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Migration climatique interne au Maroc : Les mises en garde de la Banque mondiale

Le changement climatique risque de contraindre 216 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur pays d’ici à 2050. Des points chauds d’émigration climatique apparaîtront dès la prochaine décennie, alerte la Banque mondiale. Au Maroc, le nombre de migrants climatiques atteindrait 1,9 million, soit 5,4% de la population totale, qui se dirigeraient vers des zones qui offrent des opportunités, notamment le corridor Casablanca-Rabat et Tanger. L’institution de Bretton Woods appelle ainsi à une action immédiate et coordonnée pour soutenir un développement vert, résilient et inclusif afin de relever ce défi sur les plans économique et social.

Migration climatique interne au Maroc :  Les mises en garde de la Banque mondiale
Au Maroc, les villes côtières en expansion devront mettre en œuvre une planification urbaine résiliente et inclusive qui tienne compte des risques climatiques et de leurs impacts économiques.

Nouveau warning de la Banque mondiale sur le risque climatique et le développement. Selon l’institution de Bretton Woods, le changement climatique risque de contraindre 216 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur pays d’ici à 2050. Les «points chauds» d’émigration climatique apparaîtront dès la prochaine décennie pour s’intensifier après 2030, alors que les gens quittent des endroits qui ne peuvent plus leur assurer de moyens d’existence et se dirigent vers des zones qui offrent des opportunités. Ce qui déstabiliserait les économies des pays avec notamment une croissance accélérée des besoins en services de base dans les régions d’accueil. Le Maroc n’est pas épargné. Au contraire, il figure parmi les pays les plus concernés de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), note le rapport Groundswell de la Banque mondiale.
Ainsi, l’Afrique du Nord (y compris l’Égypte) enregistrerait jusqu’à 19,3 millions (9% de la population totale) de migrants climatiques internes à l’horizon 2050. «Au Maroc, l’ampleur de la migration climatique devrait augmenter d’ici 2050 dans les trois scénarios modélisés dans le rapport. Le nombre de migrants climatiques est le plus élevé dans le scénario de référence pessimiste, avec une moyenne de 1,9 million (soit 5,4% de la population totale). Le changement climatique pourrait devenir un moteur de migration interne de plus en plus important dans un pays où la mobilité interne est déjà bien établie», estiment les économistes de l’institution. Comme exemple d’illustration : «cet adolescent marocain qui laisse derrière lui ses montagnes et la ferme où sa famille cultive des olives et des fruits pour travailler dans le bâtiment aux environs de Rabat afin de s’assurer un salaire plus fiable, car les pénuries d’eau rendent les revenus de l’agriculture plus incertains». Selon la Banque mondiale, l’Afrique du Nord afficherait la proportion la plus importante de migrants climatiques internes par rapport à la population totale. Cela est dû dans une mesure importante à la rareté extrême de l’eau de même qu’aux effets de l’élévation du niveau de la mer sur des zones côtières densément peuplées et dans le Delta du Nil.

L’eau, principal moteur des migrations en Afrique du Nord
«En Afrique du Nord, les résultats de la modélisation font apparaître les perturbations de la disponibilité de l’eau comme le principal moteur des migrations climatiques internes. Elles chassent les populations des régions côtières et intérieures dans lesquelles l’eau se raréfie, ralentissant la croissance démographique dans les foyers d’émigration climatique le long de la côte nord-est de la Tunisie, la côte nord-ouest de l’Algérie, l’ouest et le sud du Maroc ainsi que les contreforts de l’Atlas central qui subissent déjà le stress hydrique», détaillent les experts de la banque. 
Ainsi, plusieurs zones où l’eau est plus disponible devraient devenir des foyers d’immigration climatique, notamment des centres urbains importants comme le corridor Casablanca-Rabat, et Tanger. Pendant ce temps, les zones d’accueil sont souvent mal préparées pour accueillir des migrants climatiques internes supplémentaires et leur fournir des services de base ou utiliser leurs compétences.
Les migrations climatiques à planifier
Le rapport estime qu’une action immédiate et coordonnée en vue de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre et de soutenir un développement vert, résilient et inclusif diminuerait l’ampleur des migrations climatiques internes de 80%.
Au Maroc par exemple, les villes côtières en expansion devront mettre en œuvre une planification urbaine résiliente et inclusive qui tienne compte des risques climatiques et de leurs impacts sur les secteurs économiques clés et les infrastructures urbaines.
Par ailleurs, les mesures d’adaptation seront toujours aussi importantes pour les secteurs sensibles au climat, notamment l’agriculture, étant donné son importance pour les moyens de subsistance et l’emploi dans la région d’Afrique du Nord en général. Au Maroc, la gestion et le développement intégrés des ressources en eau seront essentiels, tout comme les efforts visant à assurer une croissance économique à faible émission de carbone et résiliente. Le rapport note enfin que toutes les migrations ne peuvent pas être évitées. Les pays peuvent commencer à planifier dès aujourd’hui des migrations climatiques internes ordonnées et bien gérées. Le rapport explique comment y parvenir, notamment en intégrant les migrations climatiques dans la planification du développement et en comprenant mieux les facteurs qui les motivent afin d’élaborer des politiques bien ciblées. 

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