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Une partie importante de la mémoire collective méditerranéenne

Situation stratégique

De par son emplacement au cœur de la Casbah de Tanger, lui attribuant le rôle essentiel d’interface entre l’Afrique et l’Europe, ainsi qu’entre les deux espaces maritimes que sont l’océan Atlantique et la Méditerranée, le Musée la Casbah des cultures méditerranéennes est un bâtiment patrimonial incontournable qui occupe la partie est de la Casbah de Tanger. Il est considéré comme une partie importante de la mémoire collective méditerranéenne et compte également parmi les plus anciennes institutions culturelles témoignant de la richesse et de la diversité du bassin méditerranéen.


Pour la petite histoire...

Le Musée était connu auparavant sous le nom du Palais de la Casbah dit «Dar Al-Makhzen» ou «Palais du Sultan». L’histoire raconte que le site avoisinant le palais aurait été utilisé par les Carthaginois et les Romains, comme en témoigne la légende selon laquelle un temple d’Hercule s’y serait dressé autrefois. Pendant la première période de l’occupation musulmane, les sources historiques parlent d’un gouverneur installé à l’emplacement du Palais de la Casbah de Tanger au XIIe siècle. Cependant, les données archéologiques restent très insuffisantes pour confirmer cela. Plus tard, ce site a connu l’édification successive de la résidence des gouverneurs portugais «Domos Praefecti» entre 1471 et 1661, puis d’un château plus important «Upper Castle» qui servait de résidence aux gouverneurs anglais de 1662 à 1684.
Le palais de la Casbah est l’œuvre d’Ahmed Ben Ali, fils du Caïd Ali Ben Abdellah El Hamani Errifi, qui a chassé l’occupant anglais en 1684. Une inscription de fondation ciselée dans le revêtement mural en zellige de la «Qobbat dar el Boukhari» indique la date de 1151 de l’hégire, soit 1737-1738 après J.-C. Depuis, ce monument constitue le siège du pouvoir et le symbole de l’autorité locale. Le bâtiment a connu plusieurs restructurations sous les règnes des Sultans Moulay Slimane et Moulay Hassan Ier.


Les collections

Le Musée la Casbah des cultures méditerranéennes se distingue par ses riches collections archéologiques et ethnographiques qui mettent en relief la diversité et la singularité de la ville du Détroit. Ainsi, la scénographie de son exposition s’étale sur trois sections selon le cheminement architectural du bâtiment. Un parcours chronologique permet de reconstituer, de reconstruire et de s’approprier l’histoire de la ville et de ses interactions avec le bassin méditerranéen. Et ce en plus du «Riad As Sultan» que le visiteur peut visiter en appréciant son style maroco-andalou. Doté d’une fontaine, il présente une collection lapidaire (chapiteaux en marbre, margelles de puits) et des canons.


 Une exposition en trois sections

La Fondation nationale des musées donne, dans le texte de présentation de l’exposition, un aperçu bien détaillé sur les étapes historiques de Tanger, à travers les rares collections que le Musée possède. Ainsi, la visite s’ouvre sur un focus éclairant les sites archéologiques riches en matériel muséal et se poursuit par un voyage à travers des époques les plus éloignées de la préhistoire, dans un espace intitulé «Des premiers chasseurs aux premiers paysans». Les objets exposés démontrent la densité et l’ancienneté du peuplement, et ce déjà durant le Paléolithique inférieur (Acheuléen), du Paléolithique moyen (Moustérien, Atérien) et de l’Épipaléolithique. La Néolithisation inaugure une époque nouvelle caractérisée par le façonnage de l’argile et le polissage des haches. La pratique d’élevage est bien attestée par la présence de restes d’animaux domestiques, les moules et les galets trahissent un début d’activité agricole.

visite se poursuit en plongeant au cœur des civilisations méditerranéennes préromaines avec un éventail d’objets illustrant l’histoire matérielle de Tanger et de son arrière-pays, à travers des céramiques, des figurines en terre cuite, des bijoux en argent de tradition phénicienne, des amulettes, des colliers en argent, des coquilles d’œufs d’autruche décorées. Puis, le visiteur se retrouve en face de la période de la romanisation de la région. Un bas-relief représentant une scène de banquet couché, ainsi qu’un bloc d’entablement évoquant le thème de la victoire par le sacrifice y sont exposés. Des pièces emblématiques de la diversité iconographique des objets archéologiques romains, symboles de l’appartenance culturelle du Maroc à la grande civilisation méditerranéenne.
Par la suite, l’exposition met en lumière une collection d’objets attestant l’islamisation et les grandes dynasties qui se sont succédé au Maroc. Le visiteur pourra admirer la «Koubba K’bira», une grande coupole ornée de plâtre et de bois de cèdre sculpté et peint. Elle recouvre une salle majestueuse, meublée de zelliges et abritant une riche collection d’enluminures et d’écritoires. Y figurent aussi des vers de poésies qui décorent les murs, ainsi qu’un magnifique manuscrit de Coran du XIIIe siècle doré et enluminé ainsi que le recueil de prières «Dalil Al Khayrat». Un espace est exclusivement dédié au site de Qsar Sghir, tandis qu’un autre aborde l’occupation portugaise et la libération de Tanger par les Alaouites.


Deuxième section

Dans cette section, on découvre les traces matérielles renseignant sur les importantes activités commerciales qui opéraient entre la péninsule tingitane et d’autres civilisations méditerranéennes. Le sol du patio est pavé d’une mosaïque provenant de Volubilis «Navigum Veneris», représentant la déesse Vénus dans une scène marine. Cette exposition est enrichie d’œuvres exceptionnelles, notamment, un vase à décor de poisson, un Ouchebti égyptien ainsi qu’une œnochoé étrusque. Témoignages des rencontres fécondes entre les civilisations méditerranéennes et les populations autochtones, ces objets confirment la richesse du positionnement géographique de la ville de Tanger, au confluent des routes maritimes.


Troisième section

L’exposition se termine par un focus thématique sur la «Religion et les rites funéraires», grâce à plusieurs témoins archéologiques exhumés des nécropoles de la région. Dans cette salle, le visiteur peut contempler une maquette grandeur nature du tombeau punique de Mghogha, ainsi que son mobilier d’accompagnement, une sépulture d’un enfant inhumé dans une jarre, des sarcophages en plomb, des urnes d’incinération découvertes dans la nécropole de Marchan ou encore des fresques peintes de la nécropole Boukhachkhach.


Déclarations

Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain

Selon El Idrissi, qui a passé une dizaine d’années en tant que conservateur du Musée la Casbah, «cette demeure seigneuriale, construite à l’époque de Moulay Ismaïl au 17e siècle à l’image des demeures de la casbah, essaye, dans son statut actuel de Musée, de retracer l’histoire de l’occupation du sol à Tanger, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. Toutes ces traces d’occupation, exposées dans ce Musée, racontent l’histoire de la ville et permettent de montrer que Tanger a toujours été un port important qui a reçu des impulsions des civilisations méditerranéennes. Donc, ce Musée reflète la spécificité de l’ouverture de la ville sur le bassin méditerranéen. Sa restauration est venue pour compléter le travail qui a été fait sur ce Musée, parce qu’à l’origine c’était un espace qui combine à la fois une exposition ethnographique et une exposition archéologique. Or la difficulté de conserver le patrimoine ethnographique dans un espace ouvert, fragile et historique nous a poussés à réfléchir sur une thématique qui permet de mettre en évidence un certain nombre d’objets qui peuvent supporter les chocs thermiques, puis proposer un parcours plutôt chrono-thématique qui raconte l’histoire de la ville.» 

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Brahim Salimi, directeur du Musée la Casbah des cultures méditerranéennes de Tanger

«Dans sa nouvelle stratégie, la Fondation nationale des musées a établi un projet qui visait à restaurer le bâtiment, puis refaire toute la scénographie qui respecte les normes internationales. Sachant que ce bâtiment a été abandonné pendant quelques années, mais grâce à la FNM, il a été restauré et a même changé de nom, en prenant en considération l’importance de Tanger dans toute la Méditerranée et pour que le visiteur puisse découvrir l’aspect méditerranéen de la cité, à travers les objets exposés. L’exposition vise à faire découvrir la richesse, la diversité et la spécialité de la ville de Tanger, du point de vue stratégique. Dans la programmation du Musée figurent également des expositions temporaires, sauf qu’avec la pandémie cela n’a pas été possible. La prochaine sera sur les inscriptions latines au Maroc.» n

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