C’est la question qui taraude les industries automobile et de l’électronique grand public. Quand la pénurie de semi-conducteurs qui frappe l’économie mondiale et qui provoque des tensions sur la chaîne d’approvisionnement s’achèvera-t-elle ? Jusqu’à présent, il y avait un certain consensus tablant sur un retour à la normale dans la deuxième moitié de l’année prochaine. Mais cette perspective semble aujourd’hui s’éloigner.
Deux géants de l’automobile ont, en effet, douché ces espoirs. Le PDG de Daimler a affirmé à la presse internationale qu’il faudra attendre 2023 pour résoudre cette crise. De son côté, Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, a déclaré la semaine dernière à l’AFP que «la crise des semi-conducteurs, d’après tout ce que je vois, et je ne suis pas sûr de pouvoir tout voir, va facilement se prolonger en 2022, parce que je ne vois pas assez de signes indiquant que la production supplémentaire en provenance des sources d’approvisionnement en Asie atteindra l’Occident dans un avenir proche».
Du coup, ce sont plusieurs millions de véhicules qui ne pourront pas être produits, faute de composants électroniques, malgré des carnets de commandes pleins. Toyota vient même de réduire de 40% sa production mondiale, et Stellantis et Renault doivent recourir au chômage partiel en France, en Allemagne ou en Espagne.
Qu’en est-il pour le Maroc ? «Nos anticipations pour 2022 sont que la disponibilité des semi-conducteurs va continuer à se dégrader. La reprise économique en Europe et aux États-Unis va continuer à pousser les ventes d’automobiles, tandis que la production de micro-processeurs pour cette industrie ne pourra suivre cette croissance. Si des méga-projets d’investissements dans des usines de micro processeurs ont déjà été annoncés
(100 milliards de dollars pour TSMC, par exemple), cela ne produira des effets que dans quelques
années ; il faut entre 3 et 5 ans pour construire une usine de fabrication de semi-conducteurs», explique au «Matin», une marque américaine de Véhicules tout-terrains (SSV).
Selon l’association américaine des fabricants de semi-conducteurs, citée par l’agence de presse française, l’augmentation des capacités des semi-conducteurs prend du temps, car ils sont incroyablement complexes à produire. «La fabrication d’une puce finie pour un client peut prendre jusqu’à 26 semaines. Typiquement, le temps de cycle de fabrication d’une tranche de semi-conducteurs prend en moyenne 12 semaines, mais peut prendre jusqu’à 14 à 20 semaines pour les procédés les plus avancés. Ensuite, la mise en boîtier de la puce (test et assemblage) peut prendre 6 semaines supplémentaires», détaille-t-elle.