Le Matin : Qui aurait cru qu’un jour l’équipe mythique du KAC, qui faisait la pluie et le beau temps en championnat national, serait reléguée en division amateurs. Au-delà du public sportif et des supporters, cette nouvelle a eu un effet dévastateur sur l’opinion publique locale. Comment avez-vous reçu cette triste nouvelle ?
Hakim Doumou : C’est un véritable choc. Cette relégation en division amateurs est le résultat de plusieurs facteurs. C’est une situation, pour le moins qu’on puisse dire, déplorable, sachant que je suis très attaché à Kénitra, ma ville natale qui a connu par le passé un âge d’or dans plusieurs disciplines sportives, notamment le football avec l’équipe du KAC qui avait remporté plusieurs championnats et brillé de mille feux dans les compétitions continentales. Le club regorgeait de grands talents qui étaient considérés comme des magiciens de la balle ronde. Ils nous ont fait rêver, sachant que l’équipe disposait de dirigeants de haut calibre et était encadrée par des techniciens hors normes.
Nous avons assisté ces derniers temps à une valse de présidents et d’entraîneurs. Selon vous, quelles sont les causes de cette instabilité ?
Il est important de préciser que l’équipe a connu ces dernières années 316 recrutements et l’arrivée de 35 entraîneurs. Une situation qui a lourdement endettée le club, à tel point que cet endettement a dépassé le budget du KAC avec une augmentation annuelle de 500% depuis la saison 2014-2015. À partir de cette date, le KAC n’est plus que l’ombre de lui-même et n’a cessé de cumuler les défaites. Cette descente aux enfers est, hélas, le résultat d’une mauvaise gestion de certains présidents et de violations flagrantes des règlements en vigueur. Cette manière de gérer, que je qualifierais de catastrophique, a entraîné la relégation de l’équipe du Gharb en division amateurs.
Êtes-vous optimiste quant à l’avenir du KAC ? Le cas échéant, quelle serait la recette, selon vous, pour que la première équipe de la région du Gharb retrouve son aura d’antan ?
En football, il n’y pas de recette magique. Comme c’est le cas pour d’autres domaines sportifs, en plus de l’honnêteté, l’expérience et la compétence sont deux facteurs essentiels pour qu’un club puisse se développer et s’épanouir. Cela dit, il est indispensable de disposer d’une vision globale étalée sur une période de cinq ans pour revenir en première division professionnelle. Il est aussi primordial et vital d’assainir la situation déplorable et chaotique du club. C’est à ce prix que le KAC peut retrouver le championnat de première division qui lui revient de droit, compte tenu de sa glorieuse histoire et de ses grandes performances au service du football dans notre Royaume. Il est à souligner que la feuille de route d’un club dépend essentiellement de ses ressources financières, de l’infrastructure nécessaire et des ressources humaines adéquates dont il dispose. Pour être franc, l’avenir du KAC est obscur et incertain à cause du grand nombre de litiges et de dettes qui se sont accumulées et qui s’élèvent à des dizaines de millions de dirhams. C’est vraiment désolant que certains individus aient eu le culot de mener le KAC dans une voie sans issue, et l’Histoire retiendra qu’ils étaient les vrais responsables de la relégation en division amateurs de cette équipe au passé glorieux, qui alimentait la sélection nationale en joueurs d’exception. Triste exploit. Je saisis cette occasion pour lancer un appel aux bonnes volontés de Kénitra, à ses femmes et à ses hommes pour conjuguer leurs efforts afin de redresser cette situation et d’assurer un avenir meilleur à nos enfants.