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Paola Delfín, street artiste : «Cette fresque est une invitation pour mieux comprendre les sentiments de chacun d’entre nous»

Participant au sixième rendez-vous de street art «Jidar», l’artiste mexicaine Paola Delfín a réalisé, au niveau du boulevard Moulay Ismaël à Rabat, une belle fresque murale inspirée du référentiel marocain. À travers le portrait d’une vendeuse au marché de l’ancienne médina de la capitale, Paola invite à réfléchir au vivre ensemble. L’artiste internationale nous livre les détails de son projet.

Paola Delfín, street artiste : «Cette fresque est une invitation pour mieux comprendre les sentiments de chacun d’entre nous»
Photos. Saouri

Le Matin : Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours ?
Paola Delfín
: Depuis que j’étais petite, j’ai trouvé dans la peinture et le dessin une façon magique de pouvoir créer mon propre monde et raconter mes histoires. C’est ainsi que lorsque j’ai dû prendre la décision concernant mon avenir, j’ai compris que le chemin que je devais suivre était celui-ci : continuer à faire ce qui m’a toujours comblée et rendue heureuse.
En grandissant à Mexico, où l’art abonde et a des racines profondes, j’ai découvert le monde de la peinture murale, ce qui m’a ouvert une nouvelle dimension de possibilités d’une œuvre dans laquelle il n’y a pas seulement mon travail, mais aussi comment impliquer une société et une culture différente de la mienne, dans chaque endroit que j’ai eu l’occasion de visiter. C’est extrêmement enrichissant et c’est pourquoi j’ai continué jusqu’à aujourd’hui ma carrière de muraliste ainsi que mon travail personnel.

Pourquoi avez-vous choisi de faire de la peinture murale ?
Quand j’ai eu la première expérience de peindre une fresque et de voir mon travail devenir une partie d’une communauté, de pouvoir apporter quelque chose avec mes œuvres à chacun de ces endroits, cela m’a poussé à faire de la rue ma toile. Maintenant, je comprends que mon travail devient une sorte de collaboration avec chaque lieu et personne que j’ai l’occasion de visiter et de créer.

Quels sont les thèmes privilégiés dans vos créations ?
Chaque œuvre a une histoire différente et est créée à un moment différent, donc l’inspiration vient de nombreux endroits différents, mais je pense qu’elle est partout en fait, dans l’environnement, les gens, en voyant combien de talents et d’imagination il y a dans le monde.

Quels sont les messages ou histoires que vous aimez transmettre à travers votre art ?
J’essaie de faire en sorte que mon travail touche des sujets qui peuvent inspirer et créer une réflexion personnelle pour chaque spectateur, pensant que ces messages peuvent transmettre de la force et générer un changement positif.

Que vous inspire Rabat par rapport aux autres villes du monde déjà visitées ?
C’est la première fois que j’ai l’occasion de peindre en Afrique. Le Maroc est un endroit extraordinaire. Rabat a un mélange unique entre le passé et le présent, et donc l’avenir. Il y a une beauté culturelle et naturelle, et une incroyable diversité chez les gens qui y vivent. Je pense que l’inspiration vient de tous ces aspects.

Quel effet cela vous fait-il de savoir que votre art est partagé avec des personnes de différentes régions et cultures ?
C’est un grand cadeau de pouvoir le faire, de pouvoir cohabiter avec des cultures et des mentalités différentes et en même temps de pouvoir apprendre de chacune d’elles.

Que présentez-vous à «Jidar» ?
Mon œuvre parle de divers sujets en prenant comme protagoniste une femme qui travaille dans la Médina, une scène qui peut sembler relativement normale et courante, mais c’est une invitation pour nous en tant qu’humains à voir un peu au-delà de ces scènes. Nous avons tous une histoire, et tant ici que dans le monde entier, malheureusement plusieurs fois les gens dans ces situations (habitants de la rue, vendeurs, personnes âgées) deviennent des habitants invisibles. J’aborde aussi le sujet des femmes dans ces situations. La protagoniste est une femme démunie qui vit et travaille dans l’ancienne 
Médina. 
Avec les voisins, ils ont créé une sorte de famille, dans laquelle, heureusement, l’un aide l’autre et ainsi ils se soutiennent mutuellement. Cette fresque est une invitation, pour que nous comprenions mieux, en tant qu’humains et communauté, les sentiments de chacun d’entre nous, que nous nous aidions les uns les autres et ainsi ensemble nous pouvons construire un présent plus chaleureux et un meilleur avenir pour les prochaines générations.

Quels messages aimeriez-vous partager avec le public marocain ?
L’espoir, la force et l’empathie.

Quel est le projet qui vous a le plus marqué durant votre carrière ?
C’est un peu compliqué de répondre à cette question, car chaque projet est pour moi unique et chaque moment où il se déroule est une partie de ma vie qui reste gravée dans mon être.

Quels sont vos projets au Maroc ou ailleurs ?
Pour l’instant, c’est le seul projet au Maroc, mais j’espère que ce ne sera pas le dernier. Plusieurs projets se profilent à l’horizon, tant dans mon pays qu’à l’étranger.


À propos de l’artiste

Née en 1986 au Mexique, Paola Delfín réalise des fresques monochromes dans lesquelles des personnages réalistes explorent les thèmes de la communauté et de l’héritage.
Son travail est principalement influencé par les illustrations, les formes organiques et un mélange de matériaux inhabituels. Avant de donner vie à un mur blanc et en faire une histoire, elle se documente sur l’histoire et la culture du lieu dans lequel il se situe, notamment en s’immisçant dans la vie de ses habitants.

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