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Fruit d’un partenariat entre la wilaya de la région de Marrakech-Safi, la mairie de Marrakech, Bank Al-Maghrib et la Fondation nationale des musées (FNM), ce projet est aussi soutenu par l’Isesco, Moulay Hafid Elalamy et la Fondation Noufissa Pharma 5. Selon le président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi, ce Musée jouera un rôle de sensibilisation auprès du public, afin de le rapprocher de la culture immatérielle portée par les artistes de la Place, transformer ce capital culturel en capital économique et touristique, puis le sauvegarder et le valoriser, tout en assurant la renaissance de ces pratiques locales.
Ce Musée, qui sera équipé, géré et animé par la Fondation nationale des musées, tout en œuvrant à l’enrichissement et à la valorisation du patrimoine immatériel, permettra de sauvegarder la mémoire vivante de la Place Jamaâ El Fna. L’espace du Musée sera divisé en deux parties, dont la première sera réservée pour une exposition permanente, où seront exposées les œuvres de Jacques Majorelle retraçant la richesse du patrimoine immatériel de la ville de Marrakech, la restitution des personnages qui animent la place Jemaâ El Fna avec les costumes et les éléments d’apparats : le porteur d’eau, le conteur, les acrobates… La deuxième partie du musée temporaire sera réservée à l’exposition des photos anciennes de la Place qui retracent l’histoire et l’évolution de cet espace de vie et de partage. Elle pourra, aussi, accueillir des expositions d’artistes issus de la ville ou inspirés par la diversité culturelle de la cité.
Consolider l’attractivité de la cité ocre
Selon la FNM, créer un Musée au sein de cette Place, proclamée Patrimoine oral et immatériel de l’Unesco en 2001, donnera, sans aucun doute, un nouveau souffle à la ville de Marrakech et renforcera son rayonnement à l’échelle internationale. Sa réalisation permettra, également, de consolider l’attractivité de la cité ocre et contribuera à attirer un plus grand nombre de visiteurs pour découvrir les atouts dont regorge cette cité emblématique sur les plans artistique et culturel. La FNM ajoute que «ce Musée sera un lieu de rencontre à l’image de la Place mythique qu’il domine et offrira une expérience muséale accueillante et attractive non seulement à travers des expositions permanentes et temporaires, mais également à travers des ateliers destinés aux différents publics du musée, et une programmation culturelle riche et diversifiée».
Dans ce cadre, le musée exposera un fonds constitué de descriptions écrites, de documents visuels, sonores et picturaux ainsi que des œuvres artistiques en lien avec la Place et d’une grande valeur artistique et historique. Leur but est de retracer et reconstituer l’histoire de Jamaâ El Fna et d’apprécier ses différentes composantes à leur juste valeur. Et d’ajouter que les visiteurs du musée auront droit à une expérience immersive, qui met à leur disposition les derniers supports multimédias et une approche basée sur la médiation culturelle afin de s’aligner avec les objectifs de toute institution muséale, à savoir l’étude, l’éducation, et la
délectation.
Le Musée jouera également le rôle de gardien de la mémoire et du patrimoine national matériel et immatériel, il sera en perpétuels échanges et dynamiques avec la Place qui s’invitera dans ses galeries. Il assouvira, ainsi, la soif de ses visiteurs pour la culture et l’art, dont l’accès s’est désormais démocratisé grâce à la Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
À noter que les travaux d’aménagement s’effectuent dans le respect le plus absolu du cachet authentique de ce bâtiment historique de style art déco, qui date de l’époque coloniale.
Abdelaziz El Idrissi : «La Fondation a mobilisé tous ses moyens et ses compétences pour réaliser ce projet»
«La ville de Marrakech a toujours voulu avoir un Musée qui ait un lien avec la Place Jamaâ El Fna et qui puisse entrer en dialogue avec cet espace. Donc créer un Musée lié à cette place déjà classée Patrimoine oral de l’Unesco, puis préserver ce patrimoine menacé de disparaître et le revaloriser est une chose très intéressante. C’est pour cela que la Fondation a mobilisé tous ses moyens et ses compétences pour réaliser ce projet qui retracera l’histoire de cette Place avec des documents iconographiques, sonores, patrimoniaux… et ce sans reproduire la Place ni la substituer, mais avec une véritable complémentarité entre les deux.»
Questions à Hamid Triki, historien et commissaire de l’exposition
«Ce Musée doit être fidèle à l’esprit de Jamaâ El Fna»
Ce Musée sera consacré au patrimoine immatériel de Jamaâ El Fna. Donnez-nous quelques grandes lignes sur sa conception ?
Ce Musée doit d’abord être fidèle à l’esprit de Jamaâ El Fna. Cela veut dire aux hommes qui sont les Hlayqiya et à la culture immatérielle qu’ils véhiculent. Sachant que cette culture se trouve être dangereusement menacée. Et on espère avec ce Musée pouvoir la sauvegarder et ne jamais perdre de vue qu’il est en face de la Place et peut donc récupérer ce qui s’y passe ou permettre, de manière essentielle, une lecture de la culture populaire marocaine, qu’il s’agisse du conte ou des sports traditionnels.
Quelles seront les bases de la scénographie de l’exposition ?
Dans ce Musée, nous allons traiter de l’histoire de la Place. À travers cette histoire seront abordés les personnages qui occupent la Place. Tout cela en mettant l’accent, autant que possible, sur le visuel pour donner à voir au visiteur tout ce qui doit être mémorisé par l’image. Nous avons pour faire cela beaucoup de photos, des plans anciens. C’est tout un parcours dont l’objectif principal est de sauvegarder la culture immatérielle populaire dans toutes ses facettes.
Pourquoi Hamid Triki ? Les explications de Abdelaziz El Idrissi
«Pourquoi avoir choisi Hamid Triki ? C’est parce qu’il avait déjà travaillé sur Jamaâ El Fna depuis une quarantaine d’années. Il a aussi participé au classement de la Place en tant que Patrimoine de l’humanité de l’Unesco. C’est un vrai spécialiste de la culture immatérielle. Nous sommes contents d’avoir Hamid Triki avec nous pour nous accompagner dans ce projet. Donc ce Musée va donner de l’écho à Jamaâ El Fna, l’accompagner pour mieux expliquer ce que vaut cette Place qui a préservé un patrimoine menacé de disparaître. Si on arrive à mettre tout cela en symbiose dans un petit espace comme ce Musée, ce sera magnifique, un plus pour la ville de Marrakech et pour le Maroc, afin d’assurer la transmission de ce savoir.»
