La crise sanitaire aurait coûté, en 2020, environ 10% de PIB annuel au Maroc. Et en dépit de quelques signes de reprise, la situation reste fragile étant donné la dégradation de la situation épidémiologique enregistrée ces derniers temps. Un retour de l’économie marocaine au niveau préalable à la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022. C’est ce qui ressort du Rapport semestriel de suivi de la situation économique du Maroc, publié par la Banque mondiale et présenté lors d’une table ronde en ligne organisée le 14 janvier en présence de trois économistes de l’institution de Bretton Woods. «En 2020, le pays devrait subir sa première récession depuis les années 1990. La contraction économique de 14,9% qui a eu lieu au deuxième trimestre – coïncidant largement avec le confinement – est la plus importante jamais enregistrée. Avec des baisses de 8,7 et 5,5% affichées respectivement aux troisième et quatrième trimestres, une contraction du PIB réel de 6,3% est prévue en 2020. Si l’on prend en considération une croissance annuelle moyenne pré-pandémique de l’économie marocaine, entre 3 et 4%, le Maroc perd ainsi presque 10% de croissance économique en 2020», a déclaré Javier Diaz Cassou, économiste senior de la Banque mondiale et co-auteur de ce rapport sur le Maroc intitulé «De la riposte d’urgence à la reprise».
Moins de destruction d’emplois au Maroc
Selon les experts de la Banque mondiale, les impacts de la crise sur les entreprises ont été plus forts au Maroc que dans les autres 24 pays concernés par cette enquête mondiale. Cependant, le Royaume enregistre moins de destruction d’emplois, en raison essentiellement «d’une législation du travail moins flexible, mais aussi des mesures du soutien public. À ce sujet, la Banque mondiale salue la mise en place de la stratégie de relance ambitieuse, qui mobilise près de 11% du PIB sous forme de fonds d’investissements et de prêts garantis pour les injecter dans les capitaux des entreprises et donner une nouvelle impulsion aux partenariats publics-privés liés aux infrastructures. L’institution salue également les diverses réformes structurelles importantes annoncées, notamment la généralisation de l’assurance maladie, une refonte du système de protection sociale autour d’une universalisation des allocations familiales ainsi que la rationalisation du vaste réseau des entreprises publiques.Selon la Banque mondiale, l’économie marocaine devrait renouer avec une croissance de 4% cette année, grâce à la «récupération de la valeur ajoutée agricole, la reprise de celle non agricole et l’allègement par l’État des mesures de confinement» (lire ci-contre les prévisions du Haut-Commissariat au Plan – HCP). Cependant, dans le court terme, les mécanismes d’injection de liquidité mis en œuvre par l’État restent encore essentiels pour éviter la destruction du tissu productif et éviter une vague d’insolvabilité des entreprises. À plus long terme, le Maroc pourrait stimuler la concurrence et instaurer des conditions équitables pour les nouveaux entrants sur les marchés des biens et services, tout en améliorant son capital humain et ses cadres institutionnels. «En outre, les politiques industrielles appropriées contribueraient à consolider la position du Maroc en tant que destination nearshoring pour les entreprises multinationales et ainsi tirer parti des opportunités stratégiques qui pourraient émerger globalement dans le monde post-pandémie».