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Le football marocain pleure l’homme au béret

L’ancien entraîneur de l’équipe nationale, Abdelkhalek Louzani, s’est éteint à l’âge de 76 ans dans son Essaouira natale. Joueur, puis entraîneur pendant les années 1970 en Belgique, il rentre au Maroc au début des années 1980, où il force le respect et modernise l’approche footballistique à plus d’un titre.

Le football marocain pleure l’homme au béret

Son style rimait avec rigueur et discipline, sa modestie et son amour du football ne faisaient aucun débat. C’est pour ces raisons, et bien d’autres, que le football marocain pleure la disparition de Abdelkhalek Louzani, décédé samedi  à l’âge de 76 ans, dans sa ville natale d’Essaouira. Avec sa posture toujours droite sur le banc, lunettes rondes et béret sur la tête, Louzani a surtout marqué une génération qui a découvert avec lui le football pragmatique basé avant tout sur la solidité et l’abnégation au service du groupe.
Ces deux traits ont d’ailleurs marqué le parcours de Louzani, depuis ses débuts sur les terrains avec l’ASS Essaouira en D2. Repéré par des recruteurs belges, il émigre au début des années 1960 à Bruxelles, où il découvre le RSC Anderlecht et son football total. Chez les «Mauves», Abdelkhalek passe 4 saisons où il remporte le Championnat et la Coupe de Belgique. Mais il manque de temps de jeu et il a surtout soif d’apprendre ce football «scientifique» basé sur la création d’espaces et les passes fluides. Ancré à Bruxelles, «Abdou» décide de rejoindre le Crossing Schaerbeek alors récemment créé, à l’issue d’une fusion de deux clubs de quartiers à forte présence de communauté immigrée (Schaerbeek et Molenbeek). Louzani y passe une dizaine d’années et à sa retraite, en 1977, il est déjà muni de son diplôme d’entraîneur. Il dirige l’Olympic Charleroi (D4) où il avait raccroché les crampons, avant de répondre à l’appel de la Nation en 1982. Louzani débarque au Moghreb de Tétouan, en prise à une crise financière. Au lieu d’exiger des recrutements, il surprend les dirigeants en leur demandant d’organiser un scouting dans la région pour dénicher les talents locaux et constituer une équipe pérenne. Sa méthode de travail lui permet de devenir vice-champion du Maroc avec l’Olympique de Khouribga en 1984, puis auteur du doublé Coupe-Championnat avec le Kawkab de Marrakech et champion arabe avec l’OCK en 1996.
Entretemps, il dirige le FUS, le MAT, l’IRT et l’équipe nationale, dans ce qui restera comme l’une des plus grandes injustices du football national. Prenant en charge les Lions de l’Atlas après une année 1992 catastrophique (premier tour à la CAN et premier tour aux JO), Louzani avait réussi à redonner confiance au groupe, en permettant à l’équipe nationale de garder toutes ses chances avant le match fatidique au Complexe Mohammed V en octobre 1993. Mais en juillet, un match nul en Égypte (1-1) éliminait les Lions de l’Atlas de la course vers la CAN 1994. Quelques jours plus tard, la sélection s’inclinait à Lusaka face à la redoutable Zambie. Deux coups durs qui ont poussé les dirigeants de la FRMF, en totale panique, à se séparer du technicien et le remplacer par le regretté Abdellah Blinda. Touché, mais pas coulé, Louzani poursuit sa carrière parmi les clubs de la Botola (SCCM, DHJ, JSM…), avant de se retirer, diminué par la maladie et l’ingratitude de dirigeants nés de la dernière pluie. Louzani s’en est allé ce 6 février, dans un contexte qui ne permet pas de lui rendre les hommages qu’il mérite. Mais le meilleur moyen de le faire, serait d’honorer sa mémoire. 

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