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«L’activité R&D de l’ONEE vise à mieux préparer l’avenir dans le cadre d’une approche de développement durable et d’une gestion optimale des investissements»

Le Matin : Quelles sont les priorités stratégiques de l’ONEE en tant que garant de la continuité de l’alimentation du Maroc en eau potable et acteur majeur dans le domaine de l’assainissement liquide ?
Abderrahim El Hafidi : Inspiré des Hautes Orientations Royales et en cohérence avec la Stratégie nationale de l’eau et les programmes gouvernementaux, l’Office a adopté, dans les domaines de l’eau potable et de l’assainissement liquide, une vision stratégique déclinée selon les quatre axes suivants :
• Renforcement, pérennisation et sécurisation des installations d’alimentation en eau potable.
• Amélioration des performances techniques afin d’accroître l’efficience des installations et de lutter contre le gaspillage de l’eau.
• Généralisation de l’accès à l’eau potable en milieu rural.
• Intervention active dans le domaine de l’assainissement liquide, et ce, pour contribuer à l’amélioration des conditions sanitaires des populations et préserver l’environnement.
Ainsi, et grâce à un processus de planification dynamique et un effort d’investissement important, l’intégralité des populations urbaines a accès à l’eau potable, et ce, malgré les années de sécheresse sévère qui se sont succédé. D’autre part, l’importance accordée au milieu rural a permis d’atteindre un taux d’accès à l’eau potable dans ce milieu de 97,8% en 2020. Quant au domaine de l’assainissement liquide, l’Office a réalisé de nombreuses installations d’assainissement liquide contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie des populations et à la préservation de l’environnement, et particulièrement des ressources en eau.

L’ONEE a engagé d’importants investissements pour accompagner la dynamique économique et sociale du Royaume. Pourriez-vous nous en dire plus ?
En effet, les réalisations importantes de l’ONEE ont été rendues possible grâce à un effort d’investissement considérable qui a atteint près de 16 milliards de dirhams durant la période 2017-2020, dont plus de 9,3 milliards de dirhams investis pour renforcer la capacité de production et de distribution d’eau potable de l’Office, 3,9 milliards de dirhams dédiés à la généralisation de l’accès à l’eau potable en milieu rural et 2,8 milliards de dirhams pour le secteur de l’assainissement liquide.
Ces investissements seront renforcés durant l’exercice 2021 avec un budget prévisionnel dépassant 5,4 milliards de dirhams répartis comme suit :
• Renforcement de la production et de la distribution d’eau potable : 3,1 milliards de dirhams.
• Généralisation de l’accès à l’eau potable en milieu rural : 1,4 milliard de dirhams.
• Assainissement liquide : 0,9 milliard de dirhams.
Aussi, et dans le cadre du Programme national pour l’alimentation en eau potable et l’irrigation 2020-2027, l’Office a planifié un investissement de 38,7 milliards de dirhams visant les axes majeurs suivants :
• Développement de l’offre pour un montant de 25 milliards de dirhams à travers l’équipement d’un débit supplémentaire de 16 m³/seconde (1,4 million de m³ par jour) dont près de 3 m³/s (0,26 million de m³ par jour) par dessalement d’eau de mer.
• Gestion de la demande, économie et valorisation de l’eau pour un montant de 5,4 milliards de dirhams à travers l’amélioration des performances techniques des installations de production et de distribution d’eau potable et le renforcement de l’autonomie de réserve par la construction de réservoirs pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable.
• Renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural pour un montant de 8,3 milliards de dirhams et visant la généralisation de l’accès à l’eau potable.

L’innovation et la recherche sont la clé pour une meilleure gestion du secteur. Quelle est la stratégie de l’ONEE dans ce sens ?
Le secteur de l’eau potable et de l’assainissement liquide est un secteur vital soumis en permanence à d’importantes mutations sous l’influence des évolutions socio-politiques, des révolutions technologiques, des pressions économiques… C’est dans ce contexte que l’ONEE suit de très près ces mutations pour y faire face en entreprenant, entre autres, une activité R&D visant à mieux préparer l’avenir dans le cadre d’une approche de développement durable et d’une gestion optimale des investissements. L’objectif stratégique que s’est fixé l’ONEE est d’œuvrer à travers la R&D et le renforcement des capacités au développement d’un système de gouvernance, des modes de gestion, des technologies innovantes, adaptées et adaptables, dans le but d’assurer un service performant d’eau et d’assainissement à tous les citoyens, en particulier les plus pauvres d’entre eux, à un prix abordable, et ce, dans le cadre d’une démarche de développement durable. Durant les quatre dernières années, plusieurs projets ont été réalisés ou initiés avec les universités, les écoles d’ingénieurs et les centres de recherches marocains ou étrangers afin de proposer des solutions innovantes pour résoudre des problèmes d’exploitation des installations ou en encore d’en optimiser le fonctionnement. Les résultats ont été probants et ont permis de rectifier et d’adapter les CPS ONEE, d’identifier les causes et les solutions pour des problématiques d’exploitation, de concevoir des guides techniques de procédés innovants…
Par ailleurs, et dans l’objectif de tester des procédés développés par les entreprises innovantes et étudier leur adaptabilité au contexte marocain, l’Office procède à leur expérimentation moyennant des essais et tests pilotes sur site au niveau des installations de l’ONEE. L’évaluation de la performance de ces essais est établie afin d’orienter le choix des solutions testées et d’explorer la possibilité d’y avoir recours par les concepteurs et les exploitants des projets. À titre d’exemple, on peut citer le projet «Rainmaker» concernant les tests pilotes pour la production d’eau potable à partir de ressources non conventionnelles à l’aide de technologies innovantes. Ledit projet, qui avait fait l’objet d’un accord de partenariat global signé en mai 2019, porte sur la production de l’eau potable à partir de ressources non conventionnelles (l’humidité de l’air et les eaux saumâtres), et ce, dans une perspective d’approvisionner les localités de petite taille où les ressources en eau se font rares ou sont difficilement exploitables.
À un niveau industriel, l’Office assure une veille technologique qui lui permet d’utiliser les dernières technologies dans ses domaines d’activité. Ainsi, et à titre d’illustration, les projets de dessalement que développe l’Office intègrent les technologies de pointe dans ce domaine contribuant à optimiser aussi bien le coût d’investissement que les charges d’exploitation.

Quelle est la vision de l’Office pour une approche participative dans la gestion de l’eau ?
En sa qualité de planificateur et producteur national de l’alimentation en eau potable, l’Office participe activement à l’élaboration des documents de planification du secteur, notamment les Plans d’aménagement intégré des ressources en eau (PDAIRE) et le Plan national de l’eau (PNE). La contribution de l’ONEE dans l’élaboration de ces documents se fait particulièrement à travers l’expression de la demande en eau potable au niveau des différentes localités du pays à différents horizons et jusqu’en 2050, ainsi que l’identification, avec les différentes parties prenantes, des ressources en eau à équiper ou à mobiliser pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande dans les meilleures conditions de coût et de qualité. D’autre part, l’Office contribue à l’élaboration des différents dispositifs législatifs et réglementaires en relation avec ses activités dans le domaine de l’eau. Par ailleurs, la méthodologie de mise en œuvre des projets d’alimentation en eau potable en milieu rural est basée sur l’approche participative, organisée selon une démarche intégrée de manière à impliquer les communes et les usagers. Cette approche, dont l’objectif est que les bénéficiaires adhèrent au projet et se l’approprient en vue d’en assurer la réussite et la durabilité, vise à assurer la participation active et responsable de l’ensemble des partenaires depuis le début des projets jusqu’à la remise des ouvrages et le suivi de l’utilisation de l’eau.
La démarche participative est concrétisée par le biais de campagnes d’animation sociale, organisées par des équipes dédiées à cette tâche, afin de toucher toutes les composantes des douars, et qui opèrent sous l’encadrement d’un sociologue. Ces campagnes sont menées directement dans les douars concernés et permettent d’expliquer aux populations le contexte du projet, ses objectifs en termes d’amélioration des conditions de vie et d’hygiène, ainsi que la concertation sur la configuration du projet.
D’autre part, et dans le domaine de l’assainissement liquide, une approche participative d’accompagnement par la communication de proximité et la sensibilisation a été développée par l’Office afin d’assurer l’appropriation des projets réalisés par la population bénéficiaire. Des actions opérationnelles de communication et de sensibilisation ont été déployées au niveau des centres concernés à travers la création de comités locaux de communication, le développement d’outils et de supports de communication adaptés aux spécificités locales ainsi que l’organisation et le suivi des actions de sensibilisation au profit de la population (femmes, jeunes, écoliers, futurs abonnés…). 

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L’ONEE, des réalisations au service du développement socio-économique

Bras armé de l’État en matière d’eau potable et d’assainissement liquide, l’ONEE ne cesse d’œuvrer pour diversifier ses réalisations au service du développement socio-économique. Ainsi, au niveau de la production et distribution d’eau potable, la période 2017-2020 a connu l’équipement d’un débit supplémentaire dépassant 14 m³/s (1,2 million de m³ par jour) portant la capacité globale de production de l’Office à 77,6 m³/s (6,7 millions de m³ par jour). Cette capacité est assurée à travers près de 1.800 forages et puits et 88 stations de traitement, dont 6 stations de dessalement et 10 stations de déminéralisation. À noter que la période 2017-2020 a connu la réalisation de 13 stations de traitement pour une capacité de 11,4 m³/s, dont 1 station de dessalement (Al Hoceïma) et 2 stations de déminéralisation (Zagora et villes du plateau des phosphates : Khouribga, Oued Zem…). Elle sera renforcée en 2021 par un débit supplémentaire de 5,1 m³/s (0,4 million de m³ par jour). Quant à la production d’eau potable de l’Office, celle-ci a évolué de 1.109 millions de m³ en 2016 à 1.251 millions de m³ en 2020, enregistrant ainsi une progression moyenne annuelle de 3,1%, dont 68% est à partir des ressources superficielles, 31% à partir des ressources souterraines et environ 1% par dessalement d’eau de mer. D’autre part, le rendement des installations de production est resté quasiment constant à 95,4%, et il est prévu qu’il soit porté à 95,6% en 2021. En termes de distribution, le nombre de villes et centres où l’Office gère le service de distribution d’eau potable est passé de 674 en 2016 à 749 villes et centres en 2020 cumulant 2,4 millions d’abonnés. Au titre de l’année 2021, l’Office a prévu de prendre en charge la gestion du service de la distribution d’eau potable dans 20 nouvelles localités et il prévu que le nombre d’abonnés va évoluer à environ 2,5 millions. Quant au rendement des réseaux de distribution, celui-ci s’est établi en 2020 à 75,3%, et il est prévu qu’il soit porté à 75,5% en 2021.
Durant la période 2017-2020, le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural a progressé de 1,8% passant de 96% en 2016 à 97,8% en 2020, et il est prévu qu’il atteigne 98,3% en 2021.
Dans le domaine de l’assainissement liquide, la période 2017-2020 a connu la réalisation de 26 nouvelles stations d’épuration d’une capacité globale dépassant 97.000 m³/jour portant la capacité globale des stations d’épuration de l’Office à 450.405 m3/jour. Au titre de l’année 2021, l’Office a prévu de réaliser 14 stations d’épuration, dont trois extensions avec une capacité globale supplémentaire de l’ordre de 28.300 m³/jour, et de prendre en charge la gestion du service d’assainissement liquide au niveau de 11 nouvelles villes et centres abritant une population de l’ordre de 140.000 habitants.

Une expertise reconnue dans les domaines de l’eau potable et de l’assainissement liquide

La stratégie de l’intervention de l’ONEE en Afrique repose principalement sur l’accompagnement et l’assistance technique au profit des opérateurs de l’eau africains ainsi que le renforcement de leurs capacités techniques et managériales dans l’objectif de leur permettre d’améliorer leurs performances et assumer pleinement leur mission de service public pour garantir l’accès à l’eau potable et l’assainissement à leurs usagers.
À ce titre, plusieurs projets importants ont été menés durant la période 2019-2020. Il s’agit notamment du renforcement de l’alimentation en eau potable en Guinée-Conakry et du projet d’assainissement liquide lancé dans le pays en partenariat avec le ministère de la Ville et de l’aménagement du territoire de la République de Guinée (MVAT), le projet a été ratifié lors d’une cérémonie présidée par S.M. le Roi 
Mohammed VI et S.E. le Président de la République de Guinée. Objectif, établir des études et de l’assistance technique à la réalisation du projet d’assainissement liquide de la capitale guinéenne Conakry et le renforcement des capacités au profit des cadres et techniciens guinéens en charge de l’activité assainissement. Le financement du projet est réalisé à travers un don mobilisé par le ministère de l’Économie et des Finances du Royaume du Maroc qui s’élève à un montant maximum de 12,591 millions de dollars américains. La contribution de l’ONEE est estimée à 16,8 millions de DH.
Autre projet de taille, celui de la gestion de la qualité de l’eau au Burkina Faso. Il s’inscrit dans le cadre du partenariat entre le Maroc, le Burkina Faso et la Banque islamique de développement, relatif au transfert de l’expertise marocaine dans le domaine de la qualité de l’eau, un important projet de coopération est mis en œuvre au profit de l’opérateur burkinabé ONEA (Office national de l’eau et de l’assainissement). Le programme d’intervention s’articule autour de 3 objectifs majeurs : La protection des ressources en eau des barrages de Ziga et Loumbila contre les conséquences de l’eutrophisation ; L’utilisation optimale des capacités de traitement d’eau dans les barrages susmentionnés ; Le renforcement des capacités du Laboratoire national central de l’ONEA dans le domaine du contrôle de la qualité d’eaux. La clôture officielle de ce programme de partenariat est prévue en 2021.
L’Office développe également des partenariats avec des Organisations internationales actives dans le secteur. Ainsi, l’ONEE a été élu à la présidence de l’Association africaine de l’eau (AAE) pour deux mandats successifs 2016-2018 et 2018-2020. Au Conseil mondial de l’eau (CME), tenu en novembre 2018, le DG de l’ONEE a été élu Gouverneur dudit Conseil pour la période 2019-2021. L’ONEE a également été désigné vice-président du CME. L’Office est également actif au sein de l’Association internationale de l’eau (IWA), à l’Institut méditerranéen de l’eau (IME) en qualité de vice-président pour la période 2019-2025 ; et au sein de l’Arab Countries Water Utilities Association (ACWUA) où l’ONEE siège au conseil d’administration.

Propos recueillis par Souad Badri

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