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Mohamed Benabou : Le réchauffement climatique est la cause directe des feux de forêt dans le monde

Dans de nombreux pays, l’été 2021 a été caractérisé par le nombre croissant d’incendies de forêt. C’est l’un des pires désastres pour la faune et la flore que les experts attribuent directement au réchauffement climatique qui se manifeste, entre autres, par la sécheresse, la raréfaction des ressources en eau ainsi que l’irrégularité des pluies. Si autrefois les incendies participaient à l’équilibre écologique, aujourd’hui, ces feux, très fréquents, sont néfastes et favorisent même le développement d’épidémies à cause de la concentration microbienne élevée dans la fumée.

Mohamed Benabou : Le réchauffement climatique  est la cause directe des feux de forêt dans le monde

Dans un entretien accordé au journal «Assahra Al Maghribia», l’expert en climat et développement durable Mohamed Benabou explique que la principale cause des incendies successifs que connaissent de nombreux pays, dont le Maroc, est le phénomène du réchauffement climatique, qui se manifeste par la sécheresse, la raréfaction des ressources en eau ainsi que l’irrégularité des pluies. 
Selon l’expert, les incendies destructeurs qui frappent les forêts amazoniennes et les forêts australiennes, notamment au cours des trois dernières années, ont fait perdre à l’écosystème forestier, déjà fragilisé par les changements climatiques, environs 10% de la totalité du poumon de la planète. «Nous vivons aujourd’hui, et tout au long de la saison estivale, une vague de chaleur exceptionnelle un peu partout dans le monde. Cette année a enregistré les plus hautes températures et a également compté un plus grand nombre de foyers d’incendies dans les zones forestières de la Sibérie à la Turquie, la Grèce, l’ouest du Canada, etc.», note M. Benabou.
Les experts attribuent la principale cause de ces incendies au phénomène du réchauffement climatique, qui se manifeste par la sécheresse, la raréfaction des ressources en eau et l’irrégularité des précipitations, qui se présentent parfois sous forme d’inondations destructrices. «Ces constats ont été confirmés par les rapports des climatologues qui étudient les incendies de forêt qui ont balayé l’Australie en 2019 et 2020. Ils confirment ainsi que ces incendies étaient clairement motivés par ce phénomène du réchauffement climatique», explique l’expert. Le même fléau frappe actuellement de nombreux pays du pourtour méditerranéen qui poursuivent leurs efforts pour lutter contre les incendies de forêt.

Que faire face à cette situation ?
Au-delà des politiques internationales pour la lutte contre la dégradation de l’environnement et des engagements pris par les gouvernements pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique, chaque pays devra mettre en place une stratégie de veille pour surveiller les risques des feux de forêt. «Bien entendu, la préparation se fait tout au long de l’année avant de faire face à la vague d’incendies, en élaborant une stratégie qui prend en compte les conditions climatiques et la localisation géographique de chaque zone forestière, qu’elle soit côtière ou montagneuse», explique M. Benabou. Il insiste dans ce sens sur l’importance d’ouvrir des sentiers et des routes forestières et de placer des points d’approvisionnement en eau dans les parcs et espaces verts. 
Il est également important de constituer des équipes d’intervention rapide pour une maîtrise accélérée des feux avec le minimum de dégâts. Aussi, les pays à risque devront s’équiper en avions d’eau de lutte contre les incendies et renforcer les partenariats avec les pays qui ont une expertise dans ce domaine dans le but d’échanger les informations et les expériences, note l’expert. Il indique par ailleurs, que les nouvelles technologies de l’information jouent aujourd’hui un rôle crucial dans le suivi et le contrôle des zones à risques, et ce à travers l’imagerie satellite.
«Le Maroc a une grande expérience dans la gestion des incendies en élaborant un plan d’adaptation aux changements climatiques. Le pays se positionne ainsi en leader dans le bassin méditerranéen en termes de résultats obtenus. Certains pays font même appel à l’expertise du Maroc dans ce domaine. Beaucoup d’experts marocains ont en effet participé à la lutte contre les incendies qui avaient touché le Costa Rica récemment», indique M. Banabou. Et de noter que le Royaume dispose d’un centre national de gestion des risques climatiques qui contribue à la gestion et au contrôle des incendies de forêt à travers le développement de programmes d’adaptation aux incendies et la collecte de données numériques, parvenant ainsi à organiser des interventions proactives et efficaces avec des pertes minimales.

Quel impact sur la planète et l’Homme ?
«L’impact environnemental des incendies n’est pas toujours négatif. Les scientifiques considèrent que ces incendies sont parfois nécessaires pour atteindre un équilibre écologique positif à même d’améliorer la biodiversité dans les zones», répond Mohamed Benabou. Il explique également qu’avec le temps, la population arrive à mieux s’adapter aux conditions climatiques et aux incendies dans les zones chaudes et sèches. Il faut noter également l’utilité des stratégies avancées de prévention des incendies de forêt, ce qui entraîne une diminution de leur cadence, que ce soit en réduisant leur intensité ou leur nombre. 
Cependant, explique l’expert, «ces dernières années, on note que l’intensité des incendies s’est accélérée et a dépassée le rythme normal, ce qui est une source d’inquiétude pour les pays». Il explique dans ce sens que le principal inconvénient des incendies est qu’ils sont devenus un vecteur de transmission d’épidémies à cause de la concentration microbienne dans la fumée qui est très élevée. «Les scientifiques confirment la capacité des microbes et des champignons à survivre, en grande quantité, au milieu des nuages de fumée», explique-t-il. Et d’alerter sur le risque dans ce cas-là pour les agents de la Protection civile. «Les pompiers restent les plus vulnérables à ces épidémies transmises par les fumées dispersées dans l’air, en plus des riverains des forêts et des parcs, dont la sûreté et la sécurité au quotidien sont menacées par les incendies», conclut l’interlocuteur d’«Assahra Al Maghribia». 

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