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Mustapha Sehimi : «L’Algérie est dans une logique d’obstruction visant à freiner, voire à saboter le processus des négociations»

Fin connaisseur du dossier du Sahara marocain, Mustapha Sehimi estime que l’importance de la résolution onusienne 2602 réside dans deux points : le premier a trait à la validation de nouveau de la position marocaine sur la question des provinces sahariennes récupérées. Le second tient au fait que l’Algérie est de nouveau interpellée sur ses responsabilités quant au blocage de ce dossier.

Mustapha Sehimi : «L’Algérie est dans une logique d’obstruction visant à freiner, voire à saboter le processus des négociations»
Le politologue Mustapha Sehimi.

Le politologue et professeur de droit Mustapha Sehimi estime que l’adoption de la résolution 2602 est un grand échec diplomatique pour l’Algérie «parce que les positions qu’elle a défendues et la récusation qu’elle avait formulée à propos du format négociatoire sont maintenant l’illustration de ses positions, c’est-à-dire le blocage et l’hostilité à l’endroit du Maroc. Continuer à instrumentaliser la question du Sahara, non seulement au plan diplomatique, mais également sur la scène interne, constitue un élément substantiel de la politique d’hostilité d’Alger vis-à-vis de Rabat». 
Ce fin connaisseur de la question du Sahara ajoute dans le même ordre d’idées que le Maroc a accueilli avec «beaucoup de sérénité la résolution 2602 qui conforte les positions diplomatiques du Royaume et jette une lumière crue sur les efforts du Maroc, soutenus et salués par le Conseil de sécurité, de même que sur les blocages que fait par ailleurs l’Algérie qui n’entend pas du tout s’impliquer, ni œuvrer à la réussite du processus de négociations». 

Pour Mustapha Sehimi, l’importance de la résolution onusienne réside dans deux points : le premier a trait à la validation de nouveau de la position marocaine sur la question des provinces sahariennes récupérées. «Il n’y a aucun changement au niveau de la résolution 2602 et le Conseil de sécurité a réitéré les paramètres qui ont prévalu jusqu’à aujourd’hui dans le processus de négociations». Le second élément dans cette résolution tient au fait que l’Algérie est de nouveau interpellée très fortement par l’organe exécutif de l’ONU sur ses responsabilités quant au blocage de ce dossier. «Il faut rappeler à ce sujet que le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, avait déclaré il y a quelques jours que son pays ne comptait plus participer aux tables rondes. Il s’agit là d’une incohérence majeure dans la politique étrangère algérienne, d’autant que c’était lui-même à l’époque qui avait dirigé la délégation algérienne dans ces deux rendez-vous en Suisse», rappelle cet expert dans  une déclaration au «Matin».

L’Algérie ne veut pas adhérer à un processus onusien qui est prescrit par le Conseil de sécurité depuis des années sur la base d’un certain nombre de paramètres, et maintenant qu’elle voit que ce processus avance, qu’il est conforté par la communauté internationale, «elle veut en sortir sans autre forme de procès et cela relève d’une politique de rupture par rapport à toutes les résolutions du Conseil de sécurité et à la position de la communauté internationale», souligne M. Sehimi. 
«J’y vois l’illustration significative d’une situation de “normalisation” de la position de l’Algérie au regard de la communauté internationale. Cela veut dire que la communauté internationale sait que l’Algérie ne veut pas s’impliquer dans ce processus de négociations, alors qu’elle y a participé, notamment les deux tables rondes de Genève, et qu’elle s’inscrit dans une politique négative d’obstruction pour tenter de freiner, voire de saboter ce processus de négociations qui est validé, répétons-le, par le Conseil de sécurité», dit M. Sehimi. «J’y vois également la mise à nu d’une politique d’hostilité affichée», ajoute-t-il. 

Économie de contrebande mafieuse
Malgré cette position négative et obstructionniste adoptée par l’Algérie, le Conseil de sécurité est passé outre et a fait valider la résolution 2602 avec 13 voix. Donc, il y a là une volonté au sein de cette haute instance onusienne de continuer dans cette voie. «C’est d’ailleurs la recommandation formelle du Conseil de sécurité qui s’en prend à la politique de carence de l’Algérie en lui demandant de s’impliquer fortement dans le processus de négociations sur la base des paramètres indiqués», fait observer le professeur. «Je note aussi que l’Algérie est citée cinq fois dans la résolution 2602 au même titre que le Maroc. Cela veut dire qu’il ne s’agit pas d’un pays tiers, mais bien d’une partie prenante et c’est ce que nous répétons depuis des années», déclare-t-il.

«La responsabilité de l’Algérie est engagée aussi s’agissant du statut des réfugiés qui sont dans les camps de Tindouf», indique M. Sehimi. Car depuis des années, le Haut-Commissariat aux réfugiés demande instamment mais en vain à l’Algérie de pouvoir opérer l’identification de ses réfugiés.  «Un réfugié dans le droit international est quelqu’un qui a des droits et qui doit bénéficier d’une protection. Il faut d’abord qu’il soit identifié, puis une fois identifié comme tel, il doit exprimer son choix : soit rester dans le pays d’accueil, soit formuler une demande pour aller ailleurs dans un autre pays. Or l’Algérie s’obstine à refuser cette opération d’identification pour deux raisons : la première est sa volonté de mettre en avant des chiffres fantaisistes (80.000, 100.000, 120.000…), pour montrer l’ampleur du problème humain, et la seconde raison a trait à l’économie de contrebande mafieuse qui est mise en œuvre, étant donné que l’aide alimentaire accordée par l’Union européenne et certaines associations est détournée dans des circuits de contrebande impliquant les responsables algériens et les dirigeants du mouvement séparatiste».

M. Sehimi relève par ailleurs  que la résolution onusienne insiste sur la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie du 11 avril 2007. «Dans toutes les résolutions qui ont été adoptées par le Conseil de sécurité depuis 2007, il est fait expressément référence au fait que le Conseil de sécurité réitère continument son soutien à cette initiative et se félicite des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement. Alors que pour ce qui est de la proposition du mouvement séparatiste, déposée le 10 avril 2007, elle n’a droit qu’à cette formule “le Conseil de sécurité prend note…”», fait savoir le politologue. Et d’ajouter que le Conseil de sécurité salue les efforts du Maroc sur un certain nombre de problèmes qui se sont posés au cours de l’année écoulée. «C’est d’abord, la sécurisation totale de la région de Guergarate pour assurer le trafic civil et commercial». Le Conseil de sécurité a fait part également de sa profonde inquiétude quant à la rupture du cessez-le-feu annoncée par le mouvement séparatiste en violation des accords de septembre 1991. 

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