Le grand compositeur Mohamed Belkhayat nous quitte

Le défunt Mohamed Belkhayat a participé, aux côtés d’autres créateurs de sa génération, à renouveler la chanson marocaine moderne, en l’imprégnant du riche héritage marocain dans toute sa diversité patrimoniale. Comme il a veillé à garder les origines de la chanson marocaine au niveau de la composition et de l’utilisation des rythmes marocains et des «maqamat» en particulier. Mohamed Belkhayat a été à l’origine de l’émergence de plusieurs chanteurs dans la scène artistique. Il a, ainsi, collaboré avec de nombreux paroliers et des voix marocaines très connues, notamment le regretté Imad Abdelkébir avec les chansons «Rajeâ li tani bel afrah» et «Hbabna mahla malqakoum», Naima Samih dans «La Chakoua Tfid» et «La tahrimouni min oualfi», Bachir Abdou dans «Kount Sghir» et «Wenta Daiz Tal Alina», Amal Abdelkader dans «Khallik Qbalet Aini»... Puis, la chanteuse Fatema Mekdadi avec «Shaibi» et «Hobna mantahach», ou encore Mohamed El Ghaoui qui a chanté son tube très réputé «Al Ghourba» qui lui a ouvert les portes du succès.
«Mon amitié avec le défunt a duré près d’un demi-siècle. Et ce, depuis l’émission “Mawahib” du Moussiqar feu Abdenbi Jirari où nous nous sommes connus. On était très jeunes et on se voyait presque chaque dimanche. En ces temps, Mohamed Belkhayat était encore étudiant au Conservatoire et jouait parfaitement du luth. Mais, on ne savait pas qu’il avait ce don de la composition. Ce n’est qu’au moment où feu Jirari lui a demandé de me composer une chanson qu’on a découvert cette graine en lui. Puis, il a commencé petit à petit à être connu et respecté pour ses compositions qui respectent aussi bien notre patrimoine musical que le côté académique qu’il maîtrisait. Quand on écoute les chansons du regretté, on est touché par sa marocanité et son côté scientifique. Sans oublier que ce grand compositeur a aussi formé plusieurs générations en matière de solfège et de luth. Comme il était connu pour sa bonté et sa générosité dans les relations humaines et sa satisfaction de son destin. Moi qui l’ai beaucoup côtoyé, je le considère comme un être exceptionnel et un frère que j’aimais et je considérais. On a collaboré dans presque 80 chansons. Il a laissé quatre enfants tous de grands musiciens de différents instruments. Que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde», témoigne l’artiste Mohamed El Ghaoui. Toutefois, en plus de son grand répertoire dans la chanson émotionnelle, Mohamed Belkhayat est, aussi, à l’origine de beaucoup de chansons patriotiques et opérettes qu’il a créées lors des glorieuses occasions nationales.
À noter que le défunt Mohamed Belkhayat, natif de Rabat en 1951, a enseigné, pendant plus de quarante ans, au Conservatoire national de musique et de danse de Rabat, le solfège et le luth, en plus de son accréditation, en tant que compositeur, auprès de la Radio nationale et de l’Orchestre Royal.