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Le Maroc perd environ 10% de croissance économique en 2020

La Banque mondiale table sur une contraction du PIB réel marocain de 6,3% en 2020. Si l’on prend en considération une croissance annuelle moyenne pré-pandémique, entre 3 et 4%, le Maroc perd ainsi presque 10% de croissance en 2020. Le bilan de la crise sanitaire reste également lourd pour le secteur privé. 6,1% des entreprises du secteur formel auraient cessé leurs activités et 86,9% signalent une baisse des ventes de 50,4% en moyenne. L’économie marocaine devrait renouer avec une croissance de 4% en 2021, mais un retour au niveau préalable à la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022.

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La crise sanitaire aurait coûté, en 2020, environ 10% de PIB annuel au Maroc. Et en dépit de quelques signes de reprise, la situation reste fragile étant donné la dégradation de la situation épidémiologique enregistrée ces derniers temps. Un retour de l’économie marocaine au niveau préalable à la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022. C’est ce qui ressort du Rapport semestriel de suivi de la situation économique du Maroc, publié par la Banque mondiale et présenté lors d’une table ronde en ligne organisée le 14 janvier en présence de trois économistes de l’institution de Bretton Woods. «En 2020, le pays devrait subir sa première récession depuis les années 1990. La contraction économique de 14,9% qui a eu lieu au deuxième trimestre – coïncidant largement avec le confinement – est la plus importante jamais enregistrée. Avec des baisses de 8,7 et 5,5% affichées respectivement aux troisième et quatrième trimestres, une contraction du PIB réel de 6,3% est prévue en 2020. Si l’on prend en considération une croissance annuelle moyenne pré-pandémique de l’économie marocaine, entre 3 et 4%, le Maroc perd ainsi presque 10% de croissance économique en 2020», a déclaré Javier Diaz Cassou, économiste senior de la Banque mondiale et co-auteur de ce rapport sur le Maroc intitulé «De la riposte d’urgence à la reprise».

Cette rencontre, animée également par Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb, et Éric Le Borgne, économiste principal, fait état également d’un bilan lourd sur le plan macro-économique. Le déficit budgétaire devrait s’alourdir à 7,8% et la dette publique dépasser 76% du PIB en 2020. Le déficit du compte courant s’aggraverait également pour atteindre 6% du PIB cette année.

Sur le plan micro-économique, l’enquête auprès des entreprises (1.096 unités) menée (en juin/juillet 2020) par la Banque mondiale montre également un impact important et persistant de la pandémie de la Covid-19 sur le secteur privé formel. À titre indicatif, 6,1% des entreprises du secteur formel auraient cessé leurs activités. 86,9% signalent une baisse des ventes de 50,4% en moyenne par rapport à leur niveau pré-pandémique. En outre, 5,7% des employés ont été congédiés au moment où 56,1% des entreprises ont réduit les heures travaillées, sachant que l’économie marocaine a perdu 581.000 emplois en un an.

Moins de destruction d’emplois au Maroc

Selon les experts de la Banque mondiale, les impacts de la crise sur les entreprises ont été plus forts au Maroc que dans les autres 24 pays concernés par cette enquête mondiale. Cependant, le Royaume enregistre moins de destruction d’emplois, en raison essentiellement «d’une législation du travail moins flexible, mais aussi des mesures du soutien public. À ce sujet, la Banque mondiale salue la mise en place de la stratégie de relance ambitieuse, qui mobilise près de 11% du PIB sous forme de fonds d’investissements et de prêts garantis pour les injecter dans les capitaux des entreprises et donner une nouvelle impulsion aux partenariats publics-privés liés aux infrastructures. L’institution salue également les diverses réformes structurelles importantes annoncées, notamment la généralisation de l’assurance maladie, une refonte du système de protection sociale autour d’une universalisation des allocations familiales ainsi que la rationalisation du vaste réseau des entreprises publiques.

Selon la Banque mondiale, l’économie marocaine devrait renouer avec une croissance de 4% cette année, grâce à la «récupération de la valeur ajoutée agricole, la reprise de celle non agricole et l’allègement par l’État des mesures de confinement» (lire ci-contre les prévisions du Haut-Commissariat au Plan – HCP). Cependant, dans le court terme, les mécanismes d’injection de liquidité mis en œuvre par l’État restent encore essentiels pour éviter la destruction du tissu productif et éviter une vague d’insolvabilité des entreprises. À plus long terme, le Maroc pourrait stimuler la concurrence et instaurer des conditions équitables pour les nouveaux entrants sur les marchés des biens et services, tout en améliorant son capital humain et ses cadres institutionnels. «En outre, les politiques industrielles appropriées contribueraient à consolider la position du Maroc en tant que destination nearshoring pour les entreprises multinationales et ainsi tirer parti des opportunités stratégiques qui pourraient émerger globalement dans le monde post-pandémie». 

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