À l’occasion de la Journée nationale de la femme, célébrée le 10 octobre, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié un rapport sur la situation de la femme marocaine. Ce document, intitulé «La Femme marocaine en chiffres : 20 ans de progrès», est un recueil de données statistiques qui trace l’évolution de la situation de la femme durant ces deux dernières décennies dans plusieurs domaines. Ainsi, en 2020, les femmes représentaient un peu plus de la moitié (50,2%) de la population du pays, soit 18.045.000 individus contre 15.039.000 en 2004. Concernant leur statut matrimonial, le HCP indique que parmi les femmes âgées de 15 ans et plus en 2020, 28,1% sont célibataires (34% en 2004) et 57,8% sont mariées (52,8% en 2004). En outre, le HCP affirme que si la proportion de femmes mariées continue d’augmenter ces dernières années, l’âge moyen de leur premier mariage baisse. Celui-ci est passé de 27,2 ans en 2004 à 25,5 en 2018, contre 31,9 ans pour les hommes. En ville, les femmes se marient en moyenne autour de 26,6 ans, contre 23,9 dans les campagnes. Autrement dit, les Marocaines se marient de plus en plus et de plus en plus jeunes, contrairement à ce que l’on pourrait croire.Le taux des femmes veuves et divorcées a, quant à lui, légèrement augmenté passant respectivement de 10,1% et 3,1% en 2004 à 10,8% et 3,3% en 2020. Quant au taux de célibat à 50 ans, il est monté de 5,3% en 2004 à 9,6% en 2014, selon les derniers chiffres disponibles.
Une espérance de vie de 78,3 ans en 2020
Sur le volet santé, le rapport indique que l’espérance de vie des femmes est passée de 72,1 ans en 2001 à 78,3 ans en 2020, soit 6,2 ans de plus en deux décennies. Le HCP note également une nette amélioration de la situation sanitaire des femmes, notamment au niveau de la mortalité maternelle. En effet, le Maroc est passé de 112 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2010 à 72,6 en 2018. Toujours en 2018, quelque 70,8% des femmes utilisent une méthode contraceptive.Côté accès à l’éducation, le rapport fait état de la scolarisation de 90,5% des filles âgées de 15 à 17 ans en 2020 en milieu urbain et de 39,2% en milieu rural contre respectivement 56,3 et 6,1% dans les années 2000.À comparer avec les garçons qui sont scolarisés à hauteur de 85,7% pour la même tranche d’âge en milieu urbain et de 50,5% dans les campagnes, contre respectivement 70,3 et 14,7% en 2000.Enseignement supérieur : la médecine dentaire dope le taux de féminisation !
Dans les différentes filières de l’enseignement supérieur, le HCP indique que le taux de féminisation atteint 52,7% en 2019 contre 42,9% en 2000, une hausse portée notamment par la médecine dentaire qui connaît un taux de féminisation de plus de 73%. S’agissant du niveau d’études de la population âgée de 25 ans, le rapport révèle qu’en 2020, 52,9% des femmes n’ont aucun niveau d’études contre 61,9% en 2010. Quant au taux d’alphabétisation des femmes, celui-ci est passé à 53,9% en 2019 contre 39,6% en 2004. Ce taux a atteint 74,6% chez les hommes en 2019 après 65,6% en 2004, tandis que le taux global d’alphabétisation était de 64,1% en 2019 contre 52,3% en 2004, précise le HCP.Pauvre taux d’activité !
Le rapport souligne, en outre, que le taux d’activité des femmes âgées de 15 ans et plus a baissé ces dernières années, passant de 28,1% en 2000 à 19,9% en 2020. Un niveau équivalent au quart de celui des hommes. Le secteur de l’agriculture, forêt et pêche concentre la plus forte proportion de femmes (44,8%), suivi de celui des services (40,4%) et de l’industrie (14,2%). Concernant le taux de chômage des femmes, si celui-ci a baissé entre 2017 et 2019 passant de 14,7 à 13,5%, il a augmenté de 2,7% en 2020 à cause de la crise sanitaire de la Covid-19.Entreprises dirigées par des femmes : Les services d’abord
Quid des entreprises dirigées par des femmes ? Leur part a atteint 12,8% en 2019. Il s’agit généralement de petites entreprises. Elles sont plus présentes dans le secteur des services (17,3%), suivi du commerce (13,8%), de l’industrie (12,6%) et de la construction (2,6%).En outre, l’évolution de la part des sièges occupés par les femmes au Parlement a connu une nette amélioration, se hissant de 17% en 2011 à 24,3% en 2021. La part des candidates aux élections 2021 s’est élevée à 34,2% pour les parlementaires (après 30,66%), à 39,79% pour les conseils régionaux (38,64% en 2015) et 29,87% pour les conseils communaux (21,87% en 2015). Les chiffres du rapport font également ressortir un accroissement significatif de la proportion de femmes dans les organismes diplomatiques, pour atteindre en 2018 quelque 25,1% pour les ambassades et 35,5% pour les consulats, contre respectivement 12 et 5,8% en 2009. Pour sa part, le taux de féminisation des postes de responsabilité judiciaire (magistrats) s’est amélioré, s’établissant à 24,9% en 2020, contre 17,7% en 2001. Au niveau des Conseils des Oulémas, l’effectif des femmes s’est élevé à 96 en 2020 après 83 en 2010.Moins de 7 heures de travail par jour !
Le rapport du HCP souligne, en outre, que les femmes consacrent un cinquième de leur temps quotidien (20,8%) aux travaux domestiques contre 5,6% aux activités professionnelles. Pour comparaison, les hommes consacrent 22,6% de leur temps à leur travail et 3% aux tâches domestiques. En cumulant à la fois le temps alloué à ses obligations professionnelles et aux travaux domestiques, la femme travaille en moyenne 6 heures 21 min par jour (5 heures 47 min dans le milieu urbain et 7 heures 13 min dans le milieu rural). Sans surprise, cette charge de travail a augmenté de 33 minutes durant la période de confinement.Le rapport s’est également penché sur la question de la violence à l’égard des femmes. Ainsi, on apprend que 57% d’entre elles ont été victimes d’un acte de violence en 2019. Les prévalences des violences économiques et sexuelles ont fortement augmenté. Elles sont passées respectivement de 8 à 15%, et de 9 à 14% entre 2009 et 2019. La violence faite aux femmes et aux filles reste principalement perpétrée au sein de l’espace conjugal et familial avec une prévalence de 52,1%, suivi du milieu éducatif avec un taux de 18,9% et du milieu professionnel (15,4%). Dans les espaces publics, la prévalence est de 12,6%.