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Le Matin : Quelle lecture faites-vous de la place des femmes dans l’entreprise, et notamment en cette conjoncture exceptionnelle ?
Malika Youssoufine : Il me semble qu’au Maroc, comme ailleurs dans le monde, les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les secteurs les plus touchés par la pandémie. La crise sanitaire a eu un impact particulièrement fort sur les femmes. Qu’elles soient en télétravail, en présentiel ou en chômage partiel, elles effectuent une grande partie du travail domestique et encadrent le travail scolaire des enfants.
Une dernière statistique indique que le Maroc enregistre un des taux de femmes ingénieurs les plus forts au monde. Comment expliquer cette donnée ?
C’est un chiffre extrêmement encourageant ! Cela veut dire que les femmes marocaines sont intelligentes et qu’elles peuvent briller dans n’importe quelles études supérieures (sourire)
Pourtant, on note un taux important de turnover pour cette catégorie. Quelles sont, selon vous, les principales raisons ?
La présence minoritaire des femmes dans l’industrie s’explique probablement par le fait que traditionnellement les tâches à l’usine étaient souvent pénibles et difficiles. Les activités industrielles étaient donc réservées quasi exclusivement aux hommes. Les progrès techniques et technologiques ont levé ces contraintes dans la plupart des industries, mais cet a priori négatif est resté largement ancré dans l’esprit de nombreuses femmes. C’est pour cela que chez LafargeHolcim Maroc nous avons lancé le projet «Ensemble», avec comme ambition de devenir l’Employeur préféré des femmes dans le secteur industriel. En deux ans, nous avons progressé significativement et d’ores et déjà atteint une parité parfaite entre femmes et hommes managers.
Une autre donnée récente atteste un retour en arrière pour la parité femmes/homme en entreprise. Quel est votre avis à ce sujet ?
Je suppose que cela dépend des secteurs d’activité. La parité hommes/femmes est de toute façon un long chemin. Le Maroc a besoin de toutes ses compétences et son développement passe par le développement des femmes. Le Maroc a fait de grands progrès dans ce sens et la pandémie. Il reste cependant un grand travail à faire pour faire évoluer les perceptions, les mentalités et les pratiques, avec des politiques publiques volontaristes au niveau institutionnel et le développement d’une culture de l’égalité au sein de la société civile.
Comment voyez-vous, en tant qu’experte, le lendemain des jeunes femmes en entreprise et dans le monde professionnel, en général ?
Les entreprises ont besoin des femmes, c’est vraiment un enjeu économique majeur pour leur développement et leurs performances. Des équipes diversifiées reflètent mieux la diversité inhérente à la société et aux clients et elles seront donc plus à même de comprendre les attentes des clients et des consommateurs, et d’y répondre en proposant les bons produits et les services adaptés. Les jeunes femmes ont donc une place à prendre. À elles d’oser et d’avoir la volonté de surmonter les premiers obstacles. l
