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Le docteur Mohamed Badine El Yattioui, professeur des relations internationales à l’Université américaine des Émirats arabes unis, affirme que la question de la constitution de réserves stratégiques afin d’anticiper d’éventuelles crises ou pénuries fait désormais partie des préoccupations de tous les pays. Les produits de première nécessité et les produits énergétiques (pétrole, gaz) sont le plus souvent évoqués et l’enjeu est de pouvoir réagir sereinement en cas de bouleversements ou de difficultés d’approvisionnement sur le plan international, ajoute-il. «C’est le propre des “Etats stratèges”, comme l’a très bien mentionné S.M. le Roi dans Son dernier discours», précise-t-il.
M. El Yattioui souligne dans le même ordre d’idées que la notion de réserve stratégique est fondamentalement liée à celle de souveraineté nationale. Et pour cause, ces réserves sont amenées à augmenter et à se diversifier, car nous vivons une nouvelle ère où la souveraineté des États est appelée à se renforcer. La compétition sera toujours aussi rude, mais les règles vont changer, indique-t-il. La «mondialisation heureuse» est dernière nous. On s’achemine vers une nouvelle donne. La géo-économie en 2021 tient compte des souverainetés nationales et seuls les États qui l’ont compris pourront avancer. Les réserves stratégiques permettent d’anticiper les crises et donc de garantir une forme de stabilité macroéconomique et politique, relève cet universitaire.
«La pandémie et ses conséquences montrent que sans réserves stratégiques il est impossible de s’en sortir. Le retour des frontières et les difficultés d’approvisionnement remettent en cause en partie le paradigme existant depuis 30 ans de libre-échange généralisé. L’Organisation mondiale du commerce gardera un rôle clé, mais différent» ajoute-t-il. Et de souligner que le Maroc doit combiner la relance de son développement industriel et la nécessité de mettre en place des réserves stratégiques diverses. En tant que pays candidat à l’émergence, il a besoin d’outils et de mécanismes de prévision et d’analyse au moment de la prise de décision et de coordination pour le suivi. C’est dans ce sens que le Souverain a parlé de la nécessité de repenser les missions du Haut-Commissariat au Plan.
