Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé mercredi une nouvelle hausse du salaire minimum dont la première tranche est jugée insuffisante par les syndicats tandis que le patronat craint qu’elle sape la reprise.
«Il n’y aura pas de reprise économique si cette reprise n’est pas juste, si elle n’atteint pas toutes les couches de la société», a déclaré le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez lors d’un discours marquant la rentrée politique.
«C’est pourquoi la volonté du gouvernement est d’engager une augmentation immédiate du salaire minimum pour le reste de l’année», a poursuivi M. Sanchez, réitérant son objectif de porter ce revenu à 60% du salaire moyen d’ici la fin de la législature en 2023.
Cette annonce est survenue alors que des négociations se sont ouvertes mercredi entre le ministère du Travail et les responsables syndicaux et patronaux sur le niveau du salaire minimum (SMI), actuellement de 1.108 euros bruts mensuels sur douze mois.
Lors de cette rencontre, le ministère «a proposé un accord sur trois ans» avec des revalorisations «de 15 euros» pour cette année «et de 31 euros pour 2022 et 2023», a indiqué dans un communiqué le syndicat Commissions ouvrières (CCOO), en appelant l’exécutif à se montrer plus ambitieux.
«La hausse de 15 euros proposée par le gouvernement est totalement insuffisante dès lors qu’on prend en compte la hausse du coût de la vie (électricité, alimentation, gaz)», a abondé sur Twitter le secrétaire général du syndicat UGT.
Le patronat a également critiqué la proposition du gouvernement, en raison de ses effets sur le coût du travail. «Nous pensons que ce n’est pas le moment», a souligné Antonio Garamendi, président de la Confédération CEOE, en rappelant que nombre d’entreprises étaient fragilisées par la crise de la Covid-19. Les discussions entre gouvernement et partenaires sociaux doivent reprendre le 6 septembre.
En 2019, le gouvernement de M. Sanchez avait déjà augmenté le salaire minimum de 22%, à 1.050 euros bruts. Cette revalorisation avait été suivie d’une seconde hausse de 5,5% en janvier 2020. Ces hausses, les plus importantes depuis des décennies, sont destinées à hisser le salaire minimum espagnol – jusqu’alors très faible – au niveau de celui de ses voisins européens.