Menu
Search
Mardi 19 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Économie

La gestion participative de l’eau au Maroc, le défi à remporter

La gestion des ressources hydriques a toujours constitué une priorité pour le Maroc dont la situation géographique expose à d’importants risques de changements climatiques qui impactent déjà plusieurs domaines, en particulier l’eau. L’évolution accélérée des besoins, la multiplicité des usagers (agriculture, eau potable, industries), d’une part et la diminution des ressources en eau renouvelables par personne, d’autre part, impliquent une réflexion sans cesse renouvelée et approfondie sur des solutions efficaces et pratiques.

La gestion participative de l’eau au Maroc, le défi à remporter

Le Maroc suit une politique proactive et ambitieuse à long terme en matière de gestion des ressources en eau, grâce à la vision sage et clairvoyante de feu S.M. Hassan II qui consistait en la construction de barrages pour emmagasiner et préserver les ressources en eau durant les années à forte pluviométrie en vue d’en faire usage en cas de pénurie. Et c’est cette même vision clairvoyante qu’a fait sienne, tout en la consolidant, S.M. le Roi 
Mohammed VI qui a permis à notre pays de «se doter d’une importante infrastructure hydrique pour mieux répondre aux besoins en eau, sans cesse croissants, dans le présent et dans le futur».
En harmonie avec l’intérêt que S.M. le Roi accorde à cette question, les acteurs du secteur public et privé conjuguent leurs efforts pour relever le défi et placent la politique hydrique au cœur de leurs programmes. C’est dans cette vision que s’inscrivent deux stratégies prioritaires du Royaume à savoir le programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 et le plan national de l’eau 2020-2050, «qui seront exécutés parallèlement à la poursuite de la mise en œuvre des programmes inhérents à la gestion de l’eau, considérés comme des programmes ambitieux de nature à contribuer à la réalisation de la sécurité hydrique», avait indiqué le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani.
Concernant le programme prioritaire national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation, un budget de 115 milliards de DH a été alloué à son exécution, dont 61 milliards de DH iront au renforcement de l’offre hydrique et 25,1 milliards de DH serviront à la gestion de l’offre et la mise en valeur de l’eau. En outre, 26,9 milliards de DH seront affectés au renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, 2,3 milliards DH à la réutilisation des eaux usées et 50 millions de DH à la communication et à la sensibilisation.

Quant au deuxième programme, il porte sur le plan national de l’eau 2020-2050, pour un budget qui s’élève à 380 MMDH destiné à la construction de 30 nouveaux grands barrages à l’horizon 2050. «Ce programme constitue une feuille de route pour faire face aux défis futurs en matière de gestion et de préservation des ressources hydriques conformément aux dispositions de la loi 36-15 relative à l’eau et qui fait obligation à notre pays d’adopter un plan national de l’eau s’étendant sur 30 ans et qui se situe dans le prolongement du programme prioritaire national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation», avait précisé le chef du gouvernement.
Ce plan permettra également d’assurer le niveau idoine de coordination et de sélectivité entre les différents acteurs et intervenants pour une mise en œuvre optimale des stratégies en vigueur. Pour ce plan, le gouvernement s’est engagé à mettre en place un échéancier précis pour en réaliser les composantes, ainsi que des mécanismes de suivi et d’évaluation nécessaire à sa mise en œuvre au niveau central par le biais de la commission ministérielle de l’eau et à l’échelon régional, avait assuré 
M. El Othmani. Parallèlement au plan national de l’eau, le gouvernement s’attelle à préparer les documents de planification au niveau des bassins hydriques, à savoir les plans d’orientation de l’aménagement intégré des ressources en eau, conformément à la loi 36-15 relative à l’eau qui détermine, en conformité avec les orientations du plan national de l’eau, les besoins en eau de tous les secteurs ayant recours à cette denrée.

Gestion des ressources en eau, le défi de toujours
Le Maroc dispose actuellement d’un important capital d’ouvrages hydrauliques en cours d’exploitation, consistant en 145 grands barrages avec une capacité de retenue de plus de 18,6 milliards de mètres cubes et 130 petits barrages, auxquels s’ajoutent 14 grands barrages pouvant mobiliser un total de 3,2 milliards de mètres cubes et 20 petits barrages en cours de réalisation. Malgré ce constat, les défis restent colossaux. En témoigne une dernière étude de la Banque mondiale sur les risques du changement climatique sur le Maroc. En effet, le rapport fait état d’une situation inquiétante des ressources en eau renouvelables par personne qui ont diminué de près de 60% depuis 1960 et qui sont inégalement réparties à travers le pays. Trois autres constats sont à retenir comme des signaux d’alarme pour notre pays : la hausse des températures et l’irrégularité des précipitations impliquant une réduction du débit des rivières et une augmentation de l’évaporation et l’envasement des barrages de stockage, ce qui a entrainé une réduction de 20% des ressources en eau globales au cours des 30 dernières années. Les réservoirs de certains barrages qui continueront à diminuer. Le rapport cite le barrage Hassan Addakhil et Idriss 1er dont les réservoirs devraient diminuer de 7 à 40% d’ici 2080. Et l’augmentation de la demande d’irrigation, qui consomme déjà 90% de l’eau disponible, même si seulement 13% des terres cultivées sont irriguées.

Gestion intégrée, c’est aussi de l’eau pour et par ses utilisateurs
La gestion durable de l’eau passe inévitablement par une gestion intégrée et participative qui implique notamment les usagers et les acteurs locaux dans la gestion des ressources qui les concernent. Le Maroc a, à cet effet, construit sur des décennies un mode de gouvernance qui s’améliore et s’enrichit progressivement. On cite ainsi la nouvelle loi 36-15 sur l’eau qui fixe «les règles d’une gestion intégrée, décentralisée et participative des ressources en eau pour garantir le droit des citoyennes et des citoyens à l’accès à l’eau et en vue d’une utilisation rationnelle et durable et une meilleure valorisation quantitative et qualitative de l’eau, des milieux aquatiques et du domaine public hydraulique en général». Elle détermine également les règles de prévention des risques liés à l’eau pour assurer la protection et la sécurité des personnes, des biens et de l’environnement. L’autre pilier de ce mode de gouvernance est une organisation qui favorise la gestion décentralisée et participative. Le Maroc a adopté la gestion décentralisée par bassin hydraulique depuis les années 90 à travers la création des Agences de bassins hydrauliques dénombrées actuellement à 10 agences. 

Lisez nos e-Papers