Menu
Search
Vendredi 29 Mars 2024
S'abonner
close
Vendredi 29 Mars 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône

Une nouvelle vie pour le patrimoine judéo-marocain

Le Maroc représente depuis plusieurs siècles un modèle singulier de coexistence et de convergence de civilisations, de cultures et de religions, au point de s’imposer comme un véritable carrefour entre l’Orient, l’Afrique et l’Europe. Cette singularité qui fait sa force n’est pas près de s’altérer. Le Royaume tient à préserver et à valoriser les différents affluents de son identité plurielle. Le patrimoine judéo-marocain fait l’objet à cet égard d’une attention particulière.

Une nouvelle vie pour le patrimoine judéo-marocain
La justice hébraïque dans le Royaume a pu produire une riche jurisprudence inhérente au statut personnel des citoyens juifs marocains.

Par son modèle unique, le Maroc fait de la religion un facteur de paix, veillant à ce que les communautés juive et chrétienne vivent en harmonie et dans le respect des valeurs de coexistence. Le pilier central de cette approche s’appuie sur l’institution de la Commanderie des croyants, «Imarat Al-Moumimine», incarnée par S.M. le Roi Mohammed VI qui est garante de l’unité nationale. La coexistence et le vivre ensemble ne sont donc pas de vains mots au Maroc. Depuis des siècles et jusqu’à nos jours, les juifs vivent en harmonie et en paix aux côtés de leurs frères musulmans. Mieux encore, les Rois du Maroc ont veillé depuis toujours à ce que la composante juive de la Nation marocaine puisse exercer son culte dans les meilleures conditions et qu’elle puisse préserver ses spécificités socioculturelles.
Les initiatives de S.M. le Roi Mohammed VI en sont la parfaite illustration. Le 20 janvier 2020, rappelons-le, le Souverain a visité «Bayt Dakira», un espace spirituel et patrimonial de préservation et de valorisation de la mémoire judéo-marocaine, unique en son genre au sud de la Méditerranée et en terre d’Islam. Situé dans l’ancienne médina d’Essaouira, «Bayt Dakira», cet espace historique, culturel et spirituel qui a été restauré,  abrite la synagogue «Slat Attia», la maison de la mémoire et de l’histoire «Bayt Dakira» et le Centre international de recherches Haim et Célia Zafrani sur l’histoire des relations entre le Judaïsme et l’Islam. La visite du Souverain à cet édifice traduit l’intérêt particulier qu’accorde Sa Majesté le Roi, Amir Al-Mouminine, au patrimoine culturel et cultuel de la communauté juive marocaine, et Sa volonté permanente de préserver la richesse et la diversité des composantes spirituelles du Royaume et de son patrimoine authentique.

Ayant pour centre de gravité la synagogue «Slat Attia», Bayt Dakira est un lieu de mémoire qui raconte par les objets, les textes, la photo et le film l’exceptionnelle saga du Judaïsme dans la ville d’Essaouira et de ses patrimoines : du cérémonial du thé à l’art poétique hébraïque, de l’orfèvrerie du filigrane de l’or et de l’argent à la broderie et à la confection de somptueux caftans, des arts culturels à la littérature et des rituels souiris à la synagogue aux grands comptoirs du négoce qui ont fait le rayonnement de Mogador au 18e et 19e siècle. «Bayt Dakira», qui présente et explique tous les passages de la vie juive à Essaouira, de la naissance au décès et de la Bar Mitzvah au mariage, est également un lieu de pédagogie grâce au Centre de recherches Haim et Célia Zafrani sur l’histoire des relations entre le Judaïsme et l’Islam, qui constitue un espace d’échange entre les chercheurs de divers horizons et un espace de partage, de transmission et de résistance à l’amnésie. La Visite Royale à ce haut lieu de la mémoire juive marocaine est à l’évidence une manifestation claire de la volonté du souverain de prendre soin de toutes les racines du Royaume et des affluents de son identité plurielle pour construire son avenir comme l’a consacré le préambule de la Constitution de juillet 2011.
Ce geste Royal s’inscrit en effet dans le prolongement  d’un autre projet tout aussi symbolique, celui de la réhabilitation de la synagogue Slat Al Fassiyine qui a été inaugurée le 13 février 2013. Véritable sanctuaire du judaïsme fassi, cette synagogue a été restaurée et transformée en lieu de mémoire juive. Son inauguration, placée sous le Haut Patronage du Roi Mohamed VI, s’était déroulée en présence de nombreuses illustres personnalités du monde politique et diplomatique, ainsi que des représentants la communauté juive du Maroc. Pour beaucoup d’observateurs, la réouverture de ce lieu de culte traduit de manière éloquente la ferme volonté du Royaume, de mettre en valeur le patrimoine judéo-marocain et de promouvoir ainsi la culture de tolérance et de vivre ensemble qui a toujours prévalu entre musulmans et juifs marocains. Cet événement d’une grande portée a été marqué par le message adressé par S.M. le Roi Mohammed VI aux participants dans lequel le Souverain a relevé  l’intérêt de l’héritage culturel et spirituel de la communauté juive marocaine, en tant que partie intégrante du patrimoine marocain et témoin de la richesse et de la diversité de ses composantes. Reconnue et classée monument historique d’intérêt universel par l’Unesco et par le ministère de la Culture, la synagogue Slat Al Fassiyine a été délaissée pendant de longues années. Sa restauration aujourd’hui est le fruit de l’action concertée de la communauté israélite de Fès, de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain et de l’appui financier du gouvernement allemand. La restauration de cet édifice revêt une importance capitale dans la mesure où elle a été faite dans le respect de la particularité des synagogues au Maroc où chacune a ses spécificités propres, liées soit aux familles qui les ont édifiées, soit aux quartiers où elles sont installées.
Située au fond de l’impasse Tissa, l’ancien Derb Al Fassiyine, la synagogue, adossée à l’enceinte Mérinide, a vécu depuis sa fondation au XVIIe siècle des moments de grandeur, mais aussi de décadence. Elle a été, en effet, désertée en tant que lieu de culte par ses fidèles au début des années 1970, avant d’être utilisée ultérieurement comme atelier de fabrication de tapis, puis comme salle de sport. Mais malgré son état de délabrement, elle a conservé son aspect originel, chose qui a facilité en quelque sorte sa restauration et la préservation de son aspect initial. Sa réhabilitation architecturale, œuvre d’architectes, de restaurateurs et d’artisans «maalmins» marocains, a permis de donner à ce monument une nouvelle vie. La restauration de ce sanctuaire juif s’inscrit dans le cadre d’un programme de réhabilitation des quatre synagogues du Mellah Fès, classées monuments historiques par l’Unesco et le ministère de la Culture. Il s’agit, outre la synagogue Slat Al Fassiyine, des synagogues Ibn Danan, Mansano et Imhabanin. Datant du 17e siècle, la synagogue Ibn Danan a été rénovée entre 1998 et 1999. C’est aujourd’hui un lieu de culte qui porte le nom d’un ancien rabbin et symbole du patrimoine judéo-marocain de la ville. Quant à la synagogue Mansano, elle a été édifiée au 17e siècle par les juifs andalous expulsés d’Espagne. Enfin, la synagogue Imhabanin (en arabe oum al-banine) a été bâtie au 20e siècle par des femmes.
Autre manifestation de l’intérêt porté par le Souverain à la préservation et à la valorisation du patrimoine judéo marocain, le programme de réhabilitation des cimetières juifs, lancé en 2010 à l’initiative de S.M. le Roi Mohammed VI. Ce programme qui a duré cinq années a permis de revisiter le patrimoine funéraire juif marocain. Cette initiative unique dans les pays arabes, a permis de réhabiliter 167 cimetières, construire plus de 40 kilomètres de murs, rénover 169 portes de cimetières, outre 200.000 mètres carrés de pavement et l’édification de dizaines de bâtiments et dépendances. 
Ces réalisations ont été présentées à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, au Sénat américain et au musée MoMA de New York.À travers ses sites historiques, synagogues, mellahs, expressions culturelles et artistiques, le patrimoine judéo-marocain témoigne d’une histoire commune et multiséculaire, et transmet aux nouvelles générations un héritage dont la valeur est inestimable et qui a caractérisé le Maroc de nos ancêtres, celui du vivre 
ensemble. 


La justice hébraïque, une partie intégrante du système judiciaire marocain

Partie intégrante du système judiciaire du Royaume, la justice hébraïque est une autre manifestation éclatante de la diversité qui caractérise l’identité marocaine. Le Maroc était et demeure l’unique pays arabe où les juifs marocains disposent de Chambres rabbiniques qui sont chargées de statuer sur leurs litiges relatifs notamment aux affaires du statut personnel et de l’héritage. C’est dans ce cadre que le ministère de la Justice a établi un plan d’action dont le but est de mettre en lumière la justice hébraïque et les rôles qui lui sont dévolus. Encadrée par un ensemble de Dahirs Chérifiens qui illustre ses liens très étroits avec l’institution d’«Imarat Al Mouminine», la justice hébraïque dans le Royaume a pu produire une riche jurisprudence inhérente au statut personnel des citoyens juifs marocains.
En vue de la préservation, de la valorisation et de la protection de cet héritage historique, une campagne nationale a été lancée en mars 2021 pour la collecte des jugements et des manuscrits hébraïques répartis sur les différents centres de conservation et d’archivage relevant du ministère de la Justice.  Ces documents d’une valeur inestimable feront ainsi l’objet d’un archivage électronique avant d’être conservés dans des conditions sûres, leur garantissant une meilleure protection contre la dégradation. Toujours dans l’objectif de préserver et de promouvoir ce pan de l’identité marocaine, un Musée national de la mémoire du système de la justice dans le Royaume sera créé. La justice hébraïque  y occupera une place de choix.

Lisez nos e-Papers