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Les grandes entreprises publiques à l’agonie

Tunisair et la Compagnie des phosphates de Gafsa, deux poids lourds du secteur public tunisien, sont aux abois, la pandémie de Covid-19 et l’instabilité politique ayant accentué la fragilité de ces mastodontes plombés par les dettes, des effectifs pléthoriques et une gestion défaillante.

Les grandes entreprises publiques à l’agonie
Tunisair compte environ 7.600 employés pour 26 avions, dont seulement sept sont opérationnels. Ph. DR

Le gouvernement tunisien contrôle 110 entreprises dans les secteurs des transports, de l’industrie et des services, entre autres. Pillées par le régime de Ben Ali jusqu’à sa chute en 2011, ces sociétés publiques n’ont depuis pas trouvé d’équilibre, en raison d’un manque de stratégie sur le long terme et de conflits sociaux à répétition. Les réformes réclamées de longue date pour assainir les comptes publics n’ayant pas été concrétisées, certaines sont au bord de la faillite. «L’heure est aux plans de sauvetage, plus aux réformes», a récemment averti le ministre des Transports, Moez Chakchouk. La compagnie aérienne nationale Tunisair a vu ses comptes bloqués à la mi-février en raison d’impayés à l’opérateur aéroportuaire franco-turc TAV Airports. D’intenses négociations ont été nécessaires pour éviter une cessation de paiement, avec impossibilité de verser les salaires. Tunisair compte environ 7.600 employés pour 26 avions, dont seulement sept sont opérationnels. Trois plans de restructuration ont été présentés en Conseil des ministres depuis 2012 mais sont restés lettre morte. La pandémie a en outre fait chuter de 70% le chiffre d’affaires de l’entreprise en 2020, avec seulement un million de passagers, contre 3,4 l’année précédente. Enfin, sa dette atteint désormais 290 millions d’euros. Autre ancien fleuron de l’économie, la Compagnie des phosphate de Gafsa (CPG), qui exploite l’une des rares ressources naturelles du pays, peine elle aussi à payer les salaires de ses employés. L’entreprise a vu sa production s’effondrer en une décennie, en raison d’un manque d’investissements et de troubles sociaux à répétition pour réclamer emplois et mesures de développement dans la région marginalisée du centre-ouest, où est extrait ce minerai servant à fabriquer de l’engrais. La Tunisie, qui en produisait 8 millions de tonnes en 2010, n’en extrait plus que 2,7 à 4 millions de tonnes par an 3,1 en 2020, selon l’ex-ministre des Finances Mohsen Hassen. La révolution de 2011, réclamant «travail et dignité», a fait naître d’immenses attentes sociales. Les gouvernements successifs ont tenté d’y répondre en créant des emplois subalternes dans le secteur public pour acheter la paix sociale. Ces embauches non productives ont entraîné «un effet boule de neige» à la CPG, souligne M. Hassen. Le Complexe chimique tunisien, qui transforme le phosphate, ou encore la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) sont également en grande difficulté. Pour l’économiste Hakim Ben Hamouda, il faut un «diagnostic approfondi» de ces entreprises, dont certaines n’ont pas publié de comptes depuis plusieurs années, et instaurer «un état d’urgence économique» pour mettre en place des réformes. 

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