Les décisions prises pour contrer la propagation du virus ont directement impacté les activités économiques, donc la production, puis l’investissement et donc l’utilisation de tous les facteurs de production, y compris le facteur humain», explique le DG de l’Anapec, Abdelmounaim Madani, invité de l’émission «L’Info en Face», pour dire que l’impact de la crise sur l’emploi est une évidence et qu’aucun pays au monde n’a été épargné de ces conséquences. Face à cette réalité, l’entrepreneuriat devient l’une des solutions capables de promouvoir l’emploi. «Il faut que nos jeunes prennent la décision d’aller vers l’entrepreneuriat et chercher l’accompagnement nécessaire tout au long du processus de création de l’entreprise», indique M. Madani. C’est d’ailleurs l’une des missions de l’Anapec qui multiplie les programmes d’accompagnement des jeunes entrepreneurs en les sensibilisant à l’importance d’entreprendre et à la nécessité de tirer profit des solutions mises à disposition. «L’accompagnement est l’une des premières missions de l’agence. Je regrette juste que nos capacités restent limitées en termes de ressources humaines et notamment les experts du domaine de l’entrepreneuriat qui sont près de 130 personnes qui devront couvrir l’ensemble du territoire», précise l’invité de «L’Info en Face» tout en soulignant que «la mission d’accompagnement devrait être une action universelle. C’est un droit de la personne qui veut se lancer dans l’entrepreneuriat.
L’accompagnement, nerf de guerre de l’entrepreneuriat
L’écosystème entrepreneurial s’est, certes, développé au Maroc au fil des années, mais le modèle mis en place semble ne pas répondre complètement à l’objectif capital qui est de ramener les bonnes idées au bon port et au final de créer une entreprise, des emplois et surtout réaliser de la performance et de la croissance. Sur les composants de cet écosystème et leurs rôles, il y a débat ! Selon le DG de l’Anapec, le rôle de chaque acteur, que ce soit l’État ou les partenaires privés, dépend de la stratégie choisie pour réussir l’accompagnement de l’entrepreneuriat. «Si la sensibilisation commence dès l’école, c’est donc plutôt le rôle de l’État qui est à mettre en avant. Il doit ainsi donner aux jeunes tous les ---éléments pour développer l’orientation vers l’entrepreneuriat comme étant, certes un business, mais une manifestation de citoyenneté avec une batterie de devoirs notamment celui de travailler dans le formel», explique M. Madani.D’ailleurs, selon une étude, réalisée par Adil Khalis, expert spécialisé sur les questions de l’entrepreneuriat et du développement des entreprises et pilotée par les Services du Chef du gouvernement sur la période mai-septembre 2019, dont les résultats ont été publiés récemment, dresse un constat assez alarmant à ce niveau. «L’écosystème d’accompagnement entrepreneurial manque de maturité et souffre de diverses carences et faiblesses faisant que ses acteurs ne remplissent pas pleinement leur rôle», révèle l’étude intitulée «Diagnostic des acteurs et initiatives de l’entrepreneuriat au Maroc». Et de poursuivre que la fragilité financière due au manque d’appui financier en faveur des structures d’accompagnement, couplée au problème d’absence de coordination entre les intervenants et de communication sur les mécanismes et dispositifs d’appui, constitue les véritables contraintes à l’émergence d’un écosystème d’accompagnement entrepreneurial performant et efficace au Maroc.Quant à l’offre, au regard de l’énorme besoin en accompagnement constaté, le diagnostic a révélé qu’à l’exception de celle – assez suffisante – destinée aux startups à fort potentiel de croissance, l’offre en accompagnement technique et financier, au profit d’autres profils d’entreprises, est faible en quantité et qualité au niveau de toute la chaîne de valeurs entrepreneuriale. «Aussi, on note l’inexistence d’offres destinées aux entreprises en difficulté pour leur sauvegarde, ni d’offres pour valoriser et améliorer la résilience des entrepreneurs après un échec entrepreneurial en les incitant à rebondir». Voilà ce qui est dit !L’entrepreneuriat, une piste de relance
Face à une situation de crise et l’hécatombe en matière d’emploi, redynamiser les processus d’accompagnement à l’entrepreneuriat devient une urgence pour faire de ce dernier un des leviers de la relance économique. «Les jeunes aujourd’hui n’ont qu’un seul choix : contribuer eux même à la création de l’opportunité de leur insertion. Certes, l’État doit être plus présent pour accompagner ces jeunes, mais ils doivent surtout cultiver une confiance et une considération de soi. C’est de là que découle l’autonomie dans l’élaboration de leur propre projet de vie. Et pour cela, il faut un bon accompagnement», indique l’invité du «Matin».Comme l’État, l’entreprise se doit également d’assumer son rôle d’accompagnement pour dynamiser l’écosystème entrepreneurial. Selon M. Madani, c’est un chantier de longue haleine puisque «notre système n’est pas confectionné de manière à ce que l’entreprise assume la totalité de la responsabilité». Aussi compliqué que cela paraisse, le DG de l’Anapec dit avoir de l’espoir pour que, dans ce contexte difficile, tous les acteurs qui se sont montrés solidaires face à la crise réfléchissent à la nécessité de revisiter leur manière de contribuer à la vie collective notamment par l’amélioration de l’employabilité et l’accompagnement à l’entrepreneuriat.Quel rôle de l’Anapec ?
«Le rôle de l’Anapec dans cette dynamique est d’assurer un accompagnement vers l’insertion que ce soit dans le milieu du salariat ou dans le milieu de l’entrepreneuriat», explique le DG de l’agence. D’ailleurs, selon lui, c’est cette orientation vers l’entrepreneuriat qui est souhaité «pour un pays où la surface productive n’est pas suffisante pour assimiler toute la richesse démographique dont on dispose».Mais, au-delà d’être la solution pour redynamiser l’écosystème de l’entrepreneuriat, l’accompagnement est un droit. C’est d’ailleurs l’une des orientations du plan d’action de l’Anapec qui se donne comme mission de se rapprocher des jeunes dans les différentes régions du Royaume, notamment le monde rural, pour les accompagner dans leurs projets d’entreprises. «Nous sommes redevables aux jeunes. Ils doivent frapper à nos portes et nous sommes tenus de les écouter et les accompagner et, le cas échéant, leur expliquer les limites de notre action. Certes, nos ressources restent limitées, mais on a l’ambition de bien faire et nous réalisons un taux satisfaisant de transformation d’idées en actions réelles d’entrepreneuriat et nous avons l’espoir de donner de la part dans notre volume d’activité à l’entrepreneuriat», note le DG de l’Anapec qui n’a pas manqué d’appeler les jeunes à frapper fort à la porte de l’Agence et réclamer leur droit à être accompagnés pour une meilleure autonomie et une insertion dans le monde de l’entrepreneuriat.Comment améliorer l’écosystème d’accompagnement entrepreneurial ?
L’étude intitulée «Diagnostic des acteurs et initiatives de l’entrepreneuriat au Maroc», réalisée par Adil Khalis, expert spécialisé dans les questions de l’entrepreneuriat et de l’emploi et pilotée par le département du Chef du gouvernement, a été menée pour établir un diagnostic des initiatives et acteurs de l’entrepreneuriat ainsi que de proposer une feuille de route assortie de quicks-wins permettant de développer la dynamique entrepreneuriale au Maroc, en tant que sujet transversal concernant plusieurs acteurs publics et non étatiques. L’étude propose ainsi quelques pistes de travail pour améliorer et renforcer l’écosystème d’accompagnement entrepreneurial en mettant en œuvre les actions structurantes suivantes :
• Professionnaliser les structures d’appui en vue d’améliorer leur performance sur le plan quantitatif et qualitatif à travers une capacitation d’ordre financier et logistique de leurs structures.• Dynamiser l’écosystème en encourageant à la coordination et à la coopétition créatrice de synergies.• Assurer une bonne communication auprès de toute la population en âge de travailler (15-64 ans) sur les dispositifs d’accompagnement sur le plan national, régional, et local.