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Luis Mora : «La digitalisation de l’état civil entamée par le Maroc bénéficiera à son développement à tous les niveaux»

Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) accueille désormais le Centre d’excellence sur les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil. D’après l’organisation onusienne, les systèmes d’enregistrement des faits d’état civil sont non seulement nécessaires pour suivre la situation des femmes et des enfants, mais représentent aussi une garantie pour leur accès à l’éducation, aux services de santé et aux opportunités économiques. Dans cet entretien, Luis Mora, représentant de l’UNFPA au Maroc, nous parle en détail des avancées réalisées par le Royaume dans ce domaine.

Luis Mora : «La digitalisation de l’état civil entamée par le Maroc  bénéficiera à son développement à tous les niveaux»

Le Maroc : Quel rôle joue l’enregistrement des faits dans l’état civil dans le suivi du progrès et la réalisation des ODD ?

Luis Mora
: Dans l’ensemble, les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil (ESEC) sont essentiels pour suivre les progrès de 67 indicateurs des Objectifs de développement durable (ODD) et sont directement liés à la réalisation de 12 des 17 ODD. Le registre civil a un rôle important dans le développement d’un pays. Parallèlement aux processus du recensement et enquêtes menés régulièrement sur la population, le registre civil donne la possibilité de fournir des données et des informations ponctuelles. 

L’enregistrement des événements, comme les naissances, les décès, les causes de décès, les mariages et les divorces, joue un rôle primordial dans l’amélioration de la santé et du statut des femmes, des enfants et des adolescents. D’un autre côté, ces statistiques fournissent aux responsables des politiques et aux praticiens les données probantes nécessaires pour concevoir des interventions et appliquer des politiques appropriées sur la santé des mères et des enfants. 

Les systèmes ESEC sont non seulement nécessaires pour suivre la situation des femmes et des enfants, mais représentent aussi une garantie pour leur accès à l’éducation, aux services de santé et aux opportunités économiques.

C’est aussi un outil essentiel pour la planification au niveau territorial, en appui aux acteurs locaux pour répondre aux différents défis de la population, notamment l’urbanisation, l’aménagement du territoire, la migration interne, etc.

Pourtant, des millions de personnes dans le monde, les femmes et les filles en particulier, sont confrontées à des défis et des obstacles remarquables dans l’enregistrement des naissances, des mariages, des divorces, des décès et des causes certifiées de décès.

D’où l’importance d’assurer la déclaration d’ESEC dans les établissements de santé, et d’assurer de nouveaux moyens de soutenir l’enregistrement communautaire.

 Qu’en est-il de la situation au Maroc ? 

Pour le cas du Maroc, nous nous réjouissons de l’amélioration progressive des systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil, et les efforts considérables en la matière menés principalement par les Haut-Commissariat au Plan, le ministère de l’Intérieur ainsi que le ministère de la Santé.

On constate aussi le renforcement de la coordination entre ces institutions pour améliorer l’échange de l’information, la qualité de la collecte et la mise à disposition des données, en tenant en considération leurs rôles spécifiques en la matière.

Nous saluons les efforts du Maroc dans cette direction. À titre d’exemple, il y a eu une nette amélioration de l’enregistrement de certains évènements, tels que les décès des femmes qui étaient sous-enregistrés par rapport aux décès des hommes.

Dans le cadre de la régionalisation avancée, le registre civil est aussi un instrument très important pour la planification territoriale et représente un atout pour la prise de décision au niveau territorial. 

Le Maroc peut également se féliciter du lancement du processus de la digitalisation de l’état civil qui va bénéficier au développement du pays à tous les niveaux.

Justement, l’État marocain a lancé un grand chantier d’informatisation  de l’état civil. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Un vaste chantier de renforcement des capacités en statistiques de l’état civil a été lancé au Maroc. Considérant le potentiel des systèmes ESEC de haute qualité, notamment sur le changement transformationnel au niveau des questions de santé et de genre, l’UNFPA s’est joint aux efforts nationaux pour favoriser l’échange des expériences au niveau mondial et contribuer ainsi au progrès escompté par le pays.

En effet, des systèmes ESEC solides sont étroitement liés aux systèmes de santé inclusifs et à l’autonomisation des femmes. L’UNFPA est ainsi fortement engagé dans le plaidoyer pour la nécessité d’investissements plus importants qui vont permettre aux systèmes ESEC d’aider à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le processus d’informatisation de l’état civil est arrivé au bon moment. Quand la crise de la Covid-19 s’est déclenchée, les avancées en la matière ont permis une réponse adéquate et rapide de l’État marocain pour bâtir des réformes approfondies sur des questions essentielles comme l’éducation, la santé et la protection sociale. 

Investir dans la continuité de l’amélioration et la digitalisation des systèmes ESEC est très important, en tant qu’instrument essentiel pour le Nouveau Modèle du développement.

Enfin, quelles sont les actions de l’UNFPA pour appuyer l’État dans ce chantier et sensibiliser la population marocaine ?

L’UNFPA, Fonds des Nations unies pour la population, appuie 150 pays, dont le Maroc, dans la collecte des données démographiques à même de comprendre leurs tendances et de développer des politiques permettant d’assurer un développement durable et inclusif. 

Cette année, en marge de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, un événement parallèle a été organisé pour l’annonce publique du transfert du Centre d’excellence (CE) sur les systèmes ESEC à l’UNFPA. Ce Centre d’excellence a été fondé en 2015 et accueilli à ce jour au Centre de recherches pour le développement international (CRDI).

La transition souligne un partenariat croissant entre l’UNFPA, le CRDI, Affaires mondiales Canada et le Mécanisme de financement mondial (MFM), afin d’élargir la portée du soutien technique de l’enregistrement et des statistiques de l’état civil dans le monde entier. 

En accueillant le Centre d’excellence, l’UNFPA s’appuiera sur les normes élevées de leadership mondial et de coopération technique établies par le CRDI, et visera à étendre la portée de l’expertise, des outils et des conseils du CE à un plus grand nombre de pays. 

Le Maroc a été représenté dans cet événement pour partager l’expérience marocaine et les efforts consentis en matière de renforcement des capacités en statistiques de l’état civil.

Le projet d’appui mené en appui de l’UNFPA au Maroc met le registre civil au centre de l’intervention, avec une perspective de genre. Nous espérons que ce Centre d’excellence mondial va nous permettre de renforcer notre collaboration au service du pays et de sa population. 

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