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«Les maladies liées aux virus hivernaux ont connu une réelle décrue grâce aux mesures prises contre le coronavirus»

Rhume, grippe, maux de gorge, écoulement nasal… Le froid de l’hiver arrive généralement accompagné de son lot de problèmes de santé. Ces petits maux font pratiquement partie de notre quotidien durant la saison froide. Mais cette année avec la propagation du coronavirus, qui a des symptômes en commun avec les maladies traditionnelles de l’hiver, on a souvent du mal à les différencier. Dr Moussayer Khadija, spécialiste en médecine interne et en gériatrie, partage avec les lecteurs du «Matin» tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet.

«Les maladies liées aux virus hivernaux ont connu une réelle décrue grâce aux mesures prises contre le coronavirus»

Le Matin : Chaque année, la saison de l’hiver favorise le déclenchement de plusieurs infections. Cette année avec la propagation de la Covid-19, est-ce que ce type de maladies est plus difficile à gérer ?
Dr Khadija Moussayer
: En effet, en hiver, de nombreux virus sont présents, ils sont chaque année à l’origine d’épidémies de grippe, de gastro-entérite et de bronchiolite. Les virus respiratoires sont responsables des rhumes, des rhinopharyngites, des grippes saisonnières, des bronchites et des bronchiolites chez l’enfant. Les rotavirus, quant à eux, sont responsables de gastro-entérites. Ces virus saisonniers de l’hiver se transmettent via les gouttelettes respiratoires émises lors de toux, d’éternuements ou par les postillons et la salive ou encore lors du contact direct des mains d’une personne avec une autre ou par le contact d’objets contaminés. Ce sont là également les mêmes voies de transmission de la Covid-19 et, par conséquent, les mêmes moyens de prévention utilisés contre la Covid-19 sont efficaces pour se prémunir contre les virus hivernaux. Ces derniers sont, eux aussi, à l’origine de formes graves chez des personnes fragilisées comme la grippe chez la personne âgée ou la gastro-entérite chez les plus jeunes enfants. Cette année, il a été constaté que ces maladies liées à ces virus hivernaux ont connu une réelle décrue grâce aux mesures prises contre le coronavirus.

Comment peut-on faire face aux infections hivernales ?
Pour se prémunir des virus de l’hiver, il est recommandé d’adopter des gestes barrières : porter un masque jetable dès l’apparition des premiers signes (fièvre, toux, éternuement) pour protéger les autres, en particulier les personnes âgées, les bébés, ou encore les personnes qui ont une maladie chronique ou les femmes enceintes. Le lavage des mains est essentiel pour lutter contre ces infections hivernales. Il est également recommandé d’utiliser un mouchoir à usage unique pour se moucher, éternuer ou tousser dans le pli du coude pour ne pas se souiller les mains, autres vecteurs des virus de l’hiver.

Et comment ne pas confondre rhume ou grippe et Covid-19 ?
La grippe saisonnière et la Covid-19 entraînent effectivement des symptômes similaires marqués par des manifestations respiratoires d’où le risque de confusion entre les deux infections virales. Les deux virus provoquent en effet écoulement nasal, fièvre, toux, courbatures, fatigue, et même la perte du goût et de l’odorat. Leur degré de gravité est également très varié : tandis que certains sujets sont asymptomatiques ou ont des symptômes bénins, d’autres présentent des manifestations graves, voire décèdent.
Malgré ces similitudes, il y a des différences entre les deux infections au niveau de la durée d’incubation qui est le délai qui s’écoule entre l’infection et le début des symptômes. La grippe a une période d’incubation plus courte que la Covid-19 : entre 1 et 3 jours pour la grippe contre 3 à 5 jours (parfois jusqu’à 14 jours) pour la Covid-19.
La grippe se propage aussi plus rapidement que la Covid-19, l’intervalle entre les 2 cas qui se suivent sur la chaîne de transmission est de 5 à 6 jours pour la Covid-19 tandis que cet intervalle sériel pour la grippe est de 3 jours.
La Covid-19 a des taux de formes sévères et de complications plus élevés que la grippe. Parmi les complications d’une infection au coronavirus : syndrome de détresse respiratoire aigu, insuffisance rénale aiguë, voire défaillance multi-viscérale...
Le test PCR effectué sur prélèvement nasal reste le seul outil pour faire la différence entre les deux infections respiratoires.

Depuis le début de la pandémie, on remarque que les gens consomment plus de compléments alimentaires et de vitamines pour améliorer leurs systèmes immunitaires. Que pensez-vous de ce type de comportement ? Est-ce que cela est sans danger pour la santé ?
Le système immunitaire est, en effet, notre meilleur rempart contre l’infection par le coronavirus, il est composé de multiples acteurs : organes et cellules. Pour renforcer son système immunitaire, il faut privilégier une alimentation équilibrée, un sommeil de bonne qualité et lutter contre le stress. Il faut aussi prendre soin de la peau et des muqueuses. Ce sont des barrières physiques qui constituent la première ligne de défense du corps et fabriquent des substances qui contribuent à détruire les germes et les empêchent ainsi de s’introduire dans le corps.
Une activité physique régulière, une bonne hygiène de vie jouent un rôle important dans le renforcement du système immunitaire. Par ailleurs, une alimentation variée et équilibrée rapporte tous les éléments nutritifs pour le fonctionnement du corps et du système immunitaire. Les compléments alimentaires ne doivent pas être pris sans contrôle médical, car ils peuvent être à l’origine d’un surdosage qui peut mener à des troubles cardiaques ou à des interactions avec d’autres médications entravant ainsi leur efficacité.

Et quels sont justement les bons réflexes pour améliorer son système immunitaire sans faire de mal à sa santé ?
Avoir un bon taux de vitamine D dans le corps est primordial pour le bon fonctionnement du système immunitaire. La vitamine D stimule la production des lymphocytes T des cellules tueuses qui se déploient dès qu’un agent pathogène considéré comme dangereux pénètre dans l’organisme afin de l’éliminer. La vitamine D va leur permettre de s’activer, et si sa concentration dans le sang est trop faible, ces lymphocytes T ne seront pas activés et la réponse immunitaire sera moindre.
Avoir un microbiote (anciennement appelé flore intestinale) de bonne qualité est également primordial. Ce sont des micro-organismes constitués de bactéries, de virus, de parasites et  de champignons non pathogènes qu’abrite notre tube digestif. Ils représentent 2 à 10 fois le nombre de cellules de notre corps. Ces micro-organismes protègent l’organisme de l’intrusion des bactéries et des virus nocifs. Une mauvaise alimentation et l’abus de médicaments, en particulier d’antibiotiques, altèrent ce précieux moyen de défense de l’organisme qu’est le microbiote.

Enfin, est-ce que les personnes souffrant de maladies auto-immunes sont plus vulnérables face aux bobos de l’hiver ? Et comment peuvent-elles se protéger ?
Les personnes atteintes de maladies auto-immunes, un ensemble de maladies où le système immunitaire au lieu de nous protéger attaque les propres constituants de l’organisme, sont plus fragiles par rapport aux infections notamment celles ayant un lupus systémique ou sont sous traitement immunosuppresseur, une infection virale peut, par ailleurs, aggraver la maladie sous-jacente. Pour pallier cette vulnérabilité, les personnes touchées par les maladies auto-immunes à l’origine d’une immunodépression doivent renforcer leurs mesures barrières en cette période de pandémie et se protéger par la vaccination. Néanmoins, l’efficacité des vaccins peut être amoindrie à cause d’une plus faible capacité de produire des anticorps. De plus, les vaccins vivants ou atténués sont contre-indiqués. 

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