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«L’ADD vise à mettre en place un ensemble d’applications mutualisées en faveur des administrations, développées en interne dans le cadre d’un programme ambitieux et stratégique intitulé «Smart Gouvernement»»

En tant qu’établissement public stratégique en charge de la mise en oeuvre de la stratégie nationale de digitalisation, de la promotion de la diffusion des outils numériques et le développement de leur usage auprès des citoyens, l’Agence de développement digital (ADD) se positionne aujourd’hui comme acteur clé de la réussite du grand chantier de la transformation numérique au Maroc. Sa mission est axée sur trois rôles principaux : celui de fédérateur de l’écosystème digital marocain en lançant des projets catalytiques pour le développement du digital, d’accélérateur de projets pour les administrations publiques et de moteur de la promotion et de la sensibilisation autour du digital. Le point avec son le directeur général de l’ADD, Mohammed Drissi Melyani.

«L’ADD vise à mettre en place un ensemble d’applications mutualisées en faveur des administrations, développées en interne dans le cadre d’un programme ambitieux et stratégique intitulé «Smart Gouvernement»»
Le Matin : Comment avance le chantier de digitalisation de l’Administration publique marocaine ? Y a-t-il des projets dans les starting-blocks ?

Mohammed Drissi Melyani :
Les perspectives de digitalisation sont tributaires d’un certain nombre de prérequis nécessaires à la concrétisation des objectifs escomptés. Nous avons tous témoigné de l’imposition du digital aux gouvernements des pays du monde entier comme un enjeu majeur de développement économique et social. Force est de constater qu’au Maroc un tel développement ne peut être envisagé sans suffisamment investir dans le développement de l’infrastructure numérique, l’éducation, la formation et la R&D, en vue de mettre en place un écosystème numérique efficace favorisant ainsi la relance et le développement socio-économique du Maroc.

Ces mêmes investissements nécessitent, bien évidemment, la mobilisation de moyens financiers à hauteur des défis. L’objectif étant de soutenir les projets de digitalisation notamment à travers la multiplication et le développement de mécanismes de financements innovants et leur promotion auprès des porteurs de projets sur l’ensemble des régions et territoires.

En ce qui concerne la promotion du digital au Maroc, l’ADD a lancé, en collaboration avec ses partenaires, de nombreuses initiatives dans le cadre de ses chantiers prioritaires. Parmi elles, nous pouvons citer :

•  La mise en place du Portail national de l’administration (Idarati) qui vise à rendre les procédures administratives accessibles aux citoyens dans le cadre de l’opérationnalisation de la loi n° 55.19.

•  La plateforme d’interopérabilité, qui est en cours de développement, ambitionne de digitaliser les interactions et échanges de données entre les administrations publiques marocaines.

•  La réalisation de plans d’accompagnement du public et du privé dans la formation continue et la montée en compétence des employés et fonctionnaires sur les métiers du digital.

•  Le déploiement de services digitaux «centrés usager» par la Digital Factory au profit de partenaires institutionnels.

Enfin, l’ADD s’associera à l’effort de promotion du numérique dans les secteurs économiques clés du pays déployé par les départements ministériels concernés, notamment en étant force de proposition par sa maîtrise du domaine et du rôle transversal qu’elle assure.

L’objectif de la digitalisation des services publics est principalement de les rendre facilement accessibles pour l’usager, où qu’il soit et quelles que soient ses contraintes. Actuellement, au Maroc, plusieurs services publics traditionnellement physiques ont été digitalisés et sont désormais accessibles en ligne, et ce, grâce à la volonté et à l’engagement des différents acteurs publics et privés concernés.

Certes, le nombre de services en ligne disponibles actuellement au Maroc est important, mais la notion de la qualité des services aux usagers demeure au centre des préoccupations de l’administration.

Parlez-nous des principales interventions de l’ADD en matière de dématérialisation des services publics ?

Plusieurs administrations marocaines ont adopté l’outil digital pour favoriser le télétravail et pris le choix de limiter les échanges physiques de documents et courriers administratifs, ceci démontre de l’accélération de la digitalisation notamment dans le secteur public. En vue d’accompagner cette dynamique, l’ADD a lancé plusieurs solutions digitales afin de favoriser et faciliter le travail à distance au sein de ces administrations, à savoir :

• Le «Bureau d’ordre digital» qui est une plateforme de digitalisation du bureau d’ordre permettant aux administrations et organismes publics de créer des bureaux d’ordre virtuels en vue de gérer électroniquement les flux des courriers entrants et sortants. Cette solution permet aux administrations de recevoir le courrier via l’application Gestion de courrier ou directement via une boîte mail, et permet également aux citoyens, entreprises et associations de s’adresser aux administrations via une plateforme de dépôt en ligne.

• Le «Parapheur électronique» pour permettre aux administrations, une dématérialisation complète de leurs flux documentaires nécessitant une valeur probatoire. Cette solution intègre notamment la gestion des workflows métiers (gestion des ressources humaines, achat et logistique, communication interne…) et la signature électronique des documents administratifs.

• La plateforme «Télé-rendez-vous» qui permet aux administrations de gérer la prise de rendez-vous des citoyens et la gestion des ressources (humaine et matérielle) et leurs disponibilités. Le rendez-vous peut être déroulé en présentiel ou à distance par visioconférence.

Par ailleurs, il est important de souligner que le développement de ces plateformes s’inscrit dans les efforts déployés par l’ADD visant à mettre en place un ensemble d’applications mutualisés en faveur des administrations. Ces dernières, il faut le signaler, sont développées en interne en étroite coordination avec les différents partenaires de l’Agence et font parties intégrantes d’un programme ambitieux et stratégique intitulé «Smart Gouvernement». Celui-ci se décline notamment à travers plusieurs chantiers structurants et prioritaires dont :

• La Plateforme d’échange de données entre les administrations qui consiste à mettre en place une plateforme d’interconnexion des systèmes d’informations des différentes administrations et institutions publiques au profit des citoyens et des entreprises.

• La Digital Factory travaillant en mode agile, en charge de la digitalisation rapide des services publics

Cela dit, le renforcement de l’écosystème E-gov requiert la mise en place d’un environnement adéquat pour la réussite du digital qui prend en considération plusieurs paramètres dont l’importance de disposer des infrastructures nécessaires, d’accompagner l’évolution du cadre réglementaire et de sensibiliser à l’usage du digital.

Dans ce contexte, l’ADD a inscrit dans sa feuille de route le chantier «Infrastructure Digitale» permettant aux acteurs des écosystèmes concernés de réussir leur transformation digitale, à travers la définition d’un plan de développement des infrastructures nécessaires à la transformation digitale du pays (data centers, points d’accès communautaires, Cloud, etc.).

Aujourd’hui, la modernisation des infrastructures numériques est déterminante pour tout établissement public offrant des services à ses usagers (citoyens ou entreprises) et engagé dans la l’évolution de son mode de fonctionnement pour davantage de transparence.

S’ajoute à cela, un autre chantier prioritaire de l’ADD relatif à l’«Appui à l’évolution du cadre réglementaire», qualifié d’indispensable à la réussite de la transformation digitale au Maroc. Il vise à examiner les différentes dispositions juridiques encadrant le digital, identifier celles pouvant constituer un obstacle à un développement harmonieux de l’usage des technologies numériques et des échanges dématérialisés, proposer les amendements juridiques nécessaires (et/ou élaborer de nouveaux textes), et ce, dans le but d’adapter l’arsenal juridique marocain par rapport aux standards internationaux.

Enfin, il est primordial de préciser que la dynamique de digitalisation du secteur public gagnerait plus d’efficience une fois l’administration est dotée des moyens et ressources nécessaires pour bien instaurer une nouvelle culture de conduite du changement moyennant des actions de formation, de sensibilisation et d’accompagnement au profit des agents publics.

Quels sont les principaux défis d’opérationnalisation de projets digitaux dans le secteur public ?

Une attention toute particulière est accordée au secteur du digital ces dernières années, sous la Conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en vue de lui favoriser les conditions optimales pour son développement et ainsi assurer le développement durable de notre pays.

Toutefois, plusieurs défis majeurs restent à relever pour permettre une meilleure transition numérique efficiente. Ces défis ont d’ailleurs été mis en exergue par l’ADD dans l’élaboration de la Note d’orientations générales pour le développement du digital à l’horizon 2025, à savoir :

1. Identifier et clarifier les missions et compétences de chaque acteur public impliqué dans le développement d’un gouvernement numérique.

2. Définir un modèle de gouvernance clair devant fédérer l’ensemble des acteurs de l’écosystème digital marocain et coordonner leurs actions.

3. Se doter d’outils de pilotage performants permettant d’avoir des indicateurs fiables, et d’assurer une veille stratégique et concurrentielle par rapport aux indicateurs fixés, et de suivre les tendances technologiques.

4. Opérer des choix d’infrastructures structurants tels que l’utilisation de la technologie du Cloud, la construction de data centers à l’échelle nationale, le cadre approprié dédié à la cybersécurité, le plan Haut Débit national, etc.

5. Mettre en place un plan sectoriel de transformation digitale transverse visant à faciliter à l’ensemble des opérateurs économiques actifs dans les divers secteurs d’activités (p. ex. : industrie, commerce, agriculture, santé, éducation, tourisme, etc.) de s’impliquer et de s’inscrire dans le processus du virage numérique, de promouvoir l’innovation, et d’encourager la Recherche et Développement.

Pour faire face aux défis précités et assurer ses missions, l’ADD a défini sa feuille de route qui regroupe 15 chantiers structurants, dont 5 prioritaires, et adopte depuis sa création une approche participative impliquant l’ensemble des parties prenantes. À cet égard, elle assure la coordination et la concertation autour des enjeux multiples de la transformation digitale et de son impact sur l’environnement global des usagers (entreprises et citoyens).

Il est certain que la mise en œuvre réussie du développement du digital au Maroc requiert le développement d’une architecture digitale intégrée incluant de nombreux acteurs de l’écosystème. Cette architecture agile, exigera impérativement un modèle de gouvernance clair, doté d’outils de pilotage performants, avec des choix d’infrastructure structurants effectués de façon coordonnée. Enfin, pour assurer le développement du digital dans tous les secteurs, il sera nécessaire d’intégrer une dimension régionale harmonieuse aux différentes stratégies sectorielles avec une forte concentration sur l’usager.

La formation des ressources humaines représente un défi de taille. Quelles solutions pour adresser la problématique de mise à niveau du capital humain pour qu’il puisse accompagner les transformations en cours ?

L’Agence de développement du digital accorde une importance majeure au capital humain qui figure d’ailleurs parmi ses 15 chantiers en l’occurrence celui de la «Génération digitale». Ce dernier consiste à mettre en place un programme national de formation au digital pour inclure les nouveaux métiers du digital dans l’enseignement supérieur, la formation continue, la formation professionnelle et la recherche scientifique ainsi qu’à promouvoir la culture digitale auprès des jeunes et des citoyens.

Le plan «Génération digitale» soutenu par nos différents partenaires publics et privés s’est assigné les objectifs suivants :

• Améliorer l’employabilité des Marocains en les formant aux métiers de demain.

• Améliorer la compétitivité des entreprises marocaines en formant les talents digitaux dont elles ont besoin.

• Mettre en place un écosystème de formation au digital permettant de répondre aux besoins actuels du Maroc et pouvant s’adapter constamment aux évolutions futures.

• Utiliser le digital comme vecteur d’inclusion sociale.

• Coordonner et piloter l’effort national de formation au digital.

«Génération digitale» a pour bénéfices attendus principalement de mettre à la disposition du secteur public et privé un référentiel national des Emplois et compétences dans le domaine du digital permettant une meilleure identification des profils à recruter et de favoriser et promouvoir la culture digitale auprès des jeunes et des citoyens. Enfin, et tenant compte de la place qu’occupe la transformation digitale dans les différentes stratégies de développement sectorielles et son impact sur la croissance, le rapport du nouveau modèle de développement a souligné, à plus d’un titre, le rôle que peut jouer le digital comme levier essentiel à la mise à niveau de l’administration et à l’amélioration des prestations de services offerts aux citoyens, ainsi que sa contribution inéluctable pour la réduction de la fracture numérique dans nos régions et territoires, en plus d’une inclusion sociale inclusive. 

Le rapport appelle, toutefois, l’ensemble des parties prenantes et forces vives à inscrire le digital au centre de toutes les prochaines politiques de développement socioéconomique de notre pays en vue d’assurer le progrès souhaité par Sa Majesté le Roi 

Mohammed VI. 

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Quel rôle pour le secteur privé ?

L’ADD œuvre, à travers plusieurs chantiers stratégiques déclinés dans la feuille de route, à accompagner et à assister les acteurs privés dans le processus de développement du digital afin de garantir les meilleures conditions de son accélération. En effet, l’ADD opérationnalise actuellement un chantier dédié intitulé «Digital PME» qui vise à encourager l’adoption et l’introduction du digital au sein des entreprises via un programme d’accompagnement et de financement approprié. La finalité de ce programme est bien entendu de favoriser la croissance des PME marocaines avec l’intégration des solutions digitales innovantes.

Dans la même perspective, et pour répondre à la nouvelle conjoncture de la crise de la Covid-19, l’ADD a soutenu le programme «Boost with Facebook» qui consiste à développer les compétences digitales au sein des TPME. À travers ce programme, plus de 1.000 entreprises (2.000 personnes) au Maroc bénéficient d’une formation sur les outils pédagogiques pour développer leur activité sur les plateformes digitales Facebook, WhatsApp et Instagram. Les sessions de formation sont assurées en Français et en arabe, gratuites et ouvertes à tous et adaptées aux niveaux de compétences des représentants d’entreprises dans le marketing digital.

 

Par ailleurs et dans le cadre des efforts déployés pour le développement de l’écosystème startups marocain, l’ADD a mis en place la plateforme digitale startuphubmaroc.ma fédérant ainsi l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème. Elle a pour objectif d’accroître la visibilité des startups, de permettre l’accès aux mesures d’accompagnement et d’appui proposées par les institutions publiques, privées et associatives. Il convient de souligner à ce registre que cette initiative a été conçue et lancée en étroite collaboration avec les partenaires institutionnels de l’ADD (ministère de l’Industrie, du commerce, de l’économie verte et numérique, ministère de l’Économie et des finances, ministère de l’Éducation nationale, CCG, OMPIC, Maroc PME), des acteurs privés (CGEM, APEBI…) ainsi que d’autres acteurs et intervenants de l’écosystème et porteurs d’initiatives digitales. Enfin, l’ADD est en cours d’opérationnalisation de son ambitieux chantier «Smart Factory» qui vise la création d’une usine modèle dotée des nouvelles technologies et des lignes de productions en vue de diffuser les meilleures pratiques de l’industrie 4.0 et d’accompagner la transformation digitale du tissu industriel national... Ce chantier d’usine de nouvelle génération sera réalisé en partenariat avec l’Université Euromed de Fès et le Consortium du projet «Fez Smart Factory» a pour vocation d’accompagner les entreprises industrielles dans la transformation de leurs modèles d’affaires, de leurs organisations, de leurs modes de conception et de commercialisation. Par ailleurs, ce chantier se donne comme ambition de fédérer un écosystème marocain moderne et dynamique tourné vers l’innovation, ainsi que de développer des coopérations internationales en la matière.

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