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Messari, Garcia, Chaoui et Prentice : Quatre artistes-peintres pour faire revivre la mémoire de Tanger

«Mémoire écrite, illustrée, méditée et stylisée» est l’intitulé de l’exposition collective accrochée, jusqu’au 31 octobre, à Gallery Kent à Tanger, dans le cadre de la troisième édition du Parcours des arts de Tanger. Sont ainsi exposées les œuvres de quatre artistes provenant de divers horizons, en l’occurrence Saïd Messari, Bernabé Lopez Garcia, Abdelkader Chaoui et Elena Prentice.

Messari, Garcia, Chaoui et Prentice : Quatre artistes-peintres pour faire revivre la mémoire de Tanger

Une prestation qui célèbre la cité du Détroit et son statut international historique, à travers des thématiques liées à la mémoire, à l’invisible et à l’insaisissable.
À commencer par Saïd Messari qui offre une vision d’un monde décidé à se défaire des contingences de la matérialité, sauf à la transcender. Selon le critique d’art Philippe Guiguet Bologne, «Saïd Messari serait plutôt tenté d’arrêter le temps et d’installer le monde dans une attente, en suspens, sous cloche et sous la protection d’une coque ou d’une couche de gypse. Il fait œuvre de mémoire, à perpétuité. Son univers est pris dans une blancheur qui serait un signe de pureté et d’absolue neutralité, et celui d’une absence d’espace et de temps». Et d’ajouter que ses œuvres circulaires, comme autant de médaillons, dessinent des bulles de non-être, d’extraction de l’être des choses pour n’en dire que l’essence, où toute temporalité serait effacée.

Quant à Abdelkader Chaoui, il œuvre dans les champs intangibles de la volonté de mémoire. «D’ailleurs, tout le répertoire des signes de l’œuvre picturale du poète Abdelkader Chaoui renvoie à ces heures de l’émancipation et des croyances en un monde perfectible, sémiographie qui nous ramène aux univers de Mohamed Kacimi, de Saad Ben Cheffaj et de Saad Hassani, bien évidemment, mais encore à ceux de Labied Miloud ou de Mohamed Bennani… Un monde en soi, qui a été une révolution et qui est maintenant devenu une tradition : celui des fondateurs de l’art moderne au Maroc», explique le critique d’art. 
Sachant que l’intérêt de l’écrivain Abdelkader Chaoui pour cet art ne date pas d’aujourd’hui. Car il avait déjà, auparavant, conçu les couvertures des livres de certains auteurs marocains, comme le poète Abdellatif Laâbi, le poète Mustapha Miftah et d’autres, ainsi que la conception des couvertures de ses propres livres.
Bernabé López Garcia, quant à lui, donne accès, dans cette exposition, «à l’intimité de ses carnets de notes et de dessins, dans lesquels Tanger s’illustre pour le moins abondamment et avec virtuosité. Depuis de nombreuses années, il tient ce journal d’esquisses et d’observations, constituant une impressionnante série de carnets, dont les nombreux volumes, maintenant archivés et numérotés, occupent un rayonnage entier de sa bibliothèque», souligne Philippe Guiguet qui n’a pas manqué de préciser que Bernabé López Garcia, tangérophile averti de longue date, a su pénétrer quelque chose de l’âme de la ville que peu d’artistes ont pu le faire, dont une transparence de l’air, qui sans doute produit toute la singularité de cette fameuse lumière sur le détroit, et que notre dessinateur a captée et traduite grâce à la simplicité nerveuse de son trait. Par ailleurs, les œuvres d’Elena Prentice atteignent des sommets en matière d’«aérianité». «Elena Prentice est allée à la recherche d’une matérialité inqualifiable, celle des marbrures d’une forme de papier à la cuve, où par ses jaspures elle se permettait sa réponse à la célèbre coulure qui orne depuis quelques décennies maintenant les bouquets et les forêts de Cy Twombly : une façon honorable d’être de son temps et d’un citationnisme aux bonnes distances». Il s’agissait pour elle de dévoiler l’invisibilité de ce que l’on ne connaît que trop, peut-être aussi de célébrer la beauté du geste que l’on ne maîtrise pas et qui laisse sa part au hasard, mais encore de célébrer un hommage au papier en tant que support, dont la poétique hante le goût des plus littéraires entre les amateurs d’art, explique le critique d’art Philippe Guiguet Bologne. 

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