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Pénurie des médicaments : les pharmaciens engagent la responsabilité du ministère de la Santé et des citoyens

La flambée des cas Covid enregistrée ces dernières semaines a aggravé la pénurie de certains médicaments qui entrent dans le cadre du protocole de traitement de la Covid-19. L’alerte est donnée par les pharmaciens qui déclinent toute responsabilité face à cette situation. Ils dénoncent une surconsommation de la part des citoyens et l’absence de dialogue avec le ministère de la Santé pour renforcer leur rôle de sensibilisation.

Pénurie des médicaments : les pharmaciens engagent  la responsabilité du ministère de la Santé et des citoyens
Oualid Amri, vice-président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens (FNSP).

Face à la hausse exorbitante des cas Covid, les pharmacies sont prises d’assaut par les citoyens à la recherche de médicaments qui entrent dans le cadre du protocole de traitement anti-Covid. C’est ce que confirme Oualid Amri, vice-président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens (FNSP) et président du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca. Contacté par «Le Matin», M. Amri indique que les ruptures concernent notamment la vitamine C et le zinc, «mais pas seulement», alerte-t-il. «Heureusement qu’il y a des génériques pour l’azithromycine, parce que les molécules princeps sont généralement en rupture», explique le vice-président de la FNSP.
Mais comment expliquer une telle situation, alors que l’on vit au rythme d’une pandémie qui ne fléchit pas depuis des mois ? Selon le responsable, le Maroc a été «pris de court» par cette recrudescence de la pandémie. Il s’agit en l’occurrence de la responsabilité du ministère de la Santé et de toutes les composantes du secteur sanitaire au Maroc. «À un certain moment, la situation épidémiologique s’était calmée, et tout se passait très bien. Mais à cause de décisions politiques, en l’occurrence l’ouverture des frontières pour les touristes et la levée de certaines restrictions, nous sommes arrivés à cette hausse des cas et nous avons les chiffres qu’on a aujourd’hui. Et par la force des choses, il y a une forte affluence vers les pharmacies. Il appelle ainsi le ministère de tutelle, la direction du médicament et les pharmacies à «faire un effort pour que tous les produits soient disponibles au niveau du marché». Il dénonce cependant une absence de communication avec le ministère de tutelle.

«Du côté de notre ministère de tutelle, c’est le black-out. Personne n’est à l’écoute des syndicats ni des douze mille pharmaciens du Maroc. Malheureusement, nous avons aussi des instances régionales qui ne sont pas reconnues par le ministère de tutelle. Et nous, syndicats, on n’est pas impliqués, on n’a jamais été sollicités, on ne nous a pas accompagnés, on ne nous a pas écoutés, mais en bons patriotes, nous servons tous les citoyens et nous sommes là pour notre pays, pour la santé, pour une bonne prise en charge de la santé du citoyen», indique-t-il.
Sur les raisons de ce rush, le président du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca explique que mis à part les personnes qui tombent malades, vont voir le médecin et font le test PCR, beaucoup d’autres, et dès les premiers symptômes de la maladie, vont à la pharmacie pour pouvoir avoir le traitement chez eux. «J’en appelle à la conscience des citoyens, qui n’ont pas forcément besoin de ces traitements, afin de les laisser, dans un premier temps, à ceux qui en ont besoin. Et ce pour ne pas avoir ces ruptures et que ces médicaments ne manquent pas sur le marché. Je demande également à nos industriels de faire un effort supplémentaire pour que ces produits soient disponibles», indique M. Amri. 
Et de rappeler qu’au Maroc, il existe juste trois laboratoires qui fabriquent de la vitamine C, alors que le Zinasca est produit par un seul laboratoire pharmaceutique, qui fabrique le Zinaskin. Cependant, explique M. Amri, «on peut trouver des compléments alimentaires avec des dosages moindres ou parfois les mêmes dosages que de la vitamine C et le zinc, et qu’on trouve en quantité assez intéressante sur le marché marocain, mais dont le prix reste élevé.» 
Les ruptures sont donc bel et bien là, mais les responsabilités sont partagées. De plus, il y a de nombreux citoyens qui n’hésitent pas à faire le tour des pharmacies pour se procurer le maximum de médicament pour les stocker. Des faits que le responsable dénonce et appelle les pharmaciens à jouer leur rôle de sensibilisation pour éviter un tel engouement. «Nous avons un rôle à jouer, et on l’assume au niveau du syndicat des pharmaciens de Casablanca, pour informer et sensibiliser les pharmaciens pour que ces produits-là soient délivrés en priorité pour des gens qui sont atteints de Covid.

Le responsable tient d’ailleurs à rendre hommage au travail des pharmaciens qui sont en première ligne et qui se mobilisent «sans l’aide de personne, mais grâce aux efforts du syndicat», pour répondre aux besoins des citoyens. «Nous avons 12.000 pharmaciens qui sont actifs, même dans les endroits les plus reculés, où il n’existe aucune structure sanitaire et nous avons un rôle à jouer dans la sensibilisation, dans l’accompagnement, le conseil pour pratiquement 2 millions de Marocains qui visitent les officines au quotidien, et on le fait, on le fait depuis le début de la crise, malgré les risques», conclut-il. 

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