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État des lieux, perspectives et défis du secteur sucrier

Dans un contexte très particulier au niveau des problématiques liées aux changements climatiques et la crise sanitaire mondiale et ses répercussions sur l’ensemble des secteurs économiques, l’Association professionnelle sucrière (APS) et l’Organisation internationale du sucre (OIS) ont organisé la quatrième édition de la Conférence internationale du sucre pour décortiquer toute l’actualité liée à la filière sucrière, mais aussi revenir sur les perspectives et les enjeux du marché.

État des lieux, perspectives et défis du secteur sucrier

Quel est l’impact de la crise sur la filière sucrière ? Quels défis et challenges pour un développement durable du secteur ? Comment faire valoir les solutions relatives à la diversification et de l’accélération de la recherche et développement et de l’innovation ? Ce sont là quelques principaux axes débattus par plus de 430 professionnels représentants une trentaine de pays.
Autour du thème «Secteur sucrier mondial : quels chemins de croissance ?», la Conférence internationale du sucre «CIS Morocco 2021» a réuni, mercredi 10 mars 2021, un panel représentatif des principaux acteurs de la filière sucrière au Maroc et dans le monde.
Organisé par l’Association professionnelle sucrière (APS) et l’Organisation internationale du sucre (OIS), ce rendez-vous bisannuel de référence a rassemblé en format hybride plus de 430 professionnels, dont 50 personnes en présentiel. Grâce au suivi en ligne, 30 pays étaient représentés.
Plate-forme de rencontres et d’échanges qui couvre toute la chaîne de valeur de la filière sur le plan mondial, la CIS s’est imposée comme un événement incontournable pour l’ensemble de la région et pour le marché sucrier, en offrant un cadre privilégié qui favorise fortement le dialogue et le partage d’expériences entre professionnels.
Particulièrement suivie, cette quatrième édition a permis d’échanger sur un large éventail de thèmes stratégiques pour le secteur et sa chaîne de valeur. Les discussions ont rappelé l’impact de la Covid-19 sur la filière mondiale, qui a mis en exergue la question de la sécurité alimentaire, et le rôle fondamental que joue l’agriculture dans l’approvisionnement régulier des marchés en produits alimentaires et la nécessité du soutien et de la protection de l’amont agricole. Les discussions ont également porté sur les solutions alternatives à apporter au défi de l’eau dans l’agriculture. Les nouveaux relais de croissance, les enjeux de la digitalisation et de la R&D, ainsi que le rôle socio-économique de la filière ont également été mis en exergue.
Donnant le coup d’envoi des travaux, le président de l’APS, Mohammed Fikrat, a commencé par indiquer que le secteur se porte bien. «La filière sucrière se porte bien. Nous sommes parvenus, à travers les années, à construire la résilience du secteur autour du principe de confiance qui règne dans tout l’écosystème», a-t-il noté. Toutefois, la pandémie représente un challenge pour les opérateurs de la filière d’où la nécessité pour les experts nationaux et internationaux de se pencher sur ces thématiques relatives aux enjeux et défis de l’eau pour ce secteur au Maroc. Il s’agit également, selon M. Fikrat, de mettre en lumière le rôle du secteur agricole et, en particulier, la filière sucrière tant sur le plan de la sécurité alimentaire que le développement socio-économique des régions. «Cette décennie a vu la réalisation de près d’un milliard de dollars d’investissement qui concernent l’ensemble des sites qui composent l’activité de transformation portée par le Groupe COSUMAR. Ces investissements nous ont permis de moderniser les unités de production, d’améliorer la compétitivité et la qualité de nos produits et d’optimiser la réactivité du secteur par rapport aux différents enjeux et défis du secteur. Ces investissements nous ont également permis de répondre à la demande du marché national et d’être compétitifs sur la place mondiale», a précisé M. Fikrat. Et de noter que ces performances ont été possibles grâce au capital humain engagé et reconnu pour son expertise et à l’écosystème et toutes les parties prenantes.
Le président de l’APS a par ailleurs rappelé que le secteur national du sucre concerne 80.000 agriculteurs sur 5 régions, faisant observer que les planteurs de canne à sucre et betterave à sucre sont également des producteurs dans d’autres filières agricoles, d’où l’importance de l’activité sucrière qui constitue la colonne vertébrale dans les cinq régions qui abritent la culture de canne à sucre et de betterave sucrière.
La conférence a été également l’occasion de présenter la nouvelle stratégie du Maroc «Generation Green 2020-2030» ainsi que les avancées remarquables réalisées par la filière sucrière marocaine en termes d’amélioration de la compétitivité agricole et industrielle et de digitalisation de l’amont agricole sucrier.
Plus de 15 speakers et experts régionaux et internationaux ont analysé, tout au long de cette conférence, devant un public composé de tous les intervenants du secteur : professionnels et décideurs, mais aussi investisseurs, traders, consultants et associations, les pratiques respectives, les innovations à plusieurs niveaux et les modèles économiques pour une gestion efficace du secteur. Les participants ont également insisté sur les perspectives de développement de la filière en tenant compte des contraintes climatiques et des attentes du marché.
Véritable moteur pour l’économie nationale, la filière sucrière marocaine génère quelque 5.000 emplois directs et indirects dans l’industrie. Elle assure des revenus réguliers à près de 80.000 exploitants agricoles et contribue à la création de plus de 1.200 sociétés de service de prestations agricoles et d’auto-entrepreneurs. Elle tient par ailleurs un rôle clé dans l’émergence de pôles de développement à travers les cinq régions sucrières du Royaume. 


CIS Morocco 2021, le rendez-vous de référence pour le secteur sucrier

Organisée depuis 2015 par l’Association professionnelle sucrière (APS) et l’Organisation internationale du sucre (OIS), la Conférence internationale du sucre (CIS) est un rendez-vous bisannuel pour tous les principaux acteurs mondiaux du secteur sucrier. Cette importante plate-forme de rencontres et d’échanges qui couvre toute la chaîne de valeur de la filière sur le plan mondial s’est imposée comme un évènement incontournable pour l’ensemble de la région et pour le marché sucrier, en offrant un cadre privilégié qui favorise fortement le dialogue et le partage d’expériences entre professionnels.


Un contexte mondial difficile

La Conférence internationale du sucre CIS Morocco 2021 intervient alors que la pandémie de la Covid-19 a largement impacté la consommation de sucre dans le monde, en baisse de 0,8 million de tonnes. Le bilan mondial du sucre pour le cycle agricole 2020-2021 fait également état d’une baisse de la production de 2 millions de tonnes et d’un déficit prévisionnel de 4,8 millions de tonnes. Les cours du sucre ont enregistré des hausses importantes depuis novembre 2020 accentuées par les différentes hausses des matières premières notamment le cours du pétrole.


Entretien avec Mohammed Fikrat, président de l’Association professionnelle sucrière (APS)

«Notre pays est devenu une plateforme d’échanges scientifiques et stratégiques sur les problématiques liées à la filière sucrière dans le monde»

Le Matin : Quel bilan faites-vous de la 4e édition de la Conférence internationale du sucre ?
Mohammed Fikrat
: Le bilan de cette quatrième édition est globalement positif grâce à une participation record. En effet, organisée sous un format hybride en raison des restrictions sanitaires, 50 personnes assistaient en présentiel à la Conférence et près de 430 participants étaient connectés sur zoom depuis une trentaine de pays. Le thème de cette année «Secteur sucrier mondial : quels chemins de croissance ?» a permis un dialogue très riche autour des interventions des quinze speakers prévus au programme, notamment l’impact de la Covid-19 sur la filière mondiale, les solutions alternatives à apporter au défi de l’eau dans l’agriculture, le soutien et la protection de l’amont agricole ou encore la diversification de la production et la sécurité alimentaire. Cette conférence est devenue un rendez-vous régulier qui permet à notre pays de devenir une véritable plateforme d’échanges scientifiques et stratégiques sur les problématiques liées à la filière sucrière dans le monde.

La Covid-19 représente un challenge pour les opérateurs de la filière sucrière. Quels sont les ingrédients pour relever ce challenge ?
La pandémie Covid-19 a montré la place centrale de la sécurité alimentaire et la valeur du sucre qui est un aliment de base consommé à l’échelle nationale. Pour garantir et maintenir l’approvisionnement régulier du marché, plusieurs mesures ont été mises en place afin de préserver notre capital humain et les partenaires de notre écosystème et garantir la continuité de l’activité de la filière.
Le programme Attaissir, déployé dans les 5 régions sucrières depuis 2019, qui porte sur la digitalisation des processus amont, a permis le suivi à distance de toutes les opérations amont liées à la campagne de récolte qui a coïncidé avec le début de la pandémie dans le pays. Ainsi, toutes les opérations ont été gérées et suivies à distance telles que la programmation de l’arrachage des plantes sucrières, encodage automatique des parcelles, affectation et suivi d’un parc de plus de 2.000 machines agricoles reliées par GPS, transport et livraison des plantes sucrières jusqu’au paiement par virement bancaire des agriculteurs… Attaissir a d’ailleurs été reconnu par la FAO comme étant la meilleure initiative dans la région NENA pour la protection des petits agriculteurs anti-Covid-19.

La gestion de la rareté de l’eau est l’un des défis majeurs du secteur. Quelles ont été vos recommandations sur ce point ?
Dans un contexte où l’eau est devenue une ressource de plus en plus rare, la filière sucrière a adopté plusieurs mesures afin de minimiser cet impact et optimiser l’utilisation d’eau. La micro-irrigation est en passe d’être généralisée pour l’ensemble des cultures, la sélection variétale pour l’adoption de variétés plus résistantes au stress hydrique et l’usage des images satellites pour optimiser le pilotage des opérations d’irrigation. Ainsi, la filière sucrière marocaine réduit de près de 50% l’utilisation d’eau pour l’irrigation des cultures ayant utilisé la micro-irrigation contribuant ainsi à la réduction de son empreinte écologique.
De même, et au vu de la rareté structurelle à moyen et long termes, des ressources en eau conventionnelles, le recours au dessalement de l’eau de mer pour les besoins d’eau potable et de l’agriculture adopté aujourd’hui dans le cadre de la stratégie nationale permettra également de mobiliser des ressources supplémentaires pour le développement de l’agriculture. 


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