L’industrie automobile marocaine est une réussite. Elle est citée en exemple par un rapport international sur l’intégration régionale en Afrique. Il s’agit du rapport du Forum économique mondial (WEF) intitulé «Connecter les pays et les villes pour l’intégration de la chaîne de valeur régionale : opérationnaliser la ZLECAf» (Ndlr la zone de libre-échange continentale africaine).
Le WEF attribue le succès des six écosystèmes automobiles construits par le Royaume, en collaboration avec de grands équipementiers mondiaux, à six facteurs.
• Le premier est la mise en œuvre de politiques d’incitation dans les zones franches qui ont permis aux entreprises d’exporter 85% de leur production en exemption d’impôts et taxes.
• Le deuxième consiste en des banques offshore actives dans les zones franches d’exportation qui offrent des montages financiers personnalisés aux investisseurs locaux et étrangers dans l’industrie automobile, soutenant des projets à la fois onshore et offshore.
• La troisième explication a trait aux réseaux de la chaîne d’approvisionnement qui ont réussi à gérer la logistique
en temps opportun pour améliorer les délais d’expédition et donc la productivité.
• Le quatrième facteur est le co-investissement des principales infrastructures requises dans le hub pour permettre la production, selon les auteurs du «Connecting Countries and Cities for Regional Value Chain Integration : Operationalizing the AfCFTA».
• Le cinquième facteur est en lien avec les programmes de développement des compétences axés sur les employés à différents stades et alignés sur les exigences en matière de capacité de production dans les pôles.
• Sixième point, la facilitation stratégique du commerce avec des partenaires d’exportation potentiels pour permettre aux accords de créer des économies d’échelle.
Industrie ancrée sur l’avenir de la mobilité
Au-delà de ces six points, le succès de l’industrie automobile marocaine peut être attribué, selon le WEF, à la volonté de leadership visant à créer une industrie ancrée sur l’avenir de la mobilité, comme le rappelle le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy, cité dans le rapport : «Nous anticipons aussi les technologies de demain. À l’avenir, nous travaillerons davantage sur les véhicules connectés et nous continuerons de construire des écosystèmes dans cette direction.»
Cela permet de croire, conclut le WEF, que l’investissement réalisé produira des rendements orientés vers la transition mondiale de l’industrie vers la quatrième révolution industrielle.
Compétitivité
L’Afrique du Sud et le Maroc sont les principaux constructeurs automobiles du continent, le secteur contribuant respectivement à 7,5 et 16% au PIB des deux pays, note le rapport.
Bien que le Maroc soit le deuxième plus grand fournisseur de véhicules et de leurs pièces en Afrique, après l’Afrique du Sud, il exporte principalement ces véhicules et leurs pièces vers les marchés du Moyen-Orient plutôt que vers les marchés africains (à peine 4,7% de ses exportations sont destinées au continent), relève le rapport. Ce qui fait dire à ses auteurs que le Maroc ne peut pas être présenté comme un fournisseur clé de véhicules et de pièces de véhicules africains pour les marchés africains.
Cependant, nuancent-ils, «l’expérience automobile du Maroc présente des leçons précieuses (…) pour les autres pays africains». Le document rappelle que le chiffre d’affaires de la production de véhicules automobiles au Maroc atteint 10,5 milliards de dollars, soit 25% des exportations totales du pays en 2019.
Le Royaume a pu augmenter sa production locale, avec 50 entreprises créant plus de 148.000 emplois directs (sur la période 2014-2019) et produisant plus de 400.000 véhicules avec un taux d’intégration locale de 60%, note le rapport. La proximité du Maroc avec les marchés européens, turc et du Moyen-Orient a créé l’échelle de production pour se développer avec des investissements accrus tout en renforçant sa capacité à être compétitif à l’échelle mondiale, conclut le document publié en anglais.