Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Société

La gestion inadéquate de l’hygiène menstruelle creuse l’inégalité de genre et entrave le plein respect des droits humains

Le simple fait biologique de la menstruation ne doit en aucun cas empêcher la fille de jouir de ses droits élémentaires ni constituer un obstacle à l’égalité des sexes. D’où la nécessité de sensibiliser à la gestion de l’hygiène menstruelle pour prévenir les conséquences néfastes liées à la santé de la fille et de la femme, et les incidences négatives sur leur capacité à bénéficier de leurs droits. C’est dans cette optique que l’UNFPA lance, à l’occasion de la Journée internationale de la fille, une campagne sur l’importance de l’hygiène menstruelle pour combattre la discrimination basée sur le genre.

La gestion inadéquate de l’hygiène menstruelle creuse l’inégalité de genre et entrave le plein respect des droits humains

Malgré certaines avancées en matière d’égalité de genre, des défis persistent encore, particulièrement ceux liés à l’accès des filles ou des femmes à une qualité de vie décente. La Journée internationale des filles, célébrée le 11 octobre, constitue une station importante pour faire bouger les choses et pour examiner les obstacles récurrents à l’émancipation de cette population. Parmi ces défis, on peut citer la gestion de l’hygiène menstruelle que le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) considère comme «une question de droits humains et aussi de santé publique».  C’est pourquoi il annonce le lancement d’une campagne pour sensibiliser à l’importance de cette action sanitaire prioritaire pour protéger les droits des filles, pour garantir leur plein potentiel ainsi que pour avancer dans l’égalité des sexes, combattre la discrimination basée sur le genre et prévenir les conséquences néfastes sur la santé des filles.  Le coup d’envoi de cette initiative sera donné en collaboration avec l’association Al Mouassat, Projet Soar, Insaf, et SOS Villages d’enfants Aït Ourir.

Précarité menstruelle, un facteur d’inégalités
Dans un entretien accordé au «Matin», Luis Mora, représentant de UNFPA au Maroc, estime que «chaque jour, environ 800 millions de filles et de femmes ont leurs règles à travers le monde. Processus naturel et sain chez les filles et les femmes en âge de procréer, la menstruation, qui devrait célébrer un passage important dans la vie d’une fille, peut pourtant devenir synonyme de honte, de peur, de trauma, de discrimination et de violences». Pis encore, ajoute-t-il, le manque d’hygiène menstruelle peut conduire à perpétuer le cercle intergénérationnel de pauvreté. «C’est un cercle vicieux qu’il va falloir briser pour répondre à l’engagement mondial de ne laisser personne pour compte d’ici à 2030. Les filles qui vivent dans les milieux les plus pauvres peuvent ne pas avoir assez de ressources pour se procurer des produits sains et adaptés, leur permettant de garder leur dignité et d’éviter des infections… près de 500 millions n’auraient pas les moyens de se procurer régulièrement des protections hygiéniques», alerte Luis Mora. 
Pour lui une gestion inadéquate de cette hygiène conduit à toutes les formes d’inégalité qui peuvent se creuser davantage à cause de l’abandon scolaire. «Les écoles qui ne disposent pas d’installations sanitaires privées, sûres et adaptées à la culture, ainsi qu’un approvisionnement en eau suffisant, sûr et abordable peuvent limiter la gestion de la santé menstruelle et conduire à la déperdition scolaire des filles», explique M. Mora. Il attire également l’attention sur d’autres  points importants, ceux du mariage forcé et de la grossesse précoce : «Plusieurs communautés continuent de considérer que les premières règles présentent le signe que la fille est prête pour une relation conjugale et pour la maternité». Selon les données dont dispose UNFPA au niveau mondial, «l’interruption des efforts déployés pour éliminer le mariage des enfants pourrait entraîner 13 millions de mariages précoces supplémentaires évitables entre 2020 et 2030».
  
Les obstacles à la gestion de l’hygiène menstruelle sont légion
Interpellé sur les obstacles qui se dressent devant la gestion de l’hygiène menstruelle, M. Mora répond qu’«il y a d’abord la stigmatisation qui empêche les femmes et les filles d’accéder aux soins nécessaires et qui fait régner de multiples mythes et idées reçues et fausses, comme le mythe de l’impureté qui génère l’exclusion des filles et des femmes à plusieurs niveaux. Le manque d’accès à l’eau, à l’assainissement ou aux produits d’hygiène a des effets néfastes et peut avoir des conséquences lourdes sur la santé et le bien-être des filles. Leurs connaissances limitées de leur corps et de leur santé, ainsi que le manque d’accès aux fournitures, services et soins de l’hygiène menstruelle peuvent conduire à leur déscolarisation», avertit le responsable.  
Le représentant de UNFPA au Maroc n’a pas manqué de rappeler que «le déclenchement de la pandémie de Covid-19 a eu des conséquences lourdes sur les avancées enregistrées. En matière d’accès aux fournitures, certains pays qui n’ont pas listé les protections hygiéniques comme produits de première nécessité au début du confinement ont dû faire face à des problèmes de livraison». Et ce n’est pas tout, «les mesures de confinement et de quarantaine ont, par ailleurs, empêché l’accès des filles et des femmes aux informations et aux services nécessaires», regrette M. Mora.  
Toujours selon notre interlocuteur, «l’hygiène menstruelle est aussi une question de santé publique». En d’autres termes, «l’accompagnement des filles en matière d’éducation sexuelle complète ainsi que par l’information, les services et les fournitures de l’hygiène menstruelle permet de prévenir les conséquences néfastes liées à leur santé sexuelle et reproductive. Au-delà, cette autonomisation a une portée durable dans la mesure où elle donne aux filles de meilleures possibilités pour gérer leur santé à l’avenir», dit-il. 
Pour transformer les contraintes en opportunité d’amélioration, la campagne UNFPA au Maroc lancée sur la sphère digitale sera accompagnée d’une série d’ateliers de proximité auxquels des dizaines d’adolescentes et de jeunes filles en situation de vulnérabilité prendront part. Ces ateliers représenteront un espace d’éducation, d’information, de sensibilisation, de conseil et d’autonomisation. 


Hygiène menstruelle, les conseils du gynécologue

Comment vivre au mieux les quelques jours des menstruations ? Nous avons posé la question à Dr Taher Berrada, gynécologue obstétricien contacté par nos soins. «Toutes les femmes possèdent un système de défense immunitaire naturel basé sur la flore vaginale, qui peut devenir néfaste en cas de défaillance de ce système à cause de maladies graves, notamment le diabète ou les infections», met en garde Dr Berrada qui souligne qu’une mauvaise hygiène intime peut être responsable de désagréments, tels que les irritations, les démangeaisons et les sensations de brûlures, dus à une infection en rapport avec des mycoses ou des bactéries. Pour éviter tous ces problèmes, le gynécologue obstétricien recommande aux menstruées de prendre certaines précautions et d’avoir conscience des règles d’hygiène à respecter. «Il faut changer les serviettes ou les tampons toutes les 4 à 6 heures, se laver les mains avant de les retirer et après chaque changement, opter pour les sous-vêtements en coton et les rincer à une température supérieure à 60 degrés. L’hygiène intime doit être adaptée à son corps. Il faut utiliser un gel hygiénique adapté tout en évitant les savons parfumés», conseille le praticien.

 

Lisez nos e-Papers