens marocains pensent à tort que lorsqu’on fait un don d’organes, ceux-ci peuvent faire l’objet d’un trafic ou d’une commercialisation illégale. Comment peut-on les rassurer ?
Le commerce d’organes n’existe pas dans notre pays, car il y a une loi qui gère les prélèvements et la transplantation avec de nombreuses sanctions pour ceux qui ne la respectent pas. Mais, malheureusement, souvent les rumeurs et les histoires prennent plus de place dans les discussions que les vrais sujets.

Est-ce que les personnes souhaitant faire un don d’organes sont bien protégées par la loi au Maroc ?
Le législateur a toujours tenté de mettre en place un cadre protecteur pour la personne humaine et éviter les dérapages. Au Maroc, la transplantation d’organes est gérée par des textes de loi publiés dans le Bulletin officiel (loi n° 16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation). Ces textes mériteraient d’être revus pour être mieux adaptés à la pratique. Notre association a, par ailleurs, demandé depuis des années de modifier la loi afin que nous soyons tous des donneurs sauf ceux qui s’inscriraient sur le registre du refus. À l’instar d’autres pays, cette procédure pourrait favoriser le développement du don d’organes après le décès.

Enfin, rappelez-nous la procédure à suivre pour faire don de ses organes. 
Il faut se présenter au Tribunal de première instance de la ville de résidence muni de la carte d’identité, et s’adresser au responsable du Registre du don puis remplir le formulaire et signer le registre qui sera par la suite validé par le juge en charge de ce registre.
Pour encourager ce don, l’association «Reins» a organisé de nombreuses campagnes d’inscription sur le Registre de don d’organes à Casablanca, Rabat, Tanger. On a clôturé le premier registre au tribunal de Casablanca avec 476 inscrits et démarré le deuxième, mais la pandémie a ralenti notre action

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