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Les pistes pour un enseignement supérieur à la hauteur des enjeux futurs

L’enseignement supérieur, la formation professionnelle et la recherche scientifique ont bénéficié d’une place de choix dans le Nouveau Modèle de développement, et ce, de par leur rôle clé dans le développement d’un capital humain apte à relever les défis de développement de notre pays. Dans le cadre de sa vision du Maroc de demain, la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement a émis une série de recommandations pour construire un système d’enseignement universitaire, de formation professionnelle et de recherche axé sur la performance et porté par une gouvernance autonome et responsabilisante.

Les pistes pour un enseignement supérieur à la hauteur  des enjeux futurs

Dans le Nouveau Modèle de développement (NMD), le renforcement du capital humain, qui passe forcément par une éducation-formation de qualité, est érigé comme la clé de voûte sans laquelle le Maroc ne pourra pas réaliser ses objectifs de développement.
Le sujet de l’éducation a d’ailleurs constitué l’une des plus grandes préoccupations exprimées au cours du processus de consultations mené de la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement (CSMD). Dans son rapport rendu en avril 2021, l’instance a en effet indiqué que l’éducation figurait en tête des quatre domaines clés qui cristallisent les attentes citoyennes, à côté de la santé, le transport et les opportunités d’ouverture et d’épanouissement.
Le diagnostic établi par la CSMD ne fait que confirmer un constat déjà dressé depuis plusieurs années et formulé dans différents rapports, à savoir la nécessité de réhabiliter en profondeur l’école publique pour pouvoir, in fine, favoriser l’émergence d’un capital humain qualifié à même d’accompagner la croissance durable du Maroc.
C’est dans ce sens que le NMD a identifié l’établissement d’un capital humain renforcé et mieux préparé pour l’avenir comme l’un des axes stratégiques de transformation visant à atteindre les objectifs tracés et relever les défis à venir.
«Le renforcement du capital humain, levier de l’égalité des chances, vecteur d’une société de droit où les citoyens sont autonomes et aptes à prendre en main leur devenir, et levier principal de la compétitivité du pays à l’avenir, sera déterminant pour la réussite du NMD», lit-on dans le rapport de la CSMD. Pour activer ce levier, la commission recommande d’opérer des inflexions et ruptures majeures au niveau des politiques publiques dans le domaine de l’éducation, mais aussi celui de l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et la recherche scientifique.
«La qualité de l’enseignement supérieur et professionnel et la valorisation de la recherche scientifique font partie des prérequis nécessaires pour accélérer la trajectoire de développement du Maroc et pour l’ériger au rang des nations durablement compétitives», souligne la CSMD.

Des universités autonomes et en concurrence
Dans sa vision de l’avenir de l’université marocaine, une université capable de former des générations à la hauteur des ambitions de développement que nourrit le Maroc, la commission préconise de doter les établissements d’enseignement supérieur d’autonomie et de réviser leur mode de gouvernance. «Cette nouvelle gouvernance s’appuiera sur un système de pilotage transparent, crédible et axé sur la performance», précise l’instance. Concrètement, il s’agira de mettre en place des contrats pluriannuels entre ces établissements et l’État, fixant les objectifs à atteindre, lesquels sont liés à la production de publications et brevets, à l’attractivité et l’employabilité des étudiants ainsi qu’à l’impact sur l’économie régionale et nationale.
Par ailleurs, le conseil d’administration devra évoluer de la structure pléthorique actuelle vers une structure simple et efficace. «Le principal critère de sélection des présidents d’université, et de recrutement et promotion des professeurs, doit être leur capacité à développer de la recherche d’excellence et de la formation de haut niveau», recommande la commission.
S’agissant de l’offre de formation, l’instance appelle à l’implication du secteur privé dans la création et la conception de formations qui soient en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi.
La commission plaide en outre pour une mise en concurrence des universités, et ce en donnant aux étudiants la liberté de choisir leur établissement indépendamment de leur lieu de résidence. Cette compétition poussera les établissements à travailler sur leur attractivité pour pouvoir «recruter» les étudiants. D’ailleurs, la CSMD a insisté sur l’importance de consacrer la centralité de l’étudiant.
La mise en place d’un enseignement payant est également évoquée dans le cadre du financement des établissements d’enseignement supérieur publics. «Ce financement proviendrait du Budget de l’État, mais aussi en partie, pour ceux qui en ont les capacités, des frais de scolarité assortis d’un mécanisme de bourses sociales et de mérite, et accompagné du développement d’une offre de prêts étudiants garantis par l’État», est-il noté.
Le numérique n’est pas en reste dans la vision de la commission pour le monde éducatif de demain. «L’usage du numérique transformera profondément le business model de l’enseignement supérieur, permettant de dispenser des formations diplômantes à distance, à un nombre élevé d’étudiants et au moindre coût», a-elle affirmé, préconisant d’intégrer la maîtrise des fondements du numérique à toutes les filières de formation, et ce dès le premier cycle de l’enseignement supérieur, mais aussi d’assurer l’accès aux équipements et connexions numériques pour tous les étudiants.

Formation professionnelle : vers un rôle plus affirmé dans la préparation des compétences
La formation professionnelle permet l’acquisition de compétences adaptées aux exigences du marché de l’emploi. D’où le rôle majeur que joue dans ce sens l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), en tant qu’opérateur essentiel de la qualification des jeunes au Maroc, à côté des acteurs de l’enseignement supérieur public et privé.
À ce titre, la cCommission appelle à mobiliser toutes les synergies entre les établissements universitaires et ceux de l’OFPPT, notamment par la mise en place de passerelles fluides entre les deux systèmes et la promotion de formations. 
La CSMD propose aussi que l’offre de formation professionnelle de l’OFPPT et des établissements privés par filière fasse l’objet d’un «pilotage qualitatif et quantitatif permanent et rigoureux, permettant son ajustement continu aux besoins». Elle précise que ce pilotage implique une restructuration de l’OFPPT afin de séparer son rôle de chargé de la stratégie et du pilotage du secteur de celui d’opérateur de 70% de l’offre.
L’instance n’a pas manqué de se pencher sur le cas des cités de métiers et des compétences (CMC). «Outre l’implication forte du secteur privé dans la gouvernance des CMC et dans la définition des besoins en compétences au niveau régional et la conception des formations, il est fortement recommandé d’investir prioritairement dans le recrutement et la formation des formateurs et dans l’ingénierie de formation et notamment pour les soft skills», a-t-elle souligné à ce sujet.

Un mécanisme d’évaluation rigoureux pour une recherche scientifique d’excellence
La CSMD plaide pour la mise en place d’un mécanisme d’évaluation scientifique rigoureux pour instaurer un système de recherche scientifique structuré, rappelant à cette occasion que le développement du Maroc ne pourra être significatif que s’il est porté par une recherche d’excellence au sein des universités. 
Ce mécanisme d’évaluation doit reposer sur un conseil scientifique indépendant qui devra être au cœur du système de financement de la recherche, précise la commission.
Concernant le rapprochement entre recherche scientifique et entreprises, la commission soutient la mise en place d’un dispositif incitatif par l’impôt recherche, permettant de faire des universités l’instrument principal d’innovation à disposition des entreprises. 
Dans ce sillage, un renforcement des effectifs des doctorants s’impose, notamment dans un contexte de départs massifs à la retraite dans le corps professoral. «La nouvelle génération de doctorants doit porter en son sein les meilleurs étudiants de la nation qui, en plus de leur discipline scientifique, doivent être formés aux métiers et outils de la pédagogie et de l’enseignement ainsi qu’aux langues étrangères, en particulier l’anglais», conclut la commission. 

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