Menu
Search
Dimanche 05 Mai 2024
S'abonner
close
Dimanche 05 Mai 2024
Menu
Search
Accueil next Culture

Khalid Benzakour : «Mon deuxième roman “Il faut que jeunesse se cache” traite de la jeunesse marocaine et des libertés individuelles»

L’écrivain et journaliste Khalid Benzakour aborde le thème de la condition de la femme dans son roman «Hasard, mektoub, ou miracle ?» publié chez les éditions Harmattan. Son deuxième roman traite des libertés individuelles. Ce conseiller pédagogique et passionné d’écriture nous parle de ses deux livres.

Khalid Benzakour : «Mon deuxième roman “Il faut que jeunesse  se cache” traite de la jeunesse marocaine et des libertés individuelles»

Le Matin : «Hasard, mektoub ou miracle ?» est votre premier roman. Qu’est-ce qui vous a donné envie de l’écrire ?
Khalid Benzakour
: En parallèle avec ma carrière d’enseignant-chercheur en automatique puis de directeur d’une école de l’enseignement supérieur, j’ai participé à la rédaction d’ouvrages scientifiques, j’ai signé des tribunes et articles de presse. D’une manière générale, j’ai toujours aimé écrire et mon souhait final était d’écrire des romans ; «Hasard, mektoub ou miracle ?» est mon premier aboutissement. Ce roman est inspiré d’une autobiographie familiale. Il est particulièrement important pour moi dans le sens où le cœur de cette histoire m’a marqué depuis mon enfance. Plus qu’une simple envie d’écrire, cet ouvrage est une thérapie pour moi.

Pouvez-vous nous parler un peu de ce roman ?
Alia a perdu sa maman à la naissance dans la maternité de la maréchale Lyautey à Rabat pendant le protectorat français. Devant le poids des croyances et des superstitions, elle est perçue par son entourage comme un porte-malheur qui a tué sa maman. Depuis, c’est la vie de Alia, de son père Fadil, et de sa sœur aînée Lina qui bascule. Un malheur ne venant pas seul, Fadil apprend à ses dépens qu’il n’a pas la garde de ses filles. Il faut dire qu’à l’époque au Maroc la garde des enfants était accordée systématiquement à la belle-mère, Dieu merci les textes ont évolué depuis. Fadil ne ressemble pas à l’écrasante majorité des hommes de l’époque qui préfèrent que les enfants restent chez la belle-mère pour ainsi pouvoir refaire leur vie avec une femme plus jeune. Fadil va mener un combat sans relâche contre sa belle-mère avec qui il ne s’entend pas et qui va le faire chanter.
Alia la maudite et Fadil l’instruit, l’intègre, le bon vivant, mais aussi et surtout le charmeur vont connaître des attachements avec des mamans de cœur puis des déchirements. Chacun à sa manière va vivre d’autres drames, des histoires d’amour, des déceptions, mais aussi des joies.

Dans ce roman, vous abordez la condition féminine au Maroc. Avez-vous voulu faire passer un message, réveiller les consciences, ou simplement raconter une histoire comme une autre ?
Ce n’est pas un essai ou une thèse sur la condition féminine. «Hasard, mektoub ou miracle ?» est avant tout un roman sur la vie difficile de Alia et de son père Fadil mais si, comme vous le dite, cela peut contribuer à réveiller les consciences pourquoi pas ! L’histoire de «Hasard, mektoub ou miracle ?» se déroule depuis 1952, pendant le protectorat français, à nos jours. Quatre générations y sont illustrées. À travers elles, le lecteur vit l’évolution de la société et implicitement la condition de la femme marocaine puisque c’est de la vie d’une femme, Alia, dont il s’agit. Notre culture et le poids de nos traditions sont forcément mis en lumière dans ce livre : ils montrent comment ils peuvent être à l’origine de freins à l’épanouissement des femmes par rapport à leurs homologues masculins au sein d’une même famille. Enfin, des dialogues inter-générationnels laissent chacun se faire sa propre opinion, car souvent nous ne sommes pas toujours d’accord dans notre société sur les causes et encore moins sur les solutions. Nous voulons un modèle d’une société moderne ouverte sur le monde et attachée à sa culture et à ses traditions. Un équilibre difficile à obtenir.

Vous préparez aussi un nouveau roman...
Mon deuxième roman «Il faut que jeunesse se cache» est en cours d’édition. À travers la folle histoire d’amour de Myriam, une Marocaine, et Alex, un Gabonais chrétien, ainsi qu’à travers plusieurs autres récits, le lecteur va découvrir la vie à l’intérieur d’un microcosme, Platon, qui est un institut privé de l’enseignement supérieur à Casablanca. Son directeur pédagogique, Latif, se trouve confronté à des situations aussi inextricables les unes que les autres. Pour y faire face, il est amené à jouer le rôle de psychologue ou d’assistante sociale, sans aucune formation, ni en sociologie, ni en psychologie et encore moins en secourisme. Il a souvent des moments de solitude face à ses incompétences, aux maux de la société, à l’organisation de certaines cellules familiales ou à des conflits inter-générationnels et ne trouve souvent de solutions qu’en se comportant en bon père de famille ! «Il faut que jeunesse se cache» est un roman qui traite de la jeunesse marocaine et des libertés individuelles. Le lecteur va comprendre comment vit une partie des jeunes marocains. Il va se rendre compte qu’ils ont les mêmes besoins et les mêmes envies que les jeunes Occidentaux, mais qu’ils sont contraints de les vivre cachés de l’ensemble de la société.

Comment écrivez-vous ? J’entends par là cette évolution à partir de l’éclosion du sujet et jusqu’à sa mise en écriture.
On apprend à écrire un roman comme on apprend les techniques en dessin ou en musique. Construire un plan, rendre les personnages attachants, écrire des dialogues vivants et bâtir une intrigue solide qui tient le lecteur en haleine, cela s’apprend. Pour ma part, j’ai suivi une formation de romancier qui m’a beaucoup aidé. J’ai réalisé combien elle était indispensable pour un écrivain débutant à moins de s’appeler Molière. Personnellement, ma formation d’informaticien et d’automaticien m’a beaucoup aidé à développer le plan de mon roman pour aller au bout d’un manuscrit. J’adopte la méthode descendante par raffinages successifs. C’est une technique connue chez les informaticiens et qu’on applique pour développer un algorithme à partir de spécifications fonctionnelles. Par ailleurs, ces méthodes sont bien nécessaires, mais loin d’être suffisantes : l’imagination et l’esprit créatif sont la clé de voûte d’un bon roman.

Que représente l’écriture pour vous ?
Pendant le confinement de 2020 et la décision-surprise du Maroc de fermer les frontières terrestres, maritimes et aériennes, nous sommes restés bloqués, mon épouse et moi, pendant 4 mois et demi en France. Cet état de fait m’a permis de mener une réflexion profonde sur moi pour changer ma vie, suivre des formations et me consacrer à l’écriture de romans. C’est une nouvelle passion qui me fait beaucoup de bien, me repose, me vide l’esprit et me permet de m’évader dans mon imagination. 

Lisez nos e-Papers