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L’ONDH, l’ONDE et l’UNICEF passent au peigne fin la situation des droits de l’enfant au Maroc

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Le Maroc célèbre cette année, à l’instar du monde, le 30e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (CDE). Cet engagement mondial de 1989 promet à chaque enfant de protéger et réaliser ses droits. À cette occasion, l’Observatoire national du développement humain (ONDH), l’Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), se sont unis pour produire une nouvelle analyse de la situation des enfants au Maroc (SitAn), après celle réalisée en 2014. Cette SitAn, réalisée en 2019 et publiée récemment, vise à mettre à disposition des différents acteurs œuvrant dans le domaine de l’enfance et des décideurs politiques un document de référence pour éclairer et orienter leurs interventions et décisions en faveur des droits des enfants dans le pays.

Cette nouvelle analyse actualise donc celle de 2014 et vient examiner l’évolution des différents indicateurs des quatre types de droits des enfants, à savoir le droit à la survie, le droit au développement, le droit à la protection et le droit à la participation. Ainsi, d’après les résultats de cette analyse, plusieurs défis restent à relever afin de garantir un meilleur accès des enfants à leurs quatre droits essentiels. En ce qui concerne le droit à la vie par exemple, malgré le développement notable qu’ont connu les infrastructures sanitaires publiques, 20% de la population se trouve encore à plus de 10 km d’un établissement de santé, et les indicateurs de disponibilité et d’utilisation des services sont nettement en défaveur du secteur rural. En effet, plusieurs défis sont identifiés en termes de disponibilité des services de santé, notamment une répartition inéquitable des établissements de santé entre milieu urbain et milieu rural et entre les régions,  une desserte insuffisante pour répondre aux besoins de la population, une faible complémentarité entre secteur public et privé, et des difficultés d’accès aux structures de soins des populations à besoins spécifiques. Par ailleurs, la prise en charge médico-sociale des enfants en situation de handicap reste faible, y compris en termes de prévention et de détection précoce. S’agissant du droit au développement et à l’éducation, l’analyse révèle que les enfants au Maroc bénéficient de nombreuses opportunités, mais font face aussi à de nombreux obstacles au cours de leur parcours scolaire.

Car malgré une prise de conscience concernant l’importance du cycle préscolaire pour l’avenir de l’enfant, la scolarisation à cette étape reste réduite. De plus, l’accès à l’école ne se fait pas au même âge pour tous et toutes, et une entrée tardive peut constituer un mauvais point de départ et se traduire plus tard par un retard scolaire cumulatif. L’étude relève également un manque d’encadrement des enseignants. Cette lacune, valable à tous les niveaux, est d’autant plus manifeste au secondaire, une étape pourtant cruciale dans l’épanouissement des enfants, qui sont alors des adolescents en quête de sécurité et de références pour leur vie d’adulte. «Le genre, la situation géographique, la différence de milieu et la situation familiale jouent encore un rôle crucial dans l’exclusion ou le décrochage scolaire, et dans l’expérience scolaire de chaque enfant du Maroc», souligne le document. Pour surmonter ces obstacles, les auteurs de cette étude recommandent donc d’améliorer la gouvernance du système, de renforcer l’offre scolaire dans le milieu rural et de promouvoir l’école mobile afin de garantir un accès équitable à tous les enfants, y compris ceux des nomades. Pour ce qui est du droit à la sécurité, l’analyse souligne l’existence de plusieurs défis afin que les enfants puissent bénéficier d’une réelle protection. En effet, en dépit de l’adoption du programme national de mise en œuvre de la politique publique intégrée de protection de l’enfance (PPIPEM) en 2015, cela n’a pas suffi, pour le moment, à jeter les bases de la construction d’un système solide de protection de l’enfance au Maroc. Et  malgré le grand nombre d’acteurs institutionnels impliqués dans ce domaine, le rôle de la société civile continue à être crucial, voire central. Le système public dépend en effet de leurs ressources et de leurs capacités à accueillir et à prendre en charge les enfants en situation difficile, notamment dans les cas des placements d’urgence. En effet, il n’existe à ce jour aucun système étatique pour l’accueil des enfants en besoin de protection.

Ce sont les ONG qui assurent des solutions d’accueil et d’hébergement, malgré les dysfonctionnements dans le partenariat entre la société civile et l’administration publique. L’analyse estime ainsi qu’une bonne gouvernance du système de protection passera nécessairement par la définition des responsabilités, des rôles et des ressources propres à chaque ministère au niveau national et local. Il est essentiel également, selon l’étude, de garantir le suivi de la mise en œuvre de cette politique pour garantir son application.
Enfin, l’étude relève que le droit à la participation des enfants au sein de la société n’est pas acquis. Il dépend grandement du milieu de vie, du niveau d’instruction des parents ainsi que des outils de participation mis à disposition par l’État. L’analyse relève toutefois des expériences positives en matière d’offre d’activités et d’initiatives sportives et certaines maisons des jeunes sont assez dynamiques. Cependant, ce n’est pas la règle sur l’ensemble du territoire. Les maisons des jeunes offrent en effet des perspectives qui ne sont pas exploitées pour le moment. L’expérience des colonies de vacances est également salutaire. Mais ces dispositifs restent insuffisants pour garantir une meilleure participation des enfants vulnérables, comme les enfants en situation de handicap. 

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