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Les partis politiques astreints à utiliser le digital pour réussir leurs campagnes électorales

Après la phase des dépôts des candidatures des élections législatives, régionales et communales, qui a démarré hier, l’autre étape sera celle du lancement, à partir du 26 août, de la campagne électorale, qui devra se poursuivre jusqu’au 7 septembre à minuit. Or cette campagne aura lieu dans un contexte particulier, marqué par les contraintes imposées par les restrictions et les mesures de sécurité sanitaires, notamment la distanciation physique, ce qui laisse une place de choix à la campagne électorale digitale.

Les partis politiques astreints à utiliser le digital pour réussir leurs campagnes électorales
Rachid Lazrak, politologue et spécialiste du suivi des opérations électorales.

«La conjoncture actuelle rend les stratégies politiques et communicationnelles des partis politiques très compliquées», affirme Khadija Sansar, experte en communication d’influence et communication politique. «Dans le contexte actuel, on s’adapte à la pandémie et l’organisation des élections dans ces circonstances est un défi. Défi imposé par le choix démocratique et de la régularité des élections qui est l’une des conditions de la démocratie», insiste pour sa part Rachid Lazrak, politologue et spécialiste du suivi des opérations électorales. 
Pour lui, le Maroc est parvenu à réussir la campagne de vaccination et à faire face aux effets de la pandémie. L’organisation des élections, dans les délais, sera un autre succès pour le Maroc. «Les élections peuvent se dérouler dans le respect des mesures et des conditions de sécurité, d’autant plus que nous serons amenés à nous adapter pendant encore plus de temps à cette pandémie. Donc l’organisation des élections dans le respect de ces mesures peut permettre le déroulement de ces scrutins de manière normale», estime-t-il. 
Mais l’organisation de la campagne électorale dans ce contexte ne risque-t-elle pas d’handicaper les formations politiques ? En réponse à cette question, Rachid Lazrak considère que la pandémie impose de s’adapter et de recourir aux nouvelles technologies. «Les partis les considèrent comme des outils de médiation et ils doivent donc innover et être créatifs au niveau de la communication. Ils doivent aussi chercher d’autres canaux de communication, mais qui respectent les mesures de sécurité décrétées par les pouvoirs publics», souligne-t-il. 
Pour sa part, Khadija Sansar considère que l’opération de «séduction» que les chefs de partis ainsi que des membres du top management des formations politiques ont projeté de faire sous forme de rassemblements tombe à l’eau. Cette année, la Covid s’y oppose. «Pour communiquer “politique”, la communication digitale devient impérative et une alternative incontournable pour convaincre les citoyens/la population de leurs nouveaux programmes social, sociétal, économique, culturel...», commente-t-elle. 
Aujourd’hui, à cause de la pandémie, la proximité est bannie, affirme l’experte en communication politique. Elle considère que les partis usent et useront de leurs photos, leurs mots et leurs vidéos sur Facebook, Instagram, YouTube et même sur Twitter et TikTok  comme arme d’argumentation et de persuasion. Rien ne remplace le face à face, car si les jeunes sont connectés, ils sont les moins concernés par les élections. Il faudra les inciter à reprendre confiance dans les partis pour les convaincre à s’impliquer dans cet acte démocratique. Mais le recours de différentes catégories sociales à l’internet est phénoménal depuis la Covid. Les partis se retrouvent, malheureusement ou heureusement pour eux, dans l’obligation de faire de la communication politique mêlée à de la communication d’influence. «Si quelques-uns ont bien su se faire entourer par des personnes compétentes en la matière ou des agences de référence, on constate que la majorité sombre dans le cafouillage total», regrette-t-elle. 

La question qui se pose donc est de savoir si les partis qui se sont investis avant la pandémie dans les réseaux sociaux vont avoir une longueur d’avance sur les autres formations politiques ? La finalité des formations politiques est l’encadrement des citoyens, considère le politologue Rachid Lazrak. Selon lui, les formations politiques doivent être constamment en contact avec les citoyens. Ainsi, les partis politiques qui sont en retard à ce niveau sont en déphasage avec l’évolution de la société. Les partis doivent être créatifs et adapter leur mode de communication au mode de vie des citoyens. Les partis en tant qu’entité ayant pour objectif l’encadrement des citoyens doivent s’adapter à tous les contextes. Pour lui, les formations politiques doivent trouver des mécanismes de communication qui respectent les mesures de sécurité sanitaire. «L’adaptation au contexte actuel est une exigence à laquelle doivent faire face l’ensemble, partis et société», affirme-t-il. 


Khadija Sansar : «Les partis politiques se sont livrés, convaincus ou pas, à l’exercice de la campagne digitale»

Il faut savoir que la présence des partis politiques sur les réseaux sociaux doit être réfléchie et répondre à une ligne éditoriale qui puisse permettre au candidat/parti de pouvoir passer son message et d’en mesurer les résultats le jour J. Une communication digitale réussie va pouvoir faire ce que les rassemblements traditionnels ne pourront pas faire. Il s’agit du ciblage, qui est la mission de toute campagne marketing, voire publicitaire. Et si un parti cherche essentiellement à fidéliser ses sympathisants (habituels) et garder leurs voix, une stratégie de communication digitale ciblée peut lui faire gagner de nouveaux «clients potentiels» qui peuvent changer d’avis à la dernière minute et voter pour lui. 
Avec cette pandémie nous nous sommes retrouvés devant un rétrécissement de l’espace électoral imposé au monde entier. Cette année, la campagne électorale ne prendra pas la forme de rassemblements populaires en ville ou dans les souks en région rurale. C’est pour cela que les partis politiques se sont livrés, convaincus ou pas, à l’exercice de la campagne digitale. Ainsi, tout est transféré sur internet et on fait place à la data et à l’intelligence artificielle pour décortiquer, analyser et cibler les votants potentiels ainsi que les fidèles. 
La proximité et l’interactivité ont toujours été les vrais alliés d’une compagne électorale. Or septembre 2021 va connaître un tournant dans l’histoire de la politique au Maroc. Même si, déjà en 2016, le recours à cette communication digitale avait distingué quelques partis, aujourd’hui tous devront s’y mettre. Par ailleurs, il faut savoir que nos réseaux sociaux, nos pages préférées, nos sujets favoris, nos centres d’intérêt, notre âge, nos opinions et nos hobbies sont connus par la machine, mieux que par le candidat ou le parti. Raison pour laquelle les réseaux sociaux, les médias digitaux, les sites web, les blogs… peuvent, s’ils sont bien faits et bien conçus, constituer une très bonne stratégie d’influence d’un parti. Aussi, le recours à des influenceurs sérieux et des leaders d’opinion peut impacter positivement ces stratégies. 
J’invite surtout les partis à séduire, certes, par une bonne stratégie de communication, mais surtout par des programmes réalisables, des résultats qui pourront être palpables et surtout par une transparence dans leurs rapports aux citoyens, pour un Maroc meilleur que nous sommes tous appelés à construire par le travail et l’abnégation. 

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