En cette période de pré-campagne électorale, les discours politiques des chefs des partis sont sous la loupe et chaque mot exprimé est révélateur. Dans ce contexte, le dernier passage du secrétaire général du Parti de l’Istiqlal sur les ondes de la chaîne Medi1 TV (émission le débrief politique) a apporté son lot de messages politiques et électoraux adressés à l’opinion publique, aux électeurs, aux militants du parti, aux concurrents politiques ainsi qu’aux éventuels futurs alliés et a même laissé entrevoir les possibilités d’alliances futures.
S’attardant sur les points forts du programme électoral de son parti, Nizar Baraka a montré clairement qu’il cherche d’abord à s’adresser à ceux qui ne votent pas. «Nous considérons que les prochaines élections sont déterminantes pour notre pays. Nous souhaitons nous inscrire dans une politique de rupture par rapport à celle passée. Car ces politiques ont généré plus d’inégalités, un déclassement social des classes moyennes et un appauvrissement d’un million de personnes… Nous voulons donc créer une nouvelle dynamique positive. C’est la raison pour laquelle nous nous adressons à toutes les personnes qui ne votent pas d’habitude ou qui viennent de s’inscrire pour les appeler à voter, faites votre choix et assurez ce changement dont on a besoin. La question qui se pose est de savoir si nous voulons la fin de la catastrophe ou une catastrophe sans fin. Donc nous nous adressons à cette catégorie», a-t-il insisté.
Avec la même ténacité, il a affirmé que ce programme vise deux autres cibles. Il s’agit, a-t-il dit, de la classe moyenne qui a été touchée et il est temps qu’elle défende ses intérêts en venant voter aux élections. «Nous nous adressons également aux populations démunies qui ne font que souffrir. Nous réclamons deux choses importantes : une répartition équitable de la richesse, mais aussi une répartition équitable des sacrifices. Il est temps que ceux qui ont profité des fruits de la croissance mettent la main à la poche et contribuent, enfin, au développement de ce pays et partagent avec ceux qui n’arrivent pas à s’en sortir», a-t-il défendu lors de cette émission. Le discours électoral défendu dans ce sens dénonce le libéralisme et l’ultra-libéralisme. Il propose en contrepartie des propositions pro-sociales. «Si on continue avec cette même majorité, on aura plus de déclassement social, plus d’inégalité et plus d’économie de rente. Nous, nous nous inscrivons dans une logique où on veut couper avec l’économie de rente en transformant toute la partie autorisations en une logique de cahier des charges pour faire bénéficier toutes les personnes qui méritent et qui ont les capacités d’aller de l’avant et libérer ainsi les énergies. Nous voulons aussi baisser l’impôt sur le revenu en faveur des classes moyennes et faire en sorte qu’il y ait un plafonnement des prix des produits pétroliers, un plafonnement au niveau des marges des écoles privées, pour que cette classe moyenne arrête finalement de souffrir en raison des logiques d’intérêt et d’augmentation des profits de certaines entreprises. Nous voulons aussi nous inscrire dans une logique consistant à sauver un million de personnes de la pauvreté avec un programme ciblant ces pauvres pour qu’ils puissent s’en sortir», a-t-il fait miroiter en direction des électeurs comptant dans ces catégories. Un discours qu’il a complété en ajoutant d’autres propositions qui devraient permettre aux jeunes de trouver leur place dans la société avec tout un programme spécifique pour l’emploi. «Nous voulons un accompagnement personnalisé pour permettre à ces jeunes de trouver véritablement une porte de sortie et d’avoir une place dans la société», a-t-il promis. Par ailleurs, le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal a dénoncé ce qu’il a qualifié de nouvelles formes et pratiques d’utilisation de l’argent dans le processus électoral. «Du fait que les scrutins se déroulent le même jour, on est allé dans une autre logique. Au lieu de faire pression sur les élus, on l’exerce désormais sur les candidats. Au lieu de se présenter avec nous, des candidats, à la dernière minute, vu les moyens qu’on leur a donnés, sont allés vers d’autres partis. Cela fait que nous sommes dans une logique de bourse aux élus, ce qui affecte négativement l’image de la démocratie que nous voulons construire ensemble», regrette-t-il. S’agissant des éventuelles alliances postélectorales, Nizar Baraka a souligné qu’avec le nouveau quotient électoral, trois partis peuvent avoir une majorité absolue. «Cela va permettre d’avoir un gouvernement plus homogène. Les alliances se baseront sur les programmes. Les partis dont les programmes coïncident avec la volonté de changer et faire évoluer le pays seront les bienvenus dans notre alliance. Ce qui est important, c’est de marquer une rupture avec les politiques menées aujourd’hui d’ultralibéralisme, qui ne sont en aucune manière favorables au pays, et s’engager dans une logique de cohésion sociale et de réduction des inégalités sociales», estime-t-il.
