Quel est l’impact de la crise sur la filière sucrière ? Quels défis et challenges pour un développement durable du secteur ? Comment faire valoir les solutions relatives à la diversification et de l’accélération de la recherche et développement et de l’innovation ? Ce sont là quelques principaux axes débattus par plus de 430 professionnels représentants une trentaine de pays.
CIS Morocco 2021, le rendez-vous de référence pour le secteur sucrier
Organisée depuis 2015 par l’Association professionnelle sucrière (APS) et l’Organisation internationale du sucre (OIS), la Conférence internationale du sucre (CIS) est un rendez-vous bisannuel pour tous les principaux acteurs mondiaux du secteur sucrier. Cette importante plate-forme de rencontres et d’échanges qui couvre toute la chaîne de valeur de la filière sur le plan mondial s’est imposée comme un évènement incontournable pour l’ensemble de la région et pour le marché sucrier, en offrant un cadre privilégié qui favorise fortement le dialogue et le partage d’expériences entre professionnels.
Un contexte mondial difficile
La Conférence internationale du sucre CIS Morocco 2021 intervient alors que la pandémie de la Covid-19 a largement impacté la consommation de sucre dans le monde, en baisse de 0,8 million de tonnes. Le bilan mondial du sucre pour le cycle agricole 2020-2021 fait également état d’une baisse de la production de 2 millions de tonnes et d’un déficit prévisionnel de 4,8 millions de tonnes. Les cours du sucre ont enregistré des hausses importantes depuis novembre 2020 accentuées par les différentes hausses des matières premières notamment le cours du pétrole.
Entretien avec Mohammed Fikrat, président de l’Association professionnelle sucrière (APS)
«Notre pays est devenu une plateforme d’échanges scientifiques et stratégiques sur les problématiques liées à la filière sucrière dans le monde»
Le Matin : Quel bilan faites-vous de la 4e édition de la Conférence internationale du sucre ?Mohammed Fikrat : Le bilan de cette quatrième édition est globalement positif grâce à une participation record. En effet, organisée sous un format hybride en raison des restrictions sanitaires, 50 personnes assistaient en présentiel à la Conférence et près de 430 participants étaient connectés sur zoom depuis une trentaine de pays. Le thème de cette année «Secteur sucrier mondial : quels chemins de croissance ?» a permis un dialogue très riche autour des interventions des quinze speakers prévus au programme, notamment l’impact de la Covid-19 sur la filière mondiale, les solutions alternatives à apporter au défi de l’eau dans l’agriculture, le soutien et la protection de l’amont agricole ou encore la diversification de la production et la sécurité alimentaire. Cette conférence est devenue un rendez-vous régulier qui permet à notre pays de devenir une véritable plateforme d’échanges scientifiques et stratégiques sur les problématiques liées à la filière sucrière dans le monde.
La Covid-19 représente un challenge pour les opérateurs de la filière sucrière. Quels sont les ingrédients pour relever ce challenge ?
La pandémie Covid-19 a montré la place centrale de la sécurité alimentaire et la valeur du sucre qui est un aliment de base consommé à l’échelle nationale. Pour garantir et maintenir l’approvisionnement régulier du marché, plusieurs mesures ont été mises en place afin de préserver notre capital humain et les partenaires de notre écosystème et garantir la continuité de l’activité de la filière.Le programme Attaissir, déployé dans les 5 régions sucrières depuis 2019, qui porte sur la digitalisation des processus amont, a permis le suivi à distance de toutes les opérations amont liées à la campagne de récolte qui a coïncidé avec le début de la pandémie dans le pays. Ainsi, toutes les opérations ont été gérées et suivies à distance telles que la programmation de l’arrachage des plantes sucrières, encodage automatique des parcelles, affectation et suivi d’un parc de plus de 2.000 machines agricoles reliées par GPS, transport et livraison des plantes sucrières jusqu’au paiement par virement bancaire des agriculteurs… Attaissir a d’ailleurs été reconnu par la FAO comme étant la meilleure initiative dans la région NENA pour la protection des petits agriculteurs anti-Covid-19.La gestion de la rareté de l’eau est l’un des défis majeurs du secteur. Quelles ont été vos recommandations sur ce point ?
Dans un contexte où l’eau est devenue une ressource de plus en plus rare, la filière sucrière a adopté plusieurs mesures afin de minimiser cet impact et optimiser l’utilisation d’eau. La micro-irrigation est en passe d’être généralisée pour l’ensemble des cultures, la sélection variétale pour l’adoption de variétés plus résistantes au stress hydrique et l’usage des images satellites pour optimiser le pilotage des opérations d’irrigation. Ainsi, la filière sucrière marocaine réduit de près de 50% l’utilisation d’eau pour l’irrigation des cultures ayant utilisé la micro-irrigation contribuant ainsi à la réduction de son empreinte écologique.De même, et au vu de la rareté structurelle à moyen et long termes, des ressources en eau conventionnelles, le recours au dessalement de l’eau de mer pour les besoins d’eau potable et de l’agriculture adopté aujourd’hui dans le cadre de la stratégie nationale permettra également de mobiliser des ressources supplémentaires pour le développement de l’agriculture.