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«Le Maroc est un champion africain dans le domaine de la migration»

Le Maroc représente un modèle pour les pays d’Afrique du Nord en matière de politique migratoire et d’accueil des réfugiés. C’est dans ce sens que la Commission économique pour l’Afrique (CEA, qui joue un double rôle en tant qu’organisme régional de l’Organisation des Nations unies et en tant que partie intégrante du paysage institutionnel régional en Afrique) vient de lancer une étude sur les statistiques migratoires au Maroc. Cette étude entre dans le cadre d’un projet dont l’objectif principal est le renforcement des capacités des différents acteurs nationaux impliqués dans la collecte et le traitement des données et statistiques migratoires. Le rapport final de l’étude est prévu avant la fin de cette année. Plus de détails avec Sarah Boukri, chef du Programme migration Afrique du Nord de la CEA.

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Le Matin : La CEA soutient les pays africains pour la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté au Maroc en décembre 2018. Quelles formes prend ce soutien ?

Sarah Boukri :
La CEA a la particularité d’avoir un mandat qui lui permet d’opérer aux niveaux régional et sous-régional pour mobiliser des ressources et les mettre au service des pays membres. Aujourd’hui, la question de la migration est une question primordiale en Afrique. Le rôle de la CEA est d’apporter un appui technique aux pays africains pour les soutenir dans la mise en place des recommandations du Pacte mondiale pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, mais aussi de l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063. Cet appui se concrétise par la réalisation d’études, l’organisation de workshops et par le biais aussi de la proposition d’un plan de renforcement des capacités des différents acteurs gouvernementaux impliqués dans la gestion de la question migratoire.

L’une des formes de ce soutien est le lancement d’une étude sur les statistiques migratoires au Maroc. Quels sont les principaux objectifs de cette étude ?

Effectivement, nous réalisons actuellement une étude sur les statistiques migratoires au Maroc, mais cette étude rentre dans le cadre d’un programme plus global mené dans cinq autres pays africains (Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal, Zimbabwe et Afrique du Sud). Ce programme, outre la réalisation d’une étude sur les statistiques migratoires, projette de réaliser également une étude sur la question de la reconnaissance des compétences des travailleurs en Afrique, qui est un sujet très important. L’objectif de cette étude est de faire une analyse des statistiques et données existantes sur la migration au Maroc, que ce soit au niveau national ou international ainsi qu’au niveau des systèmes de récolte et de traitement des données qui sont aujourd’hui sectoriels et voir dans quelle mesure il est possible de mettre en place un système national harmonisé. Tout cela dans le but ultime d’appuyer la politique marocaine d’immigration et d’asile et de permettre ainsi au Maroc de mettre en place les recommandations du Pacte mondiale pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Le Maroc a été choisi comme pays pilote pour cette étude, sachant que d’autres pays africains feront l’objet d’études similaires. Pourquoi la CEA table-t-elle sur le Maroc pour ce projet pilote ?

Il y a plusieurs raisons qui justifient le choix du Maroc en tant que pays pilote. La première raison est que le Maroc est passé d’un pays d’émigration, c’est-à-dire un pays de départ, à un pays de transit et, plus récemment, il est devenu un pays d’immigration, en d’autres termes un pays d’accueil des migrants. La deuxième raison est que le Maroc est un champion africain dans le domaine de la migration. Une position justifiée, d’une part, par la politique migratoire du Royaume et, d’autre part, par l’approche humaniste adoptée par le Maroc dans la gestion de la migration qu’il considère comme un atout. La Maroc a également démontré son engagement vis-à-vis de la question migratoire en accueillant la conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte mondiale pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en 2018 et en abritant le siège de l’observatoire africain des migrations inauguré récemment.

Quelle est l’importance d’établir un diagnostic des données existantes auprès des différents départements ministériels et organismes nationaux ?

Cette analyse est une étape indispensable avant la mise en place d’un système national harmonisé. Elle permettra de déceler les lacunes existantes et de faire des propositions pour y remédier, notamment par la mise en place d’un plan de renforcement des capacités des acteurs impliqués dans la récolte et le traitement des données migratoires au sein des différents départements. Il est important aussi de rappeler qu’avoir les bons chiffres permet de prendre des décisions politiques adaptées à la réalité sur le terrain. Un système statistique performant est le garant d’une politique éclairée. 

Propos recueillis par Brahim Mokhliss

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