internationalLes entreprises marocaines ont décelé très tôt l’immense po-tentiel des marchés africains et ont même joué un rôle pré-curseur dans le continent. Leur voca-tion africaine est si bien ancrée qu’elle s’inscrit désormais dans leurs gènes. Aujourd’hui, s’implanter en Afrique est une priorité stratégique des entre-prises marocaines comme le démontre la société de conseil BearingPoint dans son quatrième Baromètre du dévelop-pement international (BDI), publié en décembre dernier. L’étude, élaborée en association avec la Confédération géné-rale des entreprises du Maroc (CGEM), s’est intéressée aux modèles écono-miques et modes opératoires adoptés par les entreprises marocaines pour leur implantation en Afrique. Selon l’étude, le développement en Afrique fait partie des cinq premières priorités stratégiques des entreprises sondées. Elle figure même dans le Top 3 pour plus de 80% des répondants et consti-tue la priorité principale pour plus du tiers d’entre eux. 54% des sondés disent qu’il s’agit d’une activité inscrite dans les gènes de l’entreprise depuis toujours contre 23% qui la considèrent comme un relais de croissance récent, alors que 15% la présentent comme un axe de développement envisagé.
C’est bien connu, l’Afrique de l’Ouest demeure la partie qui concentre la plus forte présence des entreprises marocaines. Toutefois, constate l’étude, celles-ci commencent à gagner de plus en plus de terrain sur le reste du continent.
Elle relève également que nos entreprises adoptent un mode de développement plus rigoureux avec une prise de risque plus importante. «Le principe de déploiement sage, visant à limiter au maximum les risques au détriment des gains, est de moins en moins prisé par les entreprises marocaines (21% des répondants en 2020 contre 27% en 2015). Ces dernières font ainsi preuve d’une certaine forme de risque plus importante en matière de développement en Afrique», lit-on dans l’étude. Un changement a également été constaté dans les modalités de gestion des filiales. Les analystes de BearingPoint ont relevé qu’un plus grand nombre d’entreprises marocaines optent pour une gestion décentralisée. En effet, 45% d’entre elles disent avoir accordé une gestion propre à chaque filiale et 30% gèrent leurs antennes africaines via des directions de zones ou régions. Seuls 30% privilégient toujours une gestion centralisée alors que cette proportion atteignait 64% en 2015. «En cinq ans, le changement est significatif, avec une autonomisation plus forte des filiales vis-à-vis du siège. C’est un signe de maturité grandissante des entreprises», commente l’étude. Quant au mode d’implantation des entreprises marocaines en Afrique, l’étude note qu’il est resté inchangé par rapport à 2015. Environ ¾ des répondants attestent que les ouvertures des représentations commerciales et/ou de filiales restent les véhicules juridiques privilégiés par les entreprises marocaines pour l’implantation en Afrique. Quels modèles économiques ? L’étude BearingPoint a identifié 4 modèles économiques adoptés par les entreprises marocaines en Afrique : les producteurs et détenteurs d’actifs, les fournisseurs de services, les créateurs de technologies et les opérateurs de plateformes. La grande majorité des entreprises marocaines implantées en Afrique sont des producteurs/détenteurs d’actifs (46%) et des fournisseurs de services (43%). Les créateurs de technologies ne représentent que 10% et les opérateurs de plateformes encore moins (2%). Par ailleurs, l’analyse des données recueillies auprès des grands groupes et PME marocaines se développant en Afrique indique que leur majorité adopte le même modèle économique pour son développement sur le continent. Elles continuent d’opérer selon les modèles classiques de détenteurs d’actifs ou de fournisseurs de services. L’étude relève toutefois que certaines entreprises marocaines développent de nouvelles initiatives, laissant présager l’adoption de modèles économiques nouveaux et complémentaires. En effet, plus de la moitié des entreprises marocaines interrogées (54%) se disent prêtes à faire évoluer leur modèle économique vers un modèle complémentaire ou hybride pour générer plus de croissance : 36% des répondants ambitionnent de développer un nouveau modèle économique complétant les activités cœur de métier et 18% pensent à changer de modèle économique pour leur développement sur le continent.Crise pandémique et modèles économiques
L’étude s’est également intéressée aux effets de la crise de la Covid-19 sur les entreprises marocaines en Afrique. «Bien que la crise pandémique actuelle ait impacté l’activité des entreprises, elle a également été un accélérateur pour la digitalisation et la transformation des modèles économiques», constate l’étude. En chiffres, 55% des sondés ont estimé que la crise a eu des impacts directs sur leurs activités en Afrique, alors que 45% ont déclaré le contraire. Et pour 71% des répondants, la crise a été un accélérateur pour repenser leur modèle économique contre 14% qui affirment qu’elle n’a eu aucun impact dans ce sens. Le Baromètre du développement international a été réalisé entre septembre et décembre 2020 auprès de 200 professionnels issus de grands groupes et de PME marocaines se développant en Afrique. Les responsables interrogés via un questionnaire en ligne occupaient des fonctions au sein de la Direction générale et de la Direction internationale Afrique.