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Mustapha Sehimi : «C’est lors de l’élaboration du PLF 2022 que la fibre sociale du gouvernement sera évaluée»

Le politologue Mustapha Sehimi estime que le programme gouvernemental exposé lundi s’inscrit dans une dynamique définie et cadrée par le Souverain dans le discours devant le Parlement le 8 octobre courant. Pour ce politologue, il s’agit d’une feuille de route avec des engagements ambitieux, mais la fibre réformatrice en matière sociale du gouvernement sera évaluée lors de l’élaboration du projet de loi de Finances 2022.

Mustapha Sehimi : «C’est lors de l’élaboration du PLF 2022 que la fibre sociale du gouvernement sera évaluée»

«Au-delà du discours officiel, il est important que des signes forts soient donnés à l’adresse des citoyens. C’est important que ceux-ci aient une visibilité et que la parole gouvernementale retrouve du crédit», a affirmé Mustapha Sehimi. Joint par «Le Matin» pour recueillir sa réaction au sujet du programme gouvernemental, exposé lundi par Aziz Akhannouch, le politologue a indiqué qu’il y a de grandes attentes sociales vis-à-vis des promesses électorales qui ont été faites et, sans doute, «ce gouvernement aura à cœur, dès les premiers mois, de prendre des mesures dans ce sens-là, répondant au moins partiellement aux attentes et besoins des citoyens». 
Revenant sur le programme gouvernemental, M. Sehimi a déclaré que «c’est un programme auquel on ne peut qu’adhérer, étant donné qu’il s’inscrit dans une dynamique qui a été définie et cadrée par le Souverain dans le discours devant le Parlement le 8 octobre courant. C’est une dynamique qui puise aussi dans le cadre référentiel défini dans le rapport sur le nouveau modèle de développement.» Cette dynamique est dès lors amenée à primer, dans la mesure où elle prend en charge à la fois les Orientations Royales et les axes stratégiques du nouveau modèle de développement, tout en faisant face à de multiples défis sur les plans économique, social, culturel et autres. «Ce qu’a dit le Chef du gouvernement est intéressant à relever parce qu’il s’agit là d’un programme qui va être retenu et appliqué par les trois partis de la majorité», a ajouté le professeur Sehimi, faisant remarquer que «c’est un programme qui se base, globalement, sur la recherche de la cohésion sociale, d’une politique d’égalité des chances, d’efficacité, de transparence, et en même temps de relance économique».

Deux enjeux de taille
En résumé, explique le politologue, il y a deux grands enjeux : le premier porte sur la relance économique, compte tenu des effets négatifs de la pandémie, et le second a trait à la promotion de l’emploi. «Il y a une feuille de route et il reste maintenant à décliner les mesures appropriées dans les différentes politiques publiques déployées dans le cadre de l’action gouvernementale», note M. Sehimi, relevant qu’il y a une mobilisation autour de ce que le Chef du gouvernement a appelé «le renforcement des bases de l’État social». «Cette qualification de social se retrouve dans la Constitution. L’article premier de la Loi fondamentale stipule que «le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale». Ce marqueur social de la politique du pays remonte donc à loin, puisqu’il est déjà consacré par la Loi suprême», signale le professeur. «La monarchie sociale est aussi le projet du règne du Souverain. Depuis plus de deux décennies, S.M. le Roi s’est investi dans cette perspective de construction d’un État de droit, mais aussi d’une société empreinte de justice sociale et de solidarité nationale», a-t-il précisé. 

La question est à présent la suivante : que recouvre cette qualification d’État social ?  Il y a certes des mesures et des orientations qui ont été données par le Souverain, portant notamment sur les grands chantiers touchant à la protection sociale, qui se déclinent jusqu’en 2025 par un certain nombre d’étapes et de mesures en faveur de certaines catégories sociales (jeunes, chercheurs d’emplois, couches défavorisées…), a rappelé M. Sehimi, soulignant que la tâche qui incombe au gouvernement aujourd’hui est de prendre les mesures adéquates pour installer un nouveau régime d’aides sociales et cibler les catégories vulnérables et fragiles. «Sur ce plan-là, il y a des mesures concrètes auxquelles on s’attend, notamment le revenu stable pour préserver la dignité des personnes âgées (qui fait partie des promesses contenues dans le programme électoral du RNI), les indemnités directes aux familles sans ressources, le registre social unifié (en chantier depuis maintenant trois ans) qui doit être finalisé et bénéficier d’un dispositif opérationnel, l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens…» Et de conclure qu’on aura une indication de cette politique sociale, pas simplement au niveau des discours et des professions de foi, mais également et surtout lors d’un moment particulier, à l’occasion des délibérations portant sur le projet de loi de Finances 2022. «C’est avec ce texte-là que sera évalué en termes réels la volonté réformatrice de ce gouvernement en matière sociale».

 Hicham Oukerzaz

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Ahmed Boukouss, recteur de l’IRCAM : «Nous sommes satisfaits que la déclaration gouvernementale prévoie la promotion de l’amazigh 
dans les institutions publiques»

«La déclaration du Chef du gouvernement vient à point nommé, parce que la question amazighe se trouve à un tournant historique faisant face à des défis qui pourraient soit la faire retourner au statut antérieur, soit au contraire faire progresser les choses dans  le sens de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles y afférentes», estime Ahmed Boukouss, recteur de l’Institut Royal de la culture amazighe. Cela dit, l’IRCAM enregistre, selon lui, avec satisfaction le contenu de cette déclaration qui a donné un sérieux coup de pouce à l’institutionnalisation de l’amazigh, puisqu’elle prévoit la mise en œuvre de son statut officiel dans les institutions publiques. «Il faut dire qu’aujourd’hui il y a encore du chemin à faire dans beaucoup de domaines, comme au niveau de l’enseignement, en dépit des dernières déclarations du responsable de l’Éducation nationale sortant», dit-il, tout en déplorant les effets d’annonce du gouvernement sortant.
«Actuellement, la généralisation de l’amazigh dans l’enseignement fait face au manque des enseignants dans le préscolaire, dans le primaire et dans le secondaire collégial et qualifiant. Dans l’enseignement supérieur, il existe seulement quatre ou cinq universités dans lesquelles il y a des filières de la langue amazighe» précise M. Boukouss. Évoquant la création d’un fonds spécial, il considère que c’est un pas en avant. «Effectivement, la mise en œuvre du statut officiel de la langue amazighe ne doit pas se limiter à des déclarations platoniques et des effets d’annonce, cela ne peut pas résoudre le problème. Il faut effectivement un fonds conséquent qui permettrait de mettre en œuvre, d’une manière effective, cette politique de promotion de l’Aamazigh». Ceci étant, on ne peut qu’être satisfait de cette déclaration du gouvernement, en attendant sa mise en application effective, conclut M. Boukouss.

B. Mokhliss

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Miloudi Moukharik, SG de l’UMT : «A priori, le programme gouvernemental semble cohérent et doit être encouragé»

«Nous prenons acte du contenu du Programme gouvernemental présenté par le Chef du gouvernement. Comme première appréciation, nous estimons que c’est un programme cohérent», souligne Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail.  Et d’ajouter qu’il s’agit d’un programme fixant des objectifs bien définis, notamment en matière de création d’emploi :  950.000 emplois par an. «Pour une fois, nous constatons qu’il y a des objectifs chiffrés et quantifiables», relève-t-il. Dans le domaine à caractère social,  «nous avons également pris acte de la volonté du gouvernement d’encourager le secteur de la santé ainsi que le secteur de l’enseignement», dit-il, mettant l’accent sur l’intention de l’Exécutif d’ouvrir un dialogue social général, notamment avec les partenaires sociaux du secteur de l’enseignement. «En tout cas, nous sommes en train d’analyser ce programme. Mais de prime abord, c’est un programme admissible. Nous ne pouvons qu’encourager le Chef du gouvernement dans sa nouvelle mission». 

B.M.

 

 

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