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Une magnifique bâtisse avec une fabuleuse histoire

La Fondation nationale des musées poursuit sa stratégie de démocratisation de la culture, à travers l’ouverture de musées dans plusieurs villes du Royaume. Récemment, elle a offert dans la ville du Détroit son premier musée d’art moderne, «Villa Harris, Musée de Tanger», qui a ouvert ses portes le 16 mars, en présentant une belle collection d’œuvres de peinture. Avec ce deuxième espace muséal, en plus de celui de la Casbah des cultures méditerranéennes, Tanger devient parmi les destinations culturelles incontournables au Maroc. Mais il faut dire que la qualité des tableaux exposés est un grand plus pour ce musée, car ces derniers retracent l’histoire de l’art au Maroc, et ce à travers quatre grandes sections très importantes à connaître pour mieux saisir ce parcours un peu particulier, mis en valeur grâce à une belle scénographie signée Isabelle Timsit.
«L’idée de départ était de faire une scénographie en adéquation avec l’histoire et le mythe de la Villa Harris. Puisque c’est un musée d’art moderne, j’ai essayé d’allier ce mélange entre le 19e siècle, avec des fauteuils en cuir, des vitrines et un peu de bois, puis le côté très moderne de l’art contemporain avec des supports scénographiques avec du verre, du plexi, en introduisant de l’audiovisuel et en utilisant à chaque fois de belles matières pour être à la hauteur de ce beau lieu», détaille-t-elle. En dehors de sa beauté, ce lieu riche en histoire est agrémenté par l’époustouflante collection d’œuvres, qui est une donation du mécène marocain El Khalil Belguench, que les Tangérois et tous ceux qui visitent la ville peuvent découvrir et apprécier. Ils peuvent ainsi croiser l’influence artistique du monde méditerranéen et le dialogue permanent entre les 
deux rives.
«Des tableaux d’artistes majeurs du début du XXe siècle, tels que Frank Tapiro, Jacques Majorelle, Claudio Bravo ou encore Edy-Legrand se confrontent aux œuvres des premières générations d’artistes marocains qui ont façonné la modernité artistique du Royaume, de Ben Ali R’bati et Mohamed Sarghini à Jilali Gharbaoui, Fatima Hassan, Mohamed Hamri et Farid Belkahia, entre autres». Sans oublier que ce joyau de l’architecture tangéroise est entouré d’un somptueux jardin qui offre une diversité de plantes et de sculptures pour le plaisir des visiteurs, aussi bien marocains qu’étrangers. Un grand Merci à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce projet culturel, notamment la Fondation nationale des musées, la wilaya de Tanger, l’Agence pour la promotion et le développement du Nord, puis le ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports, qui ont tous permis la rénovation de ce bâtiment en conservant son cachet authentique. Et bien sûr, de vifs remerciements vont au donateur El Khalil Belguench qui a offert sa collection d’une valeur artistique inestimable. 


Mehdi Qotbi  : «Nous ne remercierons jamais assez le donateur Belguench»

«Quand Belguench est venu me proposer sa collection, je n’arrivais pas à le croire. Il nous a ainsi présenté beaucoup d’œuvres, on en a choisi deux cents de très grande qualité, qui nous ont permis d’ouvrir ce musée en quelques mois, traçant l’apport de l’Occident et celui des artistes marocains. Nous ne remercierons jamais assez le donateur Belguench qui a voulu partager ces œuvres avec chaque Tangérois, chaque Marocain et chaque visiteur de la ville. S’il nous a fait confiance, c’est grâce à la politique insufflée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a donné une place importante à la culture et à l’art.»


La Villa Harris au fil du temps...

Imaginée et construite face à la Méditerranée à la fin du XIXe siècle par le journaliste britannique Walter Burton Harris (envoyé spécial du journal «The Times»), la villa a résisté au temps, aux guerres et aux occupations pour être, aujourd’hui, le témoin d’un riche héritage culturel et patrimonial légué aux générations futures. Ce bijou architectural, élevé au centre d’un domaine de 9 hectares où sont cultivées des plantes et espèces rares, est le témoignage d’une période historique importante, notamment les crises diplomatiques internationales en marge de la conférence d’Algésiras et de la visite de Guillaume II à Tanger, puis l’entrée en vigueur des deux protectorats français et espagnol au Maroc. Dans sa demeure, Walter Harris recevait l’élite du monde politique et intellectuel : diplomates, puissants, décideurs, religieux et espions aussi. Il en fait le siège de discussions des grands événements, d’alliances et de négociations… Mais suite à des dettes de jeu, Walter Burton Harris est contraint de se séparer de son petit paradis qu’il cède au propriétaire espagnol du Casino Onfre Zapata. La belle demeure et son parc sont, par la suite, transformés en Casino-Parc, jusqu’à l’occupation de Tanger par les troupes espagnoles lors de la Seconde Guerre mondiale.
Dans les années 1960, le domaine est racheté par le Club Méditerranée qui aménage un de ses villages de vacances autour de la Villa Harris. En 1992, le Club Méditerranée quitte Tanger, laissant le domaine intact et inhabité. Abandonné pendant vingt ans, le bâtiment se dégrade rapidement. Cet espace patrimonial emblématique de l’exceptionnelle et riche histoire de Tanger fut enfin reconstruit et réhabilité en 2017 par l’Agence pour la promotion et le développement du Nord dans le cadre du projet Tanger Métropole. Actuellement, la villa peut s’enorgueillir de devenir un espace muséal d’art moderne, qui vient compléter l’offre muséale de Tanger, et ce conformément aux volontés de Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’ériger la culture en priorité nationale et à la mission de la FNM d’élargir l’accès à l’art et à la culture à tous les Marocains.


Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée Mohammed VI

«Le parcours de cette exposition raconte un peu l’histoire de la peinture au Maroc. Il débute avec les œuvres de Benali R’bati en 1916 et s’étale jusqu’aux peintures récentes réalisées par de jeunes artistes issus de l’École de Tétouan ou de Casablanca. Et ce avec une seule spécificité qui est celle d’intégrer des artistes européens qui ont visité le Maroc et se sont inspirés de la lumière, des couleurs, de la culture et de la générosité des Marocains. Ces artistes ont vécu au Maroc et ont contribué à la genèse de la peinture au Royaume, à travers des rencontres entre les peintres marocains et ceux venus d’ailleurs. Ce qui va donner, à chaque fois, naissance à des expressions plastiques particulières. Ce parcours s’amorcelle en s’enrichissant de ces palettes diversifiées. Puis, nous avons voulu, aussi, montrer que Tanger a toujours attiré les peintres par sa lumière. Ainsi, beaucoup d’artistes ont suivi les pas de Delacroix, notamment des aquarellistes britanniques et espagnols qui sont venus visiter la ville et dont certains se sont installés à Tanger pendant de longues années, comme Frank Tapiro et bien d’autres qui ont réalisé plusieurs œuvres sur le Maroc. Ce qui montre que le Maroc a toujours été un pays d’accueil et de tolérance.»

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