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Le partenariat public-privé pour une plus grande efficacité

La campagne de vaccination, lancée le 28 janvier au Maroc, avance bien. À ce jour, ce sont plus de 1.707.091 personnes à avoir été vaccinées par l’un des deux vaccins reçus par le Royaume, à savoir celui du laboratoire chinois Sinopharm et celui d’AstraZeneca, en provenance de l’Inde. En exclusivité pour «L’Info en Face», Pr Bouchra Meddah, directrice du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé, et Mohamed Ben Ouda, président ABA Capital, maison mère de Nextronic, font un focus sur le déroulement de la campagne de vaccination, l’approvisionnement, le stockage, la distribution et la traçabilité des vaccins. Un exemple du partenariat public-privé qui permet une gestion efficace du processus et donc de la campagne dans sa globalité.

Un exemple réussi du partenariat public-privé

«Le partenariat public-privé est aujourd’hui davantage renforcé puisque nous sommes inscrits dans un même écosystème, celui de la santé publique. Il est clair que l’engagement du secteur privé apporte une très grande valeur ajoutée, éventuellement dans le domaine de la logistique, de la planification et dans celui de la connectivité des objets», note Pr Meddah. Et M. Ben Ouda d’expliquer que l’approche adoptée par le ministère et son unité est proactive et préventive. «Les lieux de stockage des vaccins sont doublement surveillés éventuellement par le système connecté, que ce soit dans les chambres froides, dans les réfrigérateurs, dans les centres de vaccination, ou au niveau des pharmacies. En cas de problème, nous intervenons en temps réel avec la collaboration de nos partenaires pour prendre les mesures nécessaires. Généralement, nous n’avons pas perdu des doses de vaccins, mais on est très vigilants par rapport à la sensibilisation du personnel de la santé et des utilisateurs».
Par rapport à la conservation de la chaîne de froid, il y a tout un écosystème de partenaires mobilisés qui agissent à différents niveaux. Ce partenariat public-privé a permis au Maroc d’être, aujourd’hui, sur un taux de conformité de 100% grâce à la coordination de toutes les parties prenantes et les différents acteurs concernés.

Critères et répartition de la vaccination

Nous le savons aujourd’hui, la population à vacciner concerne pour la première phase les professionnels de la Santé, de l’Éducation nationale et les autorités, mais également les personnes âgées de plus de 75 ans. Dans une deuxième phase, la vaccination a concerné les personnes âgées de 65 ans avec un complément des personnes au premier rang par âge inférieur. Le critère épidémiologique est également intégré, mais de façon indirecte. En témoigne, la vaccination élargie de la population casablancaise qui est la plus frappée par la pandémie.
La répartition des vaccins demeure une opération assez complexe et requiert une équité absolue. «Les doses doivent arriver à toute la population et dans toutes les provinces du Royaume. L’équité en termes de répartition est un des challenges qu’on est en train de relever», indique la directrice de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP). Elle rappelle, par ailleurs, que le Maroc démarre, cette semaine, l’administration de la deuxième dose, dite de rappel. «Nous avons fait appel à l’outil informatique pour pouvoir gérer efficacement cette opération de vaccination», rappelle-t-elle.

Du producteur aux centres de vaccination

Le vaccin, qui arrive directement depuis le site de fabrication (Chine ou Inde), est conditionné dans des boîtes (conditionnement secondaire et conditionnement tertiaire) puis stocké dans des caisses isothermes avec des accumulateurs de froid qui préservent la température recommandée pendant toute la durée du transport. «Généralement, ces accumulateurs préservent une température située entre 2 et 8 degrés pendant 96 heures, le temps nécessaire depuis le site de fabrication jusqu’à l’acheminement à Casablanca et même plus. Il s’agit d’un système de préservation efficace puisque des enregistreurs de température sont intégrés dans les caisses isothermes. Nous avons une idée de la température au moment du transport et de stockage depuis l’étranger jusqu’à l’arrivée du vaccin au Maroc pour être, par la suite, transporté vers la régie frigorifique autonome de Casablanca qui dispose de 20 chambres froides qualifiées et conformes pour préserver toute la chaîne de froid», explique M. Ben Ouda. Le président d’ABA Capital, maison mère de Nextronic, clarifie par ailleurs que le rôle de son unité est de fabriquer et de mettre en place des capteurs de température qui permettent de mesurer la température et d’assurer la traçabilité tout au long de la chaîne du froid. «Nous avons été sollicités par les ministères de l’Intérieur et de la Santé en novembre 2020 avec lequel nous avons paraphé un contrat le 25 du même mois. Le challenge était de fabriquer 17.000 unités, tous types de capteurs confondus, notamment les capteurs connectés en temps réel. Tour cela sur une durée de 3 semaines», précise-t-il. À noter que la fabrication d’un capteur de température connecté nécessite 4 types de métiers :
• Fabrication des cartes électroniques.
• Fabrication des capteurs.
• Le protocole de communication entre le capteur à base hard et le soft.
• Opération d’installation et d’intégration de ces capteurs sur le terrain.

De la transparence et de la visibilité
Le Maroc a été l’un des pays les plus rapides à annoncer des échanges et négociations avec les fabricants de vaccins pour s’en procurer en quantité suffisante. «Les doses que le Maroc recevra prochainement seront assurées dans des proportions suffisantes pour permettre une accélération de la campagne de vaccination», indique Mme Meddah. «Le Maroc avait une longueur d’avance en matière d’approvisionnement en doses de vaccins. Grâce à la Vision de S.M. le Roi et grâce à l’ensemble des intervenants du gouvernement, des autorités, des professionnels des secteurs public et privé, mais aussi l’engagement de tous les Marocains, nous pourrons dire avec fierté que le Maroc a su gérer cette pandémie de manière rationnelle», enchaîne M. Ben Ouda. En plus de pouvoir se procurer les vaccins dans un contexte de rareté, le Maroc a pu assurer l’approvisionnement des différentes régions du Royaume avec efficacité, et accélérer, de ce fait, la cadence de la vaccination et assurer le suivi des personnes vaccinées. Les deux responsables notent par ailleurs que la collaboration entre les parties prenantes a été marquée par la transparence et la communication, ce qui a permis de donner une visibilité à l’ensemble des acteurs qui agissent dans le cadre de ce processus.  

Du suivi et de la vigilance

La campagne de vaccination est accompagnée par un plan de surveillance post-vaccinal assuré par le Centre national de pharmacovigilance. Le ministère a ainsi mis à disposition une plateforme digitale dédiée «Yaqadalikah» pour permettre aux personnes vaccinées de contacter directement les médecins spécialisés en cas de besoin. Il y a également des centres régionaux qui surveillent cette opération, et particulièrement les effets indésirables, au niveau de toutes les régions du Royaume», indique Mme Meddah qui rassure sur l’état général des personnes ayant déjà reçu les vaccins. «À ce jour, nous n’avons constaté que des effets normaux du vaccin comme une douleur locale ou de la fièvre, et pas d’effets graves», dit-elle.

À quand une immunité collective ?

Le Maroc ambitionne d’achever l’opération de vaccination dans les 3 à 5 prochains mois, en vue d’atteindre l’immunité collective et assurer un retour à la vie normale, avait indiqué le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb. «Suivant la cadence avec laquelle se déroule l’opération de vaccination jusqu’à présent et conformément au plan tracé pour son déroulement, l’objectif à atteindre lors des 3 à 5 prochains mois est de vacciner environ 30 millions de citoyens marocains, soit 80% de la population et de parvenir à une immunité collective, réduisant ainsi les effets négatifs induits par la propagation de la pandémie, et assurer un retour à la vie normale», avait-il déclaré. Profitant de cette lancée, le Maroc compte augmenter le rythme au fur et à mesure de l’augmentation des lots de vaccins attendus.

Du partage et de l’anticipation

Tout aussi important que l’approvisionnement en doses de vaccins, leurs conservation et distribution doivent répondre à des critères stricts pour garantir leur éligibilité à être administrés aux populations. «Nous travaillons toujours en anticipation. Nous avons une visibilité sur les arrivages et nous nous assurons que les conditions de réception sont réunies, notamment la disponibilité des camions frigorifiques, des chambres froides, etc. Notre rôle est donc de suivre ces étapes, d’assurer une traçabilité en permanence et remonter la data au ministère de la Santé pour le suivi», 
explique M. Ben Ouda. Et la directrice de la DMP de noter que l’ensemble des partenaires du ministère de la Santé est avisé des calendriers des arrivages des vaccins pour permettre une gestion optimale du circuit de distribution des vaccins. «Dans ce processus, nous devons travailler de façon efficace et rapide pour arriver à distribuer les vaccins à la population dans les meilleurs délais», insiste l’invitée de Rachid Hallaouy.

Traçabilité de la chaîne du froid, un modèle 100% marocain

La startup Nextronic, filiale de ABA Capital, spécialisée dans le design, le prototypage et la pré-industrialisation dans le secteur de l’électronique, de l’internet des objets et de la robotique, avait annoncé, en septembre 2020, avoir développé la première caméra thermique marocaine. Cet outil offre quatre principales fonctionnalités : la détection de la température avec contrôle d’accès associé, l’identification du port ou non de masque avec émission d’un message vocal, la reconnaissance faciale par comparaison avec la base de données interne, et l’identification de présence sur site par association avec la fonction de reconnaissance faciale. Dans le cadre de la campagne de vaccination contre la Covid-19, et grâce au PPP, le groupe marocain ABA Capital met à la disposition du ministère de la Santé et de l’ensemble des parties prenantes deux types d’enregistreurs de température assurant ainsi la traçabilité de la chaîne du froid. «Cette traçabilité de la chaîne du froid démarre depuis l’arrivée du vaccin à l’aéroport, jusqu’aux stations de vaccination en passant par les étapes de stockage, de transport et de distribution», note M. Ben Ouda.

 

 

Dossier réalisé par Souad Badri & Najat Mouhssine

 

 

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