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L’État et les entreprises doivent rendre l’emploi décent et attractif

L’État doit-il jouer un rôle dans la mise à niveau des compétences des salariés ou se limiter à la régulation ? La question s’impose au regard de l’impact du niveau des compétences des salariés sur la compétitivité de leurs entreprises. Les avis autour de cette question étaient divergents lors de la 4e et dernière Matinale du Cycle de conférences du Groupe Le Matin «Nouveaux enjeux de la digitalisation», organisée vendredi dernier sur le thème «L’employabilité à l’ère du digital : nouveaux métiers, nouvelles compétences».

Une rencontre qui a apporté une nouvelle dimension au débat. «À travers cette Matinale, on croyait qu’on allait parler de l’employabilité, finalement nous avons touché des sujets beaucoup plus fondamentaux tels que le rôle de l’État, la culture elle-même, le leadership ou encore les différentes réformes à mettre en place», a commenté Mohammed Haitami lors de son discours marquant la clôture de ce cycle de conférences.
Pour Amal Lamri, SG adjointe de l’UMT, c’est l’État qui doit mettre en place le cadre législatif. Et c’est à l’entreprise d’investir dans la formation de ses salariés. Jamal Belahrach, CEO Deo Conseil, président de la fondation Jobs For Africa et de la Fondation Zakoura Education, rejoint ce raisonnement : «L’inertie des réformes nous plombe. Il faut donc accélérer sur ce volet», a-t-il déclaré. Cependant, nuance-t-il, «c’est une question d’Hommes pas d’États». Pour lui, le secteur privé a une responsabilité qu’il doit honorer. «Les entreprises ont une obligation d’équité sociale qui leur impose de mettre régulièrement à jour les compétences de leurs salariés», ajoute Lamri. Car il y a une rupture générationnelle dans l’entreprise qu’il faut pallier», explique, pour sa part, Zakia Hajjaji, DRH Orange Maroc. D’autant plus que cela impacte directement la compétitivité des entreprises au Maroc et ailleurs. Cependant, beaucoup d’entre elles n’osent pas franchir le pas, de peur que leurs masses salariales gonflent considérablement et que les remboursements de la formation continue tardent à arriver. À cela, Lamri répond : «Il ne faut pas systématiquement ramener la compétitivité de l’entreprise à sa masse salariale. La fiscalité est un levier important de la compétitivité qu’il ne faut pas négliger».

L’Upskilling, une nécessité absolue
Rien n’empêche les entreprises de recruter des jeunes, qui ont baigné dans la technologie depuis leur plus jeune âge. Cependant, elles doivent aussi faire de l’Upskilling pour ces salariés. «Il ne faut laisser personne derrière dans une démarche de digitalisation. Au contraire, tout doit être fait pour réduire la fracture numérique», insiste Hajjaji. D’ailleurs, selon Belahrach, «une entreprise qui n’a pas une vision intégrant l’Upskilling commet une erreur, manque à sa responsabilité et risque de rater son rendez-vous avec l’Histoire». Mais une fois les salariés formés et «mis à jour», tout l’effort doit être concentré dans leur rétention. Et ce n’est pas une mince affaire pour plusieurs raisons. Il y a d’abord ceux qui choisissent de s’expatrier, à la recherche de meilleures conditions de vie. «L’entreprise a beau essayer de retenir ses compétences à travers des augmentations de salaire, c’est loin d’être suffisant. Il faut travailler sur une marque pays», estime Hajjaji.

Les jeunes plus enclins au Freelance auto-entrepreneuriat
Ensuite, il y a les jeunes qui optent, de plus en plus, pour le Freelance/auto-entrepreneuriat. Ils sont encouragés par «les entreprises qui préfèrent externaliser pour réduire leurs charges, notamment logistiques, et les TPME qui, elles, font appel aux auto-entrepreneurs pour économiser les 35% de charges sur les salaires», précise Hicham Zouanat, président de la Commission sociale de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Ces jeunes ont cependant, d’un côté, rarement conscience de l’importance de leurs retraites. De l’autre, ils ont la liberté d’accepter ou de refuser les missions qui leur sont proposées, ce qui n’arrange pas les affaires des sociétés. «Nous préférons les salariés parce qu’ils travaillent avec nous sur l’ensemble de nos projets», partage Hajjai.

Cette tendance fait que, aujourd’hui, le salariat recule au profit du développement de ces types d’employabilité. «Le salariat se replie sans tendre vers une disparition. Mais pour rester attractif, l’emploi doit être décent», lance Lamri.
L’instauration d’un climat de confiance basé sur le dialogue social est tout aussi importante, s’accordent à dire les quatre intervenants à cette Matinale. Car on ne peut parler de réformes sans partenaires sociaux, insiste Belahrach. Ces réformes doivent, entre autres, s’adresser de manière urgente à l’enseignement. «Il faut mettre les jeunes sur des tracks leur permettant d’être adéquats avec les futures exigences du marché du travail», recommande Belahrach. Lamri va plus loin en préconisant une initiation aux nouvelles technologies dès le préscolaire. À condition de pallier, au plus vite, les inégalités de connectivité dont souffrent certaines régions du pays. Ces inégalités se sont révélées plus importantes avec l’avènement de l’enseignement à distance imposé par la crise sanitaire. 

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Mohammed Haitami, président-directeur général du Groupe Le Matin

«Nul ne conteste aujourd’hui que le digital a un impact certain sur l’emploi, l’employabilité et les métiers... il sera encore plus inquiétant demain»

Bienvenue à cette matinale, la dernière d’une série de quatre.
Le dernier thème de notre série a trait à l’employabilité à l’ère du digital. Sujet complexe qui a le mérite de démocratiser les craintes et les peurs chez les salariés que ce soit dans les pays dits développés, avancés, émergents ou en voie de développement. Cette démocratisation touche également les chefs d’entreprises, car, ne l’oublions pas, le tissu mondial d’entreprises est composé à 90% sinon plus de PME et TPE. Cette population est également menacée où qu’elle soit.
M. Jamal Bellahrach ici présent, avait déclaré lors d’une conférence organisée par notre groupe que l’emploi était devenu un enjeu de sécurité. Ça résume tout.

Nul ne conteste aujourd’hui que le digital a un impact certain sur l’emploi, l’employabilité et les métiers. Et si c’est impact commence à être visible aujourd’hui, il est encore plus inquiétant demain. La question me semble-t-il est de savoir quel impact a cette déferlante sur un pays comme le nôtre, à l’aune de nos efforts pour sortir de la crise et de la mise en œuvre du nouveau modèle de développement, et que faut-il faire en priorité pour en juguler les effets et, pourquoi pas, en faire une opportunité.
En parlant d’employabilité, on écourte le chemin, car ce qui est recherché c’est la vie digne et la satisfaction des besoins normaux que tout citoyen ressent, la santé, le logement, l’éducation, la protection sociale, etc. L’état des finances de nos pays ne permet pas de répondre à ces besoins incommensurables, devant l’insuffisance des moyens, d’où la lutte pour l’emploi, le seul moyen dans nos économies d’assurer cette vie digne.

Un tel sujet peut nous mener vers différentes directions : l’éducation, la formation, la R&D, l’accès à la bande passante, la robotisation, le E-gov, l’IA, l’industrie 4.0, l’économie du savoir... Pour décrypter ces enjeux, nous avons une belle brochette de praticiens et d’académiciens qui, j’en suis persuadé, sauront assouvir notre soif de compréhension.
Savourons ensemble ce moment ! 
 

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