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La liste des maux du rugby national est longue comme un bras. Suspendu de toutes les compétitions internationales et continentales et accablé par un rapport d’audit commandé par le ministère de la Jeunesse et des sports, le rugby national ressemble à un pestiféré. Sur la base des exercices 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015 et 2015-2016, les auditeurs ont fait une radioscopie complète de la Fédération. Ce rapport fait ressortir de nombreux dysfonctionnements, allant de la faiblesse du système de contrôle interne à la véracité des dépenses et l’exhaustivité des recettes.
Faiblesses du système de contrôle interne
Les auditeurs du groupement cabinet ACO consulting-GE consulting jugent que les pièces des dépenses ne sont pas toujours probantes ou manquent de justification de l’objet de l’engagement de la dépense. Ces pièces ne sont pas appuyées des fonds de dossiers validant l’engagement initial et la réception. Les conclusions du rapport assurent également que certains paiements de fournisseurs se font en espèces ou par des chèques non barrés. Les montants de certains chèques tirés «au porteur» sont importants. Par ailleurs, la formalisation du suivi des dépenses effectuées en espèces n’est pas rigoureuse. Le rapport soulève que les manifestations sportives ne donnent pas lieu systématiquement à l’établissement de cahiers des charges, de rapports techniques et financiers validés par le comité directeur et détaillant les réalisations, les recettes réalisées et les dépenses engagées. Ceci, indique le rapport, ne permet pas de contrôler les réalisations, les recettes et les dépenses y afférentes.
L’audit a aussi révélé que les dons en nature (équipements sportifs) reçus des Fédérations étrangères ne font pas l’objet de déclaration aux autorités de tutelle. Ils ne figurent pas non plus dans les rapports financiers. Les excédents de budget sur certaines rubriques sont réaffectés sans autorisation préalable et ne sont pas toujours tracés. D’autres pratiques qui peuvent être considérées comme irrégulières du points de vue comptable et financier ont été également révélées, comme la non-maîtrise de l’exhaustivité des recettes propres de la Fédération. De même, la rétrocession des contributions du ministère de la Jeunesse et des sports au profit des associations n’obéit pas à une procédure formalisée précisant les critères d’évaluation et de sélection. Et pour finir, l’audit assure qu’il est difficile de cerner les engagements de la Fédération au moment de l’établissement de ses rapports financiers et constate l’absence d’une comptabilité conforme au plan comptable des associations en vigueur au Maroc. Par ailleurs, les états financiers prévus par le Code général de normalisation comptable ne sont pas toujours établis.
Les états financiers révéleraient des irrégularités
Autres failles soulignées par le rapport, celles relatives aux états financiers. En effet, les auditeurs ont pointés un certain nombres d’anomalies, à savoir :
• L’exercice comptable n’est pas aligné avec l’exercice social de la Fédération.
• Les rapports financiers ne reflètent pas la situation réelle de la Fédération.
• La Fédération n’a pas élaboré son rapport financier au titre de la saison de 2014-2015 suite à la démission du tiers de son bureau.
• Des écarts non justifiés au niveau des recettes de 200.703,18 DH au titre de la saison 2012-2013 et de 17.630 DH au titre de la saison 2013-2014.
• Des écarts non justifiés au niveau des dépenses de 171.645,66 DH au titre de la saison 2012-2013, de 198.791,56 DH au titre de la saison 2013-2014 et de 627.223,23 DH au titre de la saison 2015-2016.
Vu l’ensemble d’anomalies soulevées par les auditeurs et compte tenu de la suspension de la Fédération Royale marocaine de rugby de l’ensembles des compétitions internationales, continentales et arabes et vu la grogne croissante de plusieurs clubs, le ministère de la Jeunesse et des sports a mis en place une commission provisoire à la tête de cette Fédération. Celle-ci devra préparer la tenue d’une assemblée générale élective pour élire un président et un comité directeur. En attendant, le rugby national est placé sous respiration artificielle.
