Les présidents des délégations parlementaires appartenant à 17 pays africains étaient unanimes, jeudi, à saluer l’initiative du Parlement marocain d’organiser une réunion de concertation des présidents et représentants des Parlements nationaux africains membres du Parlement panafricain (PAP) pour tenter de relancer l’activité et l’agenda de cette institution législative suite aux derniers incidents survenus lors de l’élection des instances dirigeantes du Parlement africain (20 mai-4 juin). En effet, l’assemblée consultative de l’Union africaine, qui regroupe 55 pays du continent, a tourné à la mascarade, lundi 31 mai, à Midrand en Afrique du Sud. Des députés en sont venus aux mains, se disputant l’urne de l’élection suite à un désaccord sur la rotation régionale des postes, entraînant invectives et bagarres entre parlementaires.
Le président de l’Assemblée nationale centrafricaine, Sarandji Simplice-Mathieu, s’est pour sa part également félicité de l’initiative du Royaume d’organiser cet événement afin de pouvoir examiner les voies de concertation pour trouver un terrain d’entente et transcender les dissensions en se départant des considérations fondées sur l’égoïsme et les intérêts marginaux. «Le Royaume a pris ses responsabilités en main et nous a réuni pour discuter et se concerter pour identifier les meilleurs moyens d’unir nos efforts pour permettre au Parlement panafricain de jouer pleinement son rôle visant à assurer la pleine participation des peuples africains au développement économique et à l’intégration du continent», affirme le même responsable.
Surmonter les divergences et renforcer la concertation et la collaboration entre les 55 pays représentés au sein du Parlement panafricain semble être le maître mot qui est revenu tel un leitmotiv dans les discours des différents représentants de Parlement ayant pris part à cet événement. En effet, dans un contexte marqué par une forte récession économique mondiale, les économies africaines sont appelées à unir leurs efforts pour faire face aux répercussions socio-économiques d’une crise pandémique sans précédent et surmonter les multiples chocs induits par la pandémie du nouveau coronavirus, en replaçant les économies africaines sur une trajectoire de croissance robuste et inclusive.«Face aux multiples défis auxquels notre continent est confronté, tels que les changement climatiques, le faible développement économique, la montée des conflits armés et non armés, et les enjeux de la mise en place d’une Zone de libre-échange continentale africaine – et ce que cette dernière inclut comme mesures, notamment l’abolition des frontières pour la libre circulation des personnes, des biens et des produits –, il est devenu nécessaire de renforcer le rôle de cette institution parlementaire panafricaine pour garantir la réussite de ces projets et répondre aux exigences de cette phase et les engagements de demain. L’institution du Parlement panafricain, avec les pouvoirs, les compétences et les rôles qui lui sont confiés, est considérée aujourd’hui comme un acteur clé dans la réalisation de l’intégration africaine que nous recherchons tous», a déclaré le président de la Chambre des représentants marocaine, Habib El Malki. De son côté le président de la Chambre des conseillers, Hakim Benchamach, a plaidé pour le renforcement du rôle de cette institution parlementaire africaine afin qu’elle puisse mener à bien ses missions historiques et ses responsabilités morales et politiques. Dans ce sens il a souligné que le travail de ce Parlement devrait être axé sur la cristallisation des perceptions et la proposition d’idées et de programmes d’action concrets susceptibles d’établir un «agenda commun pour la relance économique et le bien-être social». Il convient de souligner que cette rencontre de concertation, organisée à l’initiative de la Chambre des représentants, a connu la participation de 49 parlementaires africains, 17 délégations et 4 présidents d’assemblées nationales.
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Immuniser le Parlement panafricain contre toute exploitation politique
On se le rappelle. Le 31 mai dernier, le Parlement panafricain (PAP) réuni en session ordinaire au titre de sa cinquième législature avait offert un spectacle des plus lamentables. Ce jour-là, des députés africains en étaient même venus aux mains, se disputant l’urne qui devait permettre l’élection des instances dirigeantes. Plus de deux mois après ces fâcheux incidents, le Parlement marocain, réunit de nouveau les représentants des institutions législatives africaines pour essayer de tourner cette page peu glorieuse et proposer les voies à suivre à l’avenir pour faire du PAP une institution digne d’une Afrique émergente. Intervenant hier à Rabat à l’ouverture d’une réunion de concertations des présidents et des représentants des Parlements nationaux africains membres du PAP, Habib El Malki a regretté en particulier l’exploitation du poste de président par intérim pour «faire passer des résolutions qui servent les agendas politiques de certains États». Et d’ajouter que «ces actes sont de nature à accentuer la crise de confiance entre les électeurs africains et leurs représentants et détruisent tout espoir de voir le Parlement panafricain agir pour trouver des solutions aux problèmes des citoyens africains». D’où l’impérieuse nécessité, selon lui, de revoir les textes juridiques régissant le travail des instances et des commissions du PAP.
