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Loubaba Laalej, l’artiste qui peint avec poésie

L’artiste et écrivaine Loubaba Laalej offre à voir, du 2 au 30 octobre, une nouvelle collection de ses peintures à l’espace Dar Chrifa à Marrakech. Le jour du vernissage sera marqué par la signature de son recueil de poèmes «Pensées vagabondes» (en arabe et en français) à 17 h, dont la présentation se fera par le chercheur et critiques d’art le Dr Hassan Laghdache et l’écrivain et critique d’art Hassan Nrais.

Loubaba Laalej, l’artiste qui peint avec poésie
Loubaba Laalej.

Loubaba Laalej, femme artiste et écrivaine qui a toujours fait les choses par amour, a depuis son jeune âge été éprise aussi bien de peinture que d’écriture. Plus tard, «ces deux entités sont devenues pour moi un couple inséparable», nous confiait-elle. D’où cette prestation où elle les rassemble tous les deux, à travers des peintures qui dévoilent des mondes artistiques inimaginables et un recueil, dont la trame textuelle des textes poétiques a été tissée à l’image des cantiques. «Contemplant l’immensité de l’univers, me vient l’idée de vagabonder d’une pensée à l’autre sans filet ni trapèze. Et sans fil rouge ! Avec les “Pensées vagabondes”, le voyage continue en nomade», dit Loubaba.
Dans sa peinture, l’artiste sait comment faire des limites des couleurs une danse poétique sans rives dans la mer de l’infini, et comment réconforter l’œil avec un plaisir visuel créatif, et un flot de rêves qui s’identifie à la blancheur des vagues, puis l’éclat d’un mirage qui suggère le renouveau de la vie et du sens plus que de dire la vérité, indique-t-on dans la présentation de son exposition.
À propos de cette expérience artistique, le Dr Hassan Laghdache explique que «la véritable expérience qui nous permet l’écriture est la lecture. Dans l’œuvre intitulée “Pensées vagabondes” de l’artiste-poétesse Loubaba Laalej, fixer les linéaments d’une pensée itinérante et pathétique devrait permettre toute appréhension selon un changement personnel. Par sa coloration générique, cette œuvre s’oppose au souci de la représentation, à la logique de la ressemblance ; elle substitue celle du rêve à l’enchaînement causant des faits, elle préfère la coïncidence. Même si le texte incline parfois à l’allégorie ; il met en scène une forme intermédiaire entre le réel et le mythe, dans le sens d’une reconstitution historique fictive. Il s’agit, en fait, de se consoler des déboires de la vie. Mais ce n’est pas un repli sur soi, au contraire, pour créer, l’énergie et le déploiement du moi sont indispensables».
Et d’ajouter que l’artiste-écrivaine oscille entre le dedans et le dehors, l’ici et l’ailleurs, oscillation inhérente à l’esprit aventureux. Il s’agit avant tout d’épouser le mouvement de la vie, se porter aux limites même de son existence, car l’écriture est le seul véhicule qui permet à la pensée de s’installer dans l’intimité même de l’être. «Il ne s’agit pas pour Loubaba Laalej de puiser dans le réservoir des grandes œuvres de l’humanité une mine d’exemples et de figures emblématiques, il faut encore savoir parler de ces œuvres pour que l’œuvre devienne enfin l’expression épanouie d’un style de vie».
Quant à la géographie de l’œuvre, selon Laghdache, celle-ci emprunte un cheminement qui permet de montrer que l’aventure des pensées est une manière d’analyser le monde, d’apprendre, d’accéder à l’identité authentique. Et la plus grande aventure du lecteur est d’imaginer les univers évoqués et de penser la leçon ontologique et métaphysique qui en découle.
De son côté, l’écrivain Hassan Nrais confirme que le dénominateur commun entre le texte poétique et le tableau peint est qu’il s’agit de deux outils expressionnistes répartis entre la tâche d’écrire, celle de peindre et l’essence de la création. «Ses messages artistiques sont capables de formuler des couleurs, et ses peintures sont des textes suggestifs qui traduisent la présence du poète sur le champ de bataille de la vie à partir d’un tableau décoré de couleurs».
Des idées pas comme les autres, des idées qui sortent de l’ordinaire et du conventionnel. Ces idées sont-elles rebelles ? Ou révoltées ? Sont-elles marginales ou marginalisées ? Ou bien ces idées sont-elles une révélation pour exprimer le rejet ? Refuser de détruire la poésie pour construire le tableau et briser ce dernier pour construire le poème ? se demande le critique d’art.
La vie, dans toutes ses dimensions et ses mutations, constitue l’axe focal des textes dont chacun inclut une situation particulière qui ouvre la voie à une position particulière... «Ici, la poésie défie le temps ; ici, la poésie qui se rebelle aux frontières qui se tiennent habituellement entre rêves et rêveries... Il existe une contemplation théorique d’égalité entre les êtres humains unis par l’humanité. Il n’y a pas de différence entre la poétesse et l’artiste, la première se fondant dans l’univers de la seconde, et la seconde s’harmonisant dans l’univers de la première. Loubaba est fascinée par le fond plus que par la forme. Elle est celle qui transgresse les lois du conforme. Ses couleurs vont du plus sombre à la lumière. Elle peint et repeint inlassablement la joie avant qu’elle ne se dissolve», conclut Hassan Nrais. Car, comme le précise le Dr Ahmed Bachnou, professeur-chercheur à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah-Fès, chez l’artiste, la recherche et l’expression du Moi se font sans doute dès le départ d’une façon plus artistique. Pour elle, l’art est une prise de conscience de cet immense univers dans lequel elle immortalise ses merveilleux tableaux à travers le monde arabe et occidental.
Par ailleurs, le poète et critique d’art Abderrahman Benhamza résume que la néo-figurative que nous voyons en Loubaba Laalej développe une vision du réel qui passe par l’imaginaire, et qui n’hésite pas à verser dans une symbolisation schématique de certaines formes (florales, un tantinet paysagères, de facture brute aussi), le tout fleurant cette atmosphère de rêve «nervalien» dont nous parlions, ce qui fait d’elle une sensitive à la fois lyrique et fantasque, à l’énergie créative porteuse de valeurs sûres. 


Publications

Native de Fès, Loubaba Laalej est une artiste-peintre et écrivaine, détentrice d’un doctorat honorifique délivré, en 2019, par le Forum international des beaux-arts (Fine Arts Forum International) à titre de reconnaissance. Elle a, à son actif, plusieurs publications sur son expérience créative, notamment «Émergence fantastique», «Mes univers», «Matière aux sons multiples», «Abstraction et suggestion», «Femmes du monde : entre l’ombre et la lumière» (en cours de publication).
Parmi ses recueils de poésie, il y a les titres «Fragments», «Pensées vagabondes», «Icônes de la plasticité au féminin». Ses autres nouvelles publications sont : «Mysticité et plasticité», «Melhoun et peinture», «Peinture et poésie», «Chuchotement du silence», «Musicalité et plasticité» (Tome I), «Musicalité et plasticité» (Tome II), «Voix intérieure», «Art et Amour», «La route de lumière», «Danse et plasticité», «Vivre avec soi», «Vivre ensemble», «Art et beauté» (écrits et œuvres).

 

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